Malgré la découverte d’un nouveau foyer début février 2023 presque 7 mois après le dernier recensé, les experts de l’Anses estiment que l’objectif d’éradication du petit coléoptère des ruches reste souhaitable et atteignable.
Presque 7 mois après la dernière détection de foyer d’Aethina tumida ou petit coléoptères des ruches à La Réunion, un nouveau foyer a été détecté le 3 février 2023 dans un rucher situé dans la zone de protection de Saint-Philippe, au cours d’une visite de contrôle (4 mois après une première visite). Le niveau d’infestation était limité puisque ce sont deux coléoptères adultes qui ont été détectés sur deux colonies, sans présence d’œufs ou larves. Cette découverte a motivé la saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dont l’avis a été rendu mi-mars.
Pour rappel, le premier foyer d’Aethina tumida avait été détecté pour la première fois dans le sud de l’île de la Réunion début juillet 2022. Après cette première découverte, 12 foyers avaient été recensés entre le 5 et le 21 juillet 2022 sur les communes de Saint-Pierre (1 foyer), de Saint-Philippe (10) et de Saint-Joseph (1). Ces détections avaient amené à la mise en œuvre de mesures classiques de gestion, l’objectif visé étant l’éradication.
Viser l’éradicationPour les experts, l’objectif d’éradication reste « atteignable sur le plan sanitaire et d’intérêt collectif », et les recommandations émises à la suite de la première découverte restent valables (avec quelques actualisations) :
- surveillance programmée sur toute l’île, avec un renforcement des contrôles en dehors de la nouvelle zone réglementée autour de Saint-Philippe, et une priorité de surveillance pour les zones de miellée de baies roses ;
- mise en place d’un maillage de colonies sentinelles autour des ruchers foyers dont ceux qui étaient dans les zones de Saint-Joseph et Saint-Pierre, et autour de la miellerie collective ;
- mise en place de ruchers sentinelles dans une zone dite tampon 10km autour de la nouvelle zone réglementée ;
- recensement des ruchers non déclarés ;
- destruction du foyer lors de sa découverte : toutes les colonies sont concernées. A noter que le nouveau foyer de Saint-Philippe n’avait toujours pas été assaini au 14 mars 2023 soit plus d’un mois après sa détection ;
- surveillance des colonies sauvages, notamment autour du foyer. Autour du dernier foyer de Saint-Philippe, 30 colonies sauvages et essaims collectés par les apiculteurs, n’ont pas montré de signes d’infestation le 6 février 2023 (3 à 4 mois après leur mise en place).
Le suivi des colonies sauvages et le réseau de ruchers sentinelles font partie des recommandations essentielles, qui n’ont pas encore été mises en œuvre sur le terrain.
Jouer collectifToutes ces recommandations s’inscrivent dans un contexte favorable puisque d’après les experts, toutes les mesures mises en place suite aux premiers foyers « ont permis d’éviter à ce jour la propagation d’A. tumida ».
Au-delà de ces recommandations, les experts soulignent aussi l’importance des moyens alloués pour leur mise en œuvre sur le terrain (moyens humains et financiers), mais aussi de l’adhésion des apiculteurs. Ce dernier point est central en témoigne la lettre de saisine de la Direction générale de l’alimentation pour l’Anses qui indiquait que le contexte local était tendu et que cela avait motivé un allègement des mesures de gestion au 1er mars 2023. De plus, « plusieurs organisations apicoles nationale et réunionnaises se sont exprimées en faveur d’un arrêt de la stratégie d’éradication pour passer à une stratégie de « vivre avec », en s’appuyant notamment sur une note qui semble remettre en cause la pertinence de la stratégie poursuivie à La Réunion. » Pour les experts de l’Anses, cette demande de « vivre avec » n’est pas pertinente. Dans ce contexte, GDS France, en association avec la FNOSAD, ont appuyé l’avis des experts dans un communiqué, tout en appelant en parallèle à un soutien des pouvoirs publics : « L’objectif d’éradication est tributaire des moyens alloués pour la poursuite de la surveillance sur l’île et de l’adhésion des apiculteurs à cette démarche. GDS France et la FNOSAD appellent les organisations apicoles à faire bloc autour du GDS de La Réunion pour lui permettre de gérer au mieux cette crise afin de protéger la filière apicole dans son ensemble. Les deux organisations, conscientes du drame que représente pour les apiculteurs concernés l’application du PISU, appellent les autorités compétentes pour qu’un soutien financier relatif aux pertes indirectes leur soit apporté). »