Un article du bulletin de l’Académie vétérinaire de France propose un modèle mathématique pour estimer le nombre de cas de Covid-19. Il montre que les mesures de confinement ont permis d’éviter plusieurs milliers de morts.
3 538 549 serait le nombre de personnes touchées en France par le Covid-19 au 2 avril, conclut une nouvelle étude publiée du bulletin de l’Académie vétérinaire de France. Son auteur, Marc Dhenain, chercheur en neurologie et membre de l’Académie, explique le principe : « Nous avons besoin de connaitre le nombre de cas réellement touchés par le Sras-CoV-2 pour mieux prévoir les mesures de prévention, leur applicabilité et les meilleures procédures pour la sortie de crise. » Pour y parvenir, il propose un nouveau modèle mathématique basé sur un taux moyen de mortalité de 2% (0,7 et 3,6%), un délai moyen de 18 jours entre le début des symptômes et le décès et le taux de progression de la maladie (nombre de nouveaux cas signalés sur cette période des 18 jours. Résultat : « On sous-estime énormément le nombre de personnes touchées par le virus. Par exemple, pour la France, au 2 avril, le modèle permet d’aboutir à plus de 3 millions de personnes touchées. Et même si on applique un taux de mortalité différent, ce nombre est toujours bien plus important que le nombre de cas officiellement rapportés. Ces résultats vont dans le même sens qu’une autre étude de l’Imperial College à Londres qui propose aussi un modèle mathématique mais beaucoup plus complexe que celui-là. » A noter que les résultats de la Corée du Sud ou de l’Allemagne, qui révèlent une différence bien moins flagrante, s’expliqueraient par le fait que ces pays ont des stratégies poussées de dépistage des personnes touchées.
Gagner du temps
Si le chercheur rappelle bien que ce modèle a ses limites et doit se voir comme « un éclairage », il présente plusieurs intérêts. « Cette estimation de nombre de cas réels montre l’ampleur de la propagation du virus dans la population, et évalue donc le nombre de tests qu’il va falloir réaliser pour la sortie du confinement », explique-t-il. Il poursuit : « on peut aussi de façon plus fiable comparer les taux de contamination entre les différents pays. Aujourd’hui, il faut bien se rendre compte que tous les chiffres sont biaisés vu que les tests sont réalisés de façon variable suivant les pays. » Et surtout, « cela permet d’évaluer l’impact des politiques publiques. Par exemple, le confinement du 26 mars au 2 avril en France a permis de changer le taux de propagation de la maladie. Sans ces mesures, il y aurait eu plus de 3 millions de personnes touchées supplémentaires, et donc on a pu éviter près de 70 000 morts. Etaler l’épidémie nous donne du temps pour développer des traitements, s’équiper de masques, … »
La formule :
Ct0-estimé = (Mt0 / Tm-est) * (Ct0 / Ct0-18j)
> Mt0 : nombre de morts rapportés dans un pays au temps t0 ;
> Tm-est : taux moyen de mortalité (2%)
> Ct0 : nombre de cas rapportés dans un pays au temps t0 ;
> Cto-18j : nombre de cas rapportés dans le pays au temps t0 moins 18 jours.
Pour consulter l’étude, cliquez sur ce lien.
Marc Dhenain nous dis que sans confinement nous aurions eu 3 millions de contaminés supplémentaires et par conséquent 70 000 morts supplémentaires.
En considérant que nous avons déjà plus de 3 millions de personnes contaminées, cela veut dire que d’ores et déjà il faut prévoir plusieurs dizaines de milliers de morts sur les semaines à venir (nous en sommes actuellement à plus de 10 000) ?
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