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Belgique : la profession vétérinaire wallonne confrontée à une crise structurelle

Bénédicte Iturria

| 19.03.2025 à 10:37:00 |
© iStock-Jan-Otto

Selon une enquête lancée par le ministère de l'agriculture de Wallonie, en association avec plusieurs institutions vétérinaires, une pénurie en vétérinaires praticiens est en train de s'installer. Plusieurs actions sont envisagées pour enrayer cette dynamique.

Le secteur vétérinaire wallon, en Belgique, fait face à une crise démographique, a révélé le projet d'Observatoire des vétérinaires OBSVET, lancée en mars 2024 à l’initiative de l’ancien Ministre-Président Willy Borsus et soutenu par la Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité Anne-Catherine Dalcq, en collaboration avec l’UPV, l'Ordre vétérinaire francophone, la Faculté vétérinaire de Liège, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) et le bureau d’études RumeXperts. Doté d’un budget de 248 000 €, cette initiative avait pour mission de cartographier et anticiper l’évolution de la profession, d’analyser le bien-être économique et moral des vétérinaires, et d’offrir des pistes concrètes pour améliorer l’offre de services vétérinaires et répondre à la demande croissante.

50 % des jeunes diplômés quittent la profession après cinq ans

Les premiers chiffres d'OBSVET publiés en février 2025 révèlent des défis majeurs pour le marché vétérinaire wallon :

- La croissance limitée des vétérinaires francophones nouvellement inscrits (1,5 % par an) ne compense pas les départs et les changements démographiques. De plus, 50 % des jeunes diplômés quittent la profession après cinq ans, et 10 % des vétérinaires de 40 à 60 ans partent également prématurément.

- La charge horaire moyenne a diminué de 32 % en raison de la lourdeur administrative (+12 %) et de la recherche d'un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Cette baisse du temps de travail disponible aggrave la pénurie de vétérinaires, surtout en zones rurales et dans les services d'urgence.

- En 25 ans, la proportion de jeunes vétérinaires ruraux a chuté de 28 % à 12 %, soit une baisse de 57 %, alarmante pour la santé et le bien-être des animaux de rente et l'agriculture wallonne. Les services d'urgence pour animaux de compagnie sont sous pression dans les grandes villes, avec des gardes de plus en plus difficiles à assurer. De plus, seulement 15 % des vétérinaires exercent en médecine équine, ce qui est insuffisant face à la demande croissante.

- La rémunération est un frein majeur pour attirer et garder les professionnels : avec un salaire de départ moyen de 20 €/h brut, 48 % des jeunes vétérinaires jugent ce montant insuffisant pour un avenir durable.

Plusieurs niveaux d'actions à prévoir

Malgré ces défis, le marché vétérinaire wallon croît dans tous les secteurs : pour les animaux de rente, la demande reste forte sur 25 ans, notamment en porcs (+8 %), volailles (+160 %) et ovins (+8 %), malgré une baisse de 31 % en bovins. La médecine équine connaît une progression annuelle de +6 %, tandis que le secteur des animaux de compagnie affiche une croissance de +10 % par an. Les horaires décalés sont de plus en plus demandés, mais l'offre ne suit pas : les honoraires de nuit et de week-end ont augmenté de 60 %, reflétant une demande accrue et un manque d'effectifs.

Selon l’UPV ces données révèlent un déséquilibre entre l'offre et la demande vétérinaire en Wallonie. Sans action, certaines provinces pourraient faire face à une crise sanitaire et économique majeure. Il est donc crucial d'améliorer les conditions de travail, la formation et l'attractivité du métier.

Face à ces constats alarmants et pour contrer cette crise, plusieurs actions sont envisagées :

- Faciliter l’installation des jeunes vétérinaires en zone rurale et les inciter à s’associer, avec des aides financières et du mentorat.

- Réduire la charge administrative pour améliorer l’attractivité du métier.

- Favoriser l'accueil de diplômés étrangers et permettre l’intégration de vétérinaires étrangers ayant un diplôme reconnu.

- Optimiser l’organisation des gardes et des urgences.

Les analyses se poursuivent pour guider les décisions des acteurs du secteur et assurer la pérennité de la profession vétérinaire en Wallonie.

Bénédicte Iturria

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