Formation
FAUNE SAUVAGE
Auteur(s) : Pierre-Yves Moalic*, David Schikorski**, Denis Robert***
Fonctions :
*Laboratoire Genindexe, La Rochelle
**Laboratoire Genindexe, La Rochelle
***ONCFS BMI Cites-Capture, Chambord
Le tigre, protégé par la convention de Washington, ne peut faire l’objet de commerce, sauf en cas de dérogation (certificat intracommunautaire, CIC). Pour l’obtenir, son détenteur doit prouver qu’il vient d’un élevage légalement reproducteur depuis au moins deux générations. La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a été sollicitée par un détenteur de tigre qui souhaitait obtenir un CIC a posteriori pour un animal en sa possession. Il lui a été proposé de recourir à des analyses génétiques afin de prouver la filiation de ce félin, donc son origine légale, une opération conduite par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et le laboratoire Genindexe.
Dans le cadre de la réalisation d’une empreinte sur un animal sauvage, deux stratégies s’offrent au laboratoire pour choisir les marqueurs microsatellites (voir encadré) : soit il existe des marqueurs publiés et spécifiques de l’espèce animale, soit il est possible d’utiliser des marqueurs sélectionnés pour un genre ou une espèce proche. Dans le cas du tigre, les marqueurs du chat domestique, déjà validés par des analyses antérieures et couramment employés par le laboratoire pour la réalisation d’identifications génétiques et de filiation, ont été utilisés.
Chaque ADN, extrait à partir des cellules épithéliales du bulbe pileux, est ajouté dans un mélange réactionnel qui contient les amorces nécessaires à l’amplification des zones du génome correspondant aux marqueurs microsatellites recherchés. À l’issue de ce processus, les produits amplifiés, appelés également séquences alléliques, sont analysés par une électrophorèse capillaire afin d’en évaluer la taille (en nombre de bases), laquelle peut différer selon les individus.
L’identité génétique du tigre repose sur la succession d’une dizaine de couples “marqueur/ taille allélique”. Pour chacun d’eux, un individu possède deux allèles de taille identique (par exemple 148/148) ou différente (148/150, c’est-à-dire un allèle de 148 bases et un second de 150). Une portion des profils d’identité génétique du tigre faisant l’objet de l’étude et de ses parents est réalisée (voir tableau).
Le principe de la filiation repose sur la transmission, pour chaque gène, d’un allèle paternel et d’un allèle maternel, qui entrent dans la constitution du patrimoine génétique de l’embryon. Il s’agit donc, à partir des couples “marqueur/taille allélique” issus du profil génétique du petit, de rechercher les allèles hérités de chacun des parents présumés.
Ainsi, pour le marqueur FCA453, et si le tigre n° 3 est considéré comme le descendant, l’allèle 196 a pu être hérité par sa mère (tigre n° 1) et l’allèle 200 par son père (tigre n° 2). Si les allèles obtenus pour ce même marqueur pour le tigre n° 3 étaient 200/200, seul le tigre n° 2 serait compatible. L’analyse permet ainsi de montrer, pour chacun des marqueurs microsatellites, la présence d’allèles d’origine maternelle et paternelle chez le fils présumé. La filiation est donc confirmée entre les trois individus.
L’analyse génétique est un outil d’expertise de plus en plus usité. La recherche fondamentale sur la structure de l’ADN des espèces animales constitue cependant un prérequis indispensable afin de disposer de séquences d’intérêt. À partir du moment où le laboratoire dispose des outils, la méthode peut être déclinée chez toutes les espèces d’oiseaux, de mammifères et de reptiles. Si la méthodologie utilisée et l’expertise du laboratoire constituent des facteurs indéniables du succès de l’identification génétique, il convient tout de même d’insister sur le rôle prépondérant de l’échantillon. En effet, sa qualité et, dans un autre contexte, sa représentativité, contribuent grandement à faciliter l’étape analytique et l’interprétation du résultat.
Outre la recherche de filiation, une empreinte génétique peut servir de passeport d’authentification et de base à des analyses ultérieures (études de structures de population, établissement de généalogies, de pedigrees, etc.).
L’identification (ou empreinte) génétique est le résultat d’une analyse qui permet l’identification d’un individu à partir de son ADN. Ces segments d’ADN identifiant sont situés dans des régions non codantes et constitués de petites séquences de motifs répétés, avec deux à dix bases nucléotidiques. Ces zones de répétitions, appelées marqueurs ou séquences microsatellites, peuvent être de tailles différentes selon les individus (polymorphisme allélique).
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