Une étude de l’Agroscope s’est intéressée au taux d’accumulation, à la cinétique d’épuration et la distribution des dioxines et des furanes dans les tissus de brebis allaitantes. La décontamination serait possible.
Les dioxines et furanes soulèvent des questions de sécurité des aliments. Connues ou suspectées pour être à l’origine d’effets indésirables dans la sphère hépatique, immunitaire, cardiovasculaire et reproductives, les humains sont principalement exposés par la consommation de denrées animales (90% de l’exposition), et en premier lieu de lait et de viande de ruminants (65%). Ces substances sont principalement d’origine anthropogénique, résultant de combustions industrielles, par exemple sur les sites d’incinération de déchets. Après dispersion et dépôt sur la végétation et le sol, dioxines et furanes peuvent persister durablement et s’accumuler dans la chaîne alimentaire en raison de leur lipophilie et leur résistance au métabolisme. Les denrées alimentaires issues des animaux des pâtures contaminées peuvent alors présenter des résidus en quantité supérieure aux limites maximales européennes. Une étude de l’Agroscope (centre agronomique de la confédération suisse) s’est intéressée au transfert de ces contaminants chez les brebis allaitantes.
Une étude sur 10 brebis allaitantesSix brebis allaitantes ont été exposées aux dioxines et furanes via du foin contaminé pendant 150 jours. Ils suivaient ensuite une période de décontamination en consommant du foin non contaminé sur 188 jours. Quatre brebis contrôle ont été nourries en continu avec ce foin non contaminé. A cinq intervalles durant la période d’épuration, de sevrage et à l’abattage (188 jours après le début de la décontamination), des analyses de lait, de sang, et de graisse, de muscle et de foie ont été réalisées.
La décontamination serait possibleLes analyses à la fin de la période de contamination ont révélé que les brebis exposées avaient bien accumulé ces substances. Leur teneur dans les tissus adipeux était dix fois supérieure aux limites maximales de résidus européennes au début de la décontamination ; la concentration mesurée dans le lait était supérieure à celle des tissus adipeux (14 fois supérieure aux limites de résidus). Cette teneur était diminuée en dessous des limites maximales après 130 jours sans exposition. La décontamination du lait était encore plus rapide, et permettrait de se conformer aux limites de résidus européennes après 80 jours sans exposition, malgré une teneur initiale plus élevée. Pendant la lactation, l’élimination est probablement due à l’excrétion des dioxines et furanes par le lait. Après le sevrage, l’excrétion est fécale et la dilution est due à la prise de poids de l’animal. L’étude a permis d’élaborer des courbes d’élimination des substances étudiées et leur demi-vie dans le lait et les tissus adipeux. Ces données de toxicocinétique permettront d’élaborer des recommandations pour assurer la sécurité des denrées alimentaires d’origine ovine. La possibilité de décontamination des animaux repose néanmoins sur la disponibilité de fourrages non contaminés et de temps dans leur cycle de production pour permettre l’excrétion des substances.