Alors que l'Union Européenne (UE) s'est fixée pour objectif d'atteindre 25 % des terres agricoles exploitées en mode biologique (AB) d'ici 2030, une équipe de chercheurs de l'INRAE (Institut National de la recherche agronomique et de l'environnement) a mené des travaux afin de quantifier les flux d'azote nécessaires dans l'AB française et par conséquent de comprendre les contraintes et les opportunités liées à l'expansion de l'AB.
15 % des besoins nutritionnels en azote des animaux en AB sont satisfaits par des importations de l'extérieur de la France. Tel est l'un des constats d'une étude menée par une équipe de chercheurs de l'INRAE et dont les résultats ont été présentés le 11 septembre 2024. En effet, alors que l'AB est considérée comme un modèle d'agriculture durable le plus promu dans l'UE, son expansion est entravée par la disponibilité limitée en ressources fertilisantes, en particulier en azote. Or, comme l'ont indiqué les chercheurs, les deux principales sources d'azote pour l'AB sont les légumineuses et le fumier provenant à la fois des élevages conventionnels et biologiques. Cependant dans le futur ces apports risquent d'être limités par des réglementations européennes plus strictes, ce qui pourrait avoir un impact sur l'AB. C'est pourquoi, dans cette étude les chercheurs ont modélisé les flux d'azote en AB. Ils ont pris en compte l'origine des fertilisants d’origine animale, ainsi que les besoins nutritionnels en azote des animaux en AB.
Des solutions à trouverLa modélisation a permis de montrer qu'outre le fait qu'environ 20 % du fumier utilisé pour fertiliser les cultures biologiques provient de l'agriculture conventionnelle, 15 % des besoins nutritionnels en azote des animaux en AB sont satisfaits par des importations de l'extérieur de la France. L'AB française dépend donc encore de sources d'azote provenant de l'agriculture conventionnelle et des importations. Pour atteindre l'objectif fixé par l’UE de 25 % de terres agricoles en mode biologique, il sera donc crucial de trouver des solutions pour accroître la disponibilité de l'azote en AB. Les chercheurs suggèrent pour cela d'encourager l'utilisation de cultures de légumineuses qui fixent l'azote de l'air, réduisant ainsi la dépendance aux sources externes d'azote, mais aussi de maintenir suffisamment d’élevage AB pour préserver l'approvisionnement en ressources azotées, d'améliorer les pratiques de recyclage des nutriments au sein des systèmes agricoles pour minimiser les pertes d'azote et maximiser son utilisation ou de mettre en place des politiques de soutien pour les agriculteurs biologiques, incluant des incitations à adopter des pratiques de gestion des nutriments plus durables.