Cette expérimentation dénommée « ADN canin » a pour but de lutter efficacement contre ces incivilités, grâce à la mise en place d'un passeport génétique obligatoire pour les chiens fréquentant le centre-ville. 18 cliniques vétérinaires sont associées à la mise en place du dispositif.
« Un impératif pour la salubrité d’une ville aussi touristique ». C’est en ces termes que la municipalité de Béziers a qualifié la mise en place de l’identification génétique des chiens de son centre-ville. Robert Ménard, maire de cette commune de l'Hérault, a pris un arrêté municipal pour permettre de retrouver et sanctionner les propriétaires de chiens à l'origine de déjections abandonnées sur la voie publique dans l’hypercentre, grâce à la mise en place d'un passeport génétique obligatoire. Cette expérimentation dénommée « ADN canin », qui a débuté à la rentrée 2023 et se terminera en juillet 2025, a pour but de lutter efficacement contre ces incivilités. Malgré les 300 000 sacs à déjection fournis gratuitement chaque année par la mairie, les services municipaux ramassent entre 1.500 et 1.700 crottes par mois et le budget attribué à la lutte contre les déjections canines s'élève à 80 000 euros par an.
Profil génétique et fichage des chiensChaque chien qui se promène dans le centre-ville de Béziers doit désormais avoir fait l’objet d’un prélèvement ADN, afin d’établir son profil génétique. Ce dernier est fiché par le laboratoire chargé de ce dispositif. Le propriétaire se voit ainsi attribuer une carte d’identification génétique de son animal. La non présentation de ce document lors d’un contrôle dans le périmètre défini (matérialisé par un marquage au sol et dont la carte est disponible sur le site de la mairie) entraînera une amende de 38 euros. Quand un garde champêtre retrouve un excrément qui n’a pas été ramassé, il effectue un prélèvement, qui sera envoyé au laboratoire. Le profil génétique des cellules issues de la déjection sera identifié. En comparant les deux profils génétiques, le laboratoire pourra retrouver le chien à l’origine de la déjection et de ce fait son propriétaire. Ce dernier devra s’acquitter d’une facture de 122 euros au titre du nettoyage de la crotte de son quadrupède.
Cette mesure n’est pas réservée aux habitants de Béziers. Ceux résidant aux alentours et qui ont l’habitude de promener leurs chiens dans le centre-ville devront aussi détenir ce passeport génétique. « La seule dérogation que nous pourrons accorder, c’est aux touristes qui visitent Béziers, bien sûr », a détaillé Stéphanie Sandonato, directrice générale adjointe des services de la commune.
Une campagne de prélèvementsPour réaliser le prélèvement ADN, la municipalité s’est entourée de 18 cliniques vétérinaires partenaires. Ces dernières ont reçu des kits de prélèvement distribués gratuitement par la Mairie. Concernant le coût de cette identification génétique, le site de la municipalité précise : « bien que le coût du matériel nécessaire soit pris en charge, les frais de prélèvement et de consultation chez votre vétérinaire seront à votre charge ».
Les 16 et 17 septembre 2023, la ville de Béziers a organisé le prélèvement gratuit des ADN canins afin d’obtenir le passeport génétique indispensable à la promenade en centre-ville. Plus de 700 rendez-vous avaient été prévus sur les deux jours, sans compter les propriétaires venus sans avoir réservé de créneaux. Des agents d'accueil ont tout d’abord vérifié l'identité des chiens, puis des vétérinaires ont contrôlé leur puce électronique. Ils ont ensuite réalisé le prélèvement salivaire pendant une dizaine de secondes. L’ensemble du processus a duré 5 minutes à l’issue desquelles le maître a pu repartir avec une attestation, le passeport ADN étant envoyé dans un délai d’un mois.
Une première en France, inspirée d'un dispositif espagnolPour élaborer cet arrêté, une première en France, le maire de Béziers a déclaré au média 20 minutes s’être inspiré d’un dispositif « qui existe dans une cinquantaine de villes en Espagne ». Il a aussi déclaré : « on fait tous des campagnes "Attention, on va vous mettre un PV", mais les policiers ne prennent jamais les propriétaires sur le fait, alors cela n’a aucune efficacité... Je vous garantis que cela va calmer les ardeurs de ceux qui ne se comportent pas bien. Le maire de Valence, en Espagne, m’expliquait qu’en six mois, 90 % des déjections canines avaient disparu dans sa commune ». « Beaucoup de communes appellent la mairie, pour en savoir plus sur ce dispositif », a ajouté Stéphanie Sandonato.