![Conseil de l’Ordre et Syndicat : même combat ?](https://www.lepointveterinaire.fr/images/d50/96070e2d44328e18ffd3264adcfaa/site_vet3r_actu37372_photo.jpg)
Faute d’effectifs ou de motivation des candidats potentiels, certains praticiens sont à la fois élus de l’Ordre et du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).
« Bonnet blanc et blanc bonnet », « ce sont toujours les mêmes têtes », « qui fait quoi ? », « tous dans le même panier de crabes… » Qui n’a jamais prêté l’oreille, dans une réunion ou un congrès, à ces petits commentaires mi-acerbes, mi-amusés, sur les représentants syndicaux et ordinaux présents ? Cela reste l’exception, certes. Mais nous l’avons suffisamment entendu au cours de ces derniers mois pour finir par poser franchement la question sur notre site Internet. Résultat, porter à la fois les couleurs du Conseil de l’Ordre et celles du SNVEL ne va pas de soi pour la majorité de celles et ceux qui nous ont répondu : il s’agirait même d’un conflit d’intérêt.
Selon l’Ordre, la moitié de ses élus adhéreraient au syndicat. Selon nos calculs, issus de l’Annuaire Roy, 13 délégués départementaux du SNVEL figurent parmi les élus ordinaux. L’un deux siège même au conseil d’administration du syndicat. « Lorsqu’un élu d’un conseil régional ordinal (CRO) signe une tribune ou prend publiquement la parole alors qu’il est également responsable local du syndicat, les vétérinaires, voire les clients, peuvent légitimement se demander au nom de qui il parle et qui dicte, au fond, sa position », reconnaît Michel Baussier, président du Conseil supérieur de l’Ordre.
Les mêmes questions sont d’ailleurs susceptibles de se poser avec les membres d’autres organisations, comme l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) ou les Groupements techniques vétérinaires (GTV). Se couvrir d’une double casquette ne porte-t-il pas à confusion lors des négociations avec les instances locales (mairies, conseils généraux, directions des services vétérinaires, etc.) ? Qui parle ? Et si les positions officielles divergent entre l’Ordre et le syndicat sur un sujet précis, quelle attitude adopter ?
« Cette histoire de conflit d’intérêt est sans fondement, rétorque de son côté Pierre Buisson, président du SNVEL. Où serait l’enrichissement personnel, le pouvoir excessif acquis par la malhonnêteté ? La double casquette de certains confrères ne me pose pas de problème. Nos missions de proximité sont complémentaires. Les élus ordinaux et syndicaux rendent un service à la profession. On ne demande pas aux conseillers prud’homaux à quels syndicats ils sont inscrits. »
Mais le risque de confusion est bien là. L’Ordre en a fait la démonstration par l’absurde avec la cotisation ordinale “société”, à laquelle le syndicat s’est toujours opposé. Pour décider de la maintenir ou non, l’Ordre a fait voter individuellement l’ensemble de ses conseillers. Deux tiers s’y sont montrés favorables. La cotisation a donc été maintenue. Le syndicat a protesté, mais l’Ordre lui a fait remarquer que, puisque la représentation syndicale est en proportion plus forte parmi les élus des conseils régionaux qu’au niveau national pour l’ensemble des vétérinaires, le SNVEL avait de fait entériné la cotisation “société”. Retors ? Peut-être. Mais, en tout cas, symptomatique.
Nicolas Fontenelle
Pour plus d’informations, voir La Semaine Vétérinaire n° 1441 du 11 mars 2011 en pages 12 et 13