Un projet d’un « mannequin de tête » de bovin, développé par une étudiante vétérinaire d’Oniris, a été primé par le laboratoire de santé animale Bayer.
Le 13 novembre, le laboratoire Bayer Santé Animale France organisait, dans ses locaux de La Garenne-Colombes, une cérémonie de remise de prix étudiants dédiés à des projets visant à améliorer le bien-être des bovins. Avec son idée de « mannequin » bovin, Marie Masselot, étudiante de cinquième année en « Animaux de production » à Oniris (Nantes) a remporté la mise. « Je mène ce projet dans le cadre de ma thèse de fin d’études, sous la supervision de l’enseignante Julie Hervé, explique l’étudiante, qui s’est vue attribuer un chèque de 5 000 euros pour la réalisation du projet. Le concept est de fabriquer un mannequin de tête et d’encolure d’un bovin, afin de pouvoir s’entrainer à pratiquer l’anesthésie du nerf cornual et le cathétérisme de la veine jugulaire. » Ce projet répondait en tout point aux critères de sélection imposés par le laboratoire, à savoir approche innovante, impact sur le bien-être animal, valeur ajoutée pour l’élevage, pertinence et faisabilité et viabilité économique. Le jury, spécialement constitué pour l’événement, était composé d’un enseignant-chercheur de chaque école, ainsi que d’un salarié de Bayer : François Schelcher pour l’école vétérinaire de Toulouse, Raphaël Guatteo pour Oniris (Nantes), Guillaume Belbis pour l’école vétérinaire d’Alfort (ENVA), Luc Mounier pour VetAgrosup (Lyon) et Christophe Le Sueur pour Bayer France. A noter que cet appel à projet sera probablement renouvelé ces prochaines années.
Une tête de bovin pour améliorer la formation
Les objectifs du projet sont triples : mieux prendre en compte le bien-être animal en évitant de réaliser pour la première fois des gestes techniques sur animaux vivants, permettre l’acquisition de compétences pour les étudiants vétérinaire, mais aussi potentiellement participer à la formation des éleveurs. L’étudiante primée explique : « il est prévu d’organiser deux ateliers d’entrainement, un pour l’anesthésie du nerf cornual, et autre pour le cathétérisme de la veine jugulaire. Pour le premier, on pense mettre en place un capteur au niveau de la zone d’anesthésie, qui permettrait l’émission d’un signal sonore ou lumineux en cas de geste réussi. Pour le deuxième, l’idée est de créer un scénario pour mettre l’étudiant en situation quais-réelle. » La fabrication de la tête passera probablement par un système d’impression 3D, via le FabLab de Nantes. Outre la tête, des tutoriels vidéo, spécifiques à chaque atelier, seront mis à disposition des étudiants. Si la phase de prototypage ne devrait pas poser de souci selon l’ingénieur de l’école des mines de Nantes qui collabore au projet, l’évaluation du dispositif semble, elle, plus fastidieuse à mettre en place. « Il faudra au départ en passer par des équipes de béta-testeurs, précise t-elle. Ensuite, un suivi d’un groupe d’étudiants sur plusieurs années sera probablement nécessaire, afin d’évaluer l’acquisition des compétences. » Côté éleveurs, l’étudiante pense à se rapprocher des groupements de défense sanitaire de Bretagne et des Pays-de-Loire afin de diffuser le mannequin pour l’apprentissage du cathétérisme jugulaire, un geste qu’ils peuvent être amené à réaliser. Le début de construction du prototype est prévu pour le 1er trimestre 2019.
Le bien-être animal, une priorité pour le laboratoire
Ce prix s’inscrit dans l’initiative récemment organisée par Bayer, Care4Cattle, en faveur du bien-être des bovins. En collaboration avec l’Organisation mondiale des agriculteurs, Bayer avait ainsi lancé d’avril à juin 2018 un appel à projets visant à « faciliter la mise en place ou la continuité d’une idée ou pratique orienté à améliorer le bien-être des vaches laitières et allaitantes dans l’élevage. » Sur les 100 projets reçus, en provenance de 37 pays, trois gagnants* ont été récompensés, et ont reçu chacun un chèque de 10 000 euros. « En France, nous avons souhaité faire une bourse additionnelle pour récompenser des projets d’étudiants vétérinaires », explique Bruno Legrand, responsable marketing chez Bayer. Ces actions sont un exemple parmi d’autre de l’engagement pris par le laboratoire en faveur du bien-être animal, comme l’a expliqué Liska Vehling, directrice France de l’activité Animal Health Bayer. « Nous avons élaboré notre propre Charte**, valable à l’international, pour le bien-être animal, a t-elle souligné. Sa mise en application passe par différentes actions du groupe, comme des projets d’éducation des enfants en Amérique latine, ou encore tout récemment le lancement d’une formation pour les salariés de Bayer Europe sur cette question. » Citons, parmi les autres actions entreprises par le laboratoire en faveur du bien-être animal, le soutien financier et logistique de Cap Welfare, un think tank dédié au bien-être de l’animal de compagnie créé en juin 2018, et émanant directement de CAPdouleur, fondé par le vétérinaire Thierry Poitte.
* Dr. Dominique Van der Saag (Australie) : solution pratique pour soulager la douleur ; Pr. Mateus Paranhos da Costa (Brésil) : améliorer les méthodes de sevrage ; The Cattle Lameness Academy (Royaume-Uni) : mieux détecter les boiteries.
** La Charte est composée de 10 points. Pour exemple : « promouvoir une utilisation responsable des médicaments vétérinaires » ou « améliorer la gestion de la douleur et du stress. »