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Conférence de l’Académie vétérinaire : Pathogènes, faune sauvage, camp militaire

Jean-Paul Delhom | 25.10.2019 à 09:29:00 |
Academie
© Jean-Paul Delhom

« Pathogènes, faune sauvage, camp militaire » était le sujet de l’intervention du Vétérinaire en Chef Jean-Louis Marié lors de la séance du 17 octobre 2019 de l’Académie vétérinaire autour du thème : « Les activités des vétérinaires militaires du Service de Santé des Armées ».

Au sein du corps des vétérinaires des armées, le groupe de travail en épidémiologie animale (GTEA, 10 personnes) mène depuis 2006 des travaux portant notamment sur la circulation d’agents pathogènes humains au sein des populations animales qui se trouvent dans l’environnement des militaires en France et à l’étranger. Au cours des dernières années, de nombreuses études ont été menées au sein des camps militaires de Canjuers et de Carpiagne, dans le sud-est de la France, portant sur des populations de sangliers, de renards et de petits carnivores sauvages ainsi que de rongeurs. Des laboratoires spécialisés ont été sollicités (IHU Méditerranée, Anses, Cirad, etc.). Le camp de Canjuers, le plus vaste d’Europe (35000 ha), inclus en partie dans le parc naturel régional du Verdon, est géré par une société militaire de chasse très active. Le directeur des chasses du camp de Carpiagne (1500 ha, en bordure du parc national des calanques), est nommé par l’autorité militaire. La faune présente sur ces deux camps militaires est nombreuse et diversifiée (ovins, sangliers, chevreuils, etc.).

L’ARN du virus de l’hépatite E (VHE) a été détecté par RT-PCR dans 7 échantillons de foie de sangliers à Canjuers  sur 785 prélèvements. Le génotype 3f est identique entre 80 % et 98 % avec les souches d’origine humaine. Le sanglier étant le principal réservoir sauvage du VHE,  il est nécessaire de cuire suffisamment les abats et la viande.
Les bactéries zoonotiques ont été recherchées sur 333 échantillons de rate de sanglier entre 2016 et 2017. Anaplasma phagocytophylum (responsable de l’anaplasmose granulocytaire) était présent sur 4 prélèvements. Les recherches ont été négatives pour Rickettsia, Coxiella, Borrelia, Bartonella, Salmonella et Leptospira.
Rickettsia slovaca, responsable du TIBOLA (tick-borne lymphadenopathy), a été détectée dans 17,7% des tiques recueillies sur des sangliers.
Il a été mis en évidence, pour la première fois dans des tiques de renards, Rickettsia massiliae reconnue  comme pathogène pour les humains.
La collecte de matières fécales sur 99  sangliers a détecté la présence de Mycobacterium non tuberculeuse.
La recherche de Trichinella a révélé, en plus de 20 ans 1 seul cas en 2014 sur plus de 6000 prélèvements de pilier du diaphragme de sangliers. 3 cas sur 108 se sont révélés positifs chez des renards mais avec une faible charge parasitaire. Il n’y a pas eu de positif chez 49 mulots contrôlés.
La séropositivité à Toxoplasma Gondii a été retrouvée sur près de 40 % de sangliers et 50 % de renards.
Le camp de Canjuers étant en périphérie de la zone d’endémie de leishmaniose, ce parasite a été recherché et trouvé chez 5,9 % des renards contrôlés (5/84). La charge parasitaire étant faible (0,3 à 7 leishmanies /106 cellules nucléées), et en l’absence de lésions suspectes, le renard pourrait être considéré comme un réservoir secondaire.

Ces travaux permettent d’évaluer les risques pour les militaires et la population et de définir des mesures de prévention pour préserver la santé publique. La faune sauvage a un rôle épidémiologique comme réservoir (VHE, toxoplasmose, associé au vecteur pour les rickettsies) ou sentinelle (leishmaniose).

Lire la suite dans un numéro à venir de La Semaine Vétérinaire

Jean-Paul Delhom
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