Arrêt de la castration des porcelets : l’Ipema livre ses conclusions - Le Point Vétérinaire.fr

Arrêt de la castration des porcelets : l’Ipema livre ses conclusions

Tanit Halfon | 29.09.2020 à 09:31:45 |
porcelets
© iStock-mamarama

Le groupe scientifique propose des pistes de solutions pour élever des mâles entiers, ou pour mettre en place l’immunocastration.

L’arrêt de la castration des porcelets est possible et souhaitable. C’est ce qui ressort des conclusions du groupe Ipema (pour « Innovative approaches in pork production with entire males »), qui ont été récemment présentées lors d’un webinaire le 15 septembre dernier. Dans le communiqué de presse qui lui est associé, il est ainsi écrit que « la castration chirurgicale avec soulagement de la douleur n'est pas durable à long terme pour la production industrielle standard, même si elle peut être une solution pour les produits qui exigent des porcs d'un âge et d'un poids plus élevés à l'abattage. »

Adapter les pratiques d’élevages aux mâles entiers

Dans ce contexte, les solutions existent. Pour l’élevage des porcs mâles entiers, le groupe liste plusieurs recommandations : séparation des mâles et femelles pour éviter les gestations non programmées et les problèmes de comportement (comportement sexuel de monte), logement des mâles entiers en groupes stables avec un espace suffisant et des matériaux d’enrichissement ; nourriture adaptées pour la qualité du gras. Néanmoins, ces solutions ne sont, à ce stade, pas suffisantes pour les produits secs qui nécessitent d’avoir des porcs très gras. En outre, pour l’instant, la sélection ne permet de réduire le risque de comportements indésirables.

En ce qui concerne l’odeur, l’Ipema indique que des solutions en matière de sélection, de nutrition et de conduite, existent. De plus, le groupe rappelle que la méthode de nez humain a fait ses preuves dans plusieurs abattoirs européens, mais qu’il y a également d’autres méthodes de détection qui sont en cours de développement. Un passage de la viande malodorante vers des plats transformés pourrait être aussi envisagé.

Une bonne acceptabilité sociétale pour l’immunocastration

Pour l’immunocastration, les résultats d’une enquête menée par l’Ipema a montré, contre toutes attentes, que les consommateurs éclairés n’y étaient, pour la plupart, pas opposés. De plus, cette option n’a pas montré d’impact sur la qualité de la viande. En pratique, c’est l’intervalle de temps entre la 2ième vaccination et l’abattage qui va jouer sur la viande : plus cet intervalle sera long, plus la viande des immunocastrés se rapprochera de celle des porcs castrés chirurgicalement. Pour rappel, deux injections sont nécessaires pour l’immunocastration, à minimum 4 semaines d’intervalle, et maximum 10 semaines. Une troisième injection pourra être envisagée en cas d’âge avancé d’abattage (production biologique, races locales), ou s’il y a une persistance du comportement spécifique de mâles plus de deux semaines après la deuxième vaccination.

Pour chacune de ces deux alternatives, le groupe a également mis en ligne des fiches d’information.

A noter qu’un numéro spécial de la revue Animals va être consacré aux travaux de l’Ipema. La date de sortie est prévue fin 2020-début 2021.

Pour consulter le communiqué de presse, accéder aux replays des présentations ainsi qu’aux ressources documentaires (dont les fiches), cliquez sur ce lien.

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Le projet Ipema regroupe 85 chercheurs de 24 pays européens et du Canada. Son objectif est d’accompagner les filières vers la mise en place de solutions alternatives à la castration des porcelets, mais aussi de faciliter les échanges de connaissances entre différents pays. Pour ce faire, 6 groupes de travail ont été constitués : génétique, nutrition, bien-être et pratiques d‘élevage, contrôle qualité des viandes, processus innovants de transformation, et comportement des consommateurs.

Tanit Halfon
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