Dans une étude publiée par l'Inrae (Institut National de la recherche agronomique et de l'environnement) le 14 novembre 2024, les chercheurs de l’UMR Herbivores ont exploré la possibilité de concilier, dans les fermes bovines allaitantes françaises, trois objectifs souvent perçus comme contradictoires : la performance économique, environnementale et le bien-être animal.
La multi-performance, soit la combinaison d'un équilibre économique, d'un respect du bien-être animal et d'externalités environnementales, est un objectif des élevages bovins allaitants français. Souvent ces notions sont perçues comme contradictoires, c'est pourquoi une équipe de chercheurs de l’UMR Herbivores a cherché à analyser et à identifier les différentes dimensions de la performance à l'aide d’un modèle mathématique, mais aussi les pratiques et conditions agricoles les plus à même de favoriser la multi-performance. Pour cela, ils ont utilisé une base de données techniques et économiques issues de plus de 250 exploitations agricoles, collectées entre 2016 et 2022. Les résultats de leur étude ont permis de montrer que pour atteindre la multi-performance l'essentiel est de mettre en place des pratiques harmonisant les besoins nutritionnels des animaux avec la disponibilité en herbe (résultats élevés pour les trois dimensions simultanément). Ainsi, selon les chercheurs, "la synchronisation repose sur des choix judicieux comme la gestion des réserves corporelles des animaux, la période de vêlage et la vente d’animaux adaptés à une alimentation basée sur l'herbe (broutards, taurillons maigres)". De plus, les pratiques d’élevage fondées sur l’utilisation de pâturages et la réduction du recours aux intrants (comme les pesticides ou les engrais azotés) se sont révélées déterminantes pour atteindre cette multi-performance.
Des facteurs favorisant la multi performanceDans cette étude, les exploitations les plus performantes dans les trois dimensions avaient un faible niveau de chargement animal par hectare de surface fourragère, elles étaient situées dans des zones défavorisées (souvent en montagne) et maximisait le recours au pâturage avec, dans des systèmes qualifiés d’herbagers, des vêlages de fin d’hiver/début du printemps et de bonnes compétences techniques et managériales des éleveurs. De plus, les races présentes étaient de type rustique, les troupeaux étaient de taille limitée et le système naisseur (c'est-à-dire vendant principalement des animaux maigres tels que les broutards ou taurillons maigres de 16 mois) était privilégié. Enfin, les chercheurs ont montré l'existence de synergies modérées mais significatives entre la performance économique, environnementale et de bien-être animal. Selon eux, "réduire le stress des animaux peut améliorer la productivité tout en diminuant l'empreinte écologique (les animaux sont plus efficients pour la valorisation des aliments). A l’inverse, un niveau d’intensification élevé peut nuire à ces équilibres, notamment en accroissant le risque de maladies et en augmentant la dépendance aux intrants (moindre autonomie alimentaire)".