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A la recherche du chat perdu

Par Marie Gasnier

| 05.05.2023 à 17:30:00 |
© stock_colors/iStockphoto

Dans sa chronique du mois de mai, notre consœur Marie Gasnier (A 18) nous fait partager ses expériences de jeune praticienne. Aujourd'hui, elle nous invite à la rejoindre dans ses souvenirs pour nous faire sourire.

Parfois certaines histoires sont tristes à se remémorer, d’autres nous rendent nostalgiques et puis des histoires comme celle-ci nous font sourire et même rire, enfin je crois. C’est un exercice difficile que de retranscrire un événement sur du papier, on gomme des visages, des expressions et l’on écrit des mots à la place. C’est bien là tout l’art des écrivains, le don qu’ils ont de nous raconter un récit et de nous donner l’impression de l’avoir vécu comme eux l’ont vécu ou imaginé. C’est donc à mon tour de vous conter l’aventure, ou plutôt la mésaventure de Monsieur X.

Monsieur X. est l’heureux propriétaire du chat Coco, un grand et beau chat de gouttière avec une robe blanche mouchetée de roux, des yeux vert d’eau et des pupilles d’un noir ébène. Son port altier et sa silhouette galbée le démarquent de ses compagnons de voisinage en surpoids, gavés de pâtés bas de gamme et de friandises fourrées. Monsieur X. adore son chat qui le lui rend bien. D’un naturel affectueux, Coco n’est pas avare de caresses et il suffit que le regard de son maître se pose sur lui pour qu’il se mette à ronronner.

Voilà pourquoi un beau matin, Monsieur X. arrive en consultation paniqué par le comportement de son chat devenu subitement étrange et agressif à son égard. Il m’explique que durant deux jours a Coco disparu. Par chance, il l’a retrouvé caché dans un fourré du parc public jouxtant sa maison. Mais depuis lors, le tempérament docile de Coco s’est envolé. Il terrorise son maître, tente de le griffer et feule sur un ton comminatoire dès qu’il tente de s’approcher un peu trop près. Monsieur X. s’est même fait mordre le petit doigt en le mettant dans sa cage de transport pour me l’emmener. Cependant, Coco ne montre aucun signe de défaillance physique, bien au contraire, il dévore ses croquettes avec appétit et savoure ses longues siestes au soleil étendu de tout son long sur le canapé.

Je m’approche alors de la cage afin d’examiner Coco. Coco que je connais bien s’est transformé en un véritable tigre qui lance ses pattes toutes griffes dehors à travers les barreaux. Le toucher est impossible, c’est un démon que renferme cette caisse de transport. Sidérée par cette attitude nouvelle chez Coco, un doute s’installe alors en moi. Monsieur X. est-il certain qu’il s’agit bien de Coco et non d’un double maléfique ? Le propriétaire surpris, n’avait pas songé à cette hypothèse qui semble à première vue, improbable. Nous voilà donc examinant minutieusement chaque trait, chaque différence physique qui pourraient nous mettre sur la piste. Mais chaque moustache et chaque tâche de couleur sont à leur place. Nous concluons donc que Coco a des sautes d’humeur tout en gardant à l’esprit que nous devrons sûrement le sédater pour l’examiner si son agressivité persiste.

Le surlendemain, je reçois un appel téléphonique du propriétaire. Ce dernier confus mais à la fois très amusé, me félicite pour ma perspicacité : Coco, le véritable Coco est rentré. Il a franchi la porte de sa chatière et s’est retrouvé nez à nez avec son imposteur. Son crédule de maître qui l’avait confondu avec un vulgaire chat de gouttière ! Heureuse du dénouement j’éclate de rires mais une question s’impose : connaissez-vous aussi bien que vous le pensez votre animal ?

Par Marie Gasnier

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