Des premiers résultats de l’enquête sur la mortalité hivernale 2022-2023 des colonies d’abeilles - Le Point Vétérinaire.fr

Des premiers résultats de l’enquête sur la mortalité hivernale 2022-2023 des colonies d’abeilles

Tanit Halfon

| 16.08.2023 à 12:30:00 |
© iStock-shaunl

Le taux de pertes des colonies est estimée à 25,6%, dont 17,5% de colonies mortes, ce qui s’avère un peu plus faible que l’année précédente. Des taux supérieurs à 30% ont été signalés dans trois territoires.

Un premier bilan de l’enquête nationale 2022-2023 de mortalité hivernale des colonies d’abeilles a été publié sur la plateforme ESA. Il s’agit de la 6ième enquête faite sur cette problématique. A noter que les indicateurs ont évolué en 2021 avec une distinction qui a été faite entre une situation de mortalité (colonie en ruche, essaim sans production en 2022 en ruchette ou nucleus ne contenant que des abeilles mortes ou vide), un accident et des colonies « non-valeurs » (colonies en ruches ou ruchettes bourdonneuses ou faibles). Auparavant, une colonie était considérée comme morte lorsqu’en sortie d’hivernage, la situation était la suivante : colonies avec abeilles mortes, ruche vide, colonie bourdonneuse, colonie avec moins de 500 abeilles.

Pour cette nouvelle enquête, le taux de participation s’élève à un peu plus de 30%, comme l’année précédente (aux alentours de 18 000 répondants sur près de 60 000 apiculteurs déclarés). Ce sont les apiculteurs avec le moins de colonies déclarées qui participent le plus : près de 33% de participation pour les apiculteurs détenant de 11 à 49 colonies, environ 30% pour ceux avec moins de 11 colonies, 20% pour ceux détenant de 50 à 199 colonies, et 12% pour ceux avec 200 colonies et plus. Les apiculteurs avec plus de 50 colonies sont sous-représentés dans l’enquête.

Une mortalité plus marquée pour les petits détenteurs

Pour l’hiver 2022-2023, le taux de pertes hivernales (incluant colonies mortes, bourdonneuses, faibles et accidentées) estimé dans l’enquête s’élève à 25,6%, dont 17,5% de colonies mortes, et le reste accidentées ou non-valeurs. 1/3 des répondants ont déclaré ne pas avoir observé de pertes. Ce taux de pertes est un peu plus faible que pour l’hiver 2021-2022. Les taux de pertes et de mortalité sont significativement plus élevés chez les apiculteurs avec moins de 11 colonies par rapport aux autres détenteurs. Pour cette catégorie, un taux de pertes supérieur ou égal à 30% est constaté dans 1/3 des départements, contre deux départements où on dépasse ce seuil si on ne considère que les colonies mortes, reflétant l’importance des colonies dites « non-valeurs ».

Outre la catégorie, est observé aussi un taux de pertes supérieur à 30% dans certains territoires : c’est le cas dans plusieurs département de l’est des Pyrénées, toutes tailles confondues. Pour les petits apiculteurs de moins de 11 colonies, il y a aussi deux autres regroupements de fortes pertes dans le nord et dans le centre-est. Pour les experts, pousser les explorations dans ces territoires serait intéressant pour « consolider les chiffres de pertes et rechercher des causes amenant ces clusters apparents, en lien avec la définition des pertes faites par les apiculteurs (colonies mortes, faibles, bourdonneuses et accidentées). »

D’autres analyses vont suivre

Plusieurs causes ont été identifiées par les répondants : la faiblesse des colonies à l’hivernage de manière générake, le frelon asiatique pour les détenteurs de moins de 200 colonies, Varroa destructor pour les détenteurs de 200 colonies et plus, les problèmes de reines pour les détenteurs de plus de 11 colonies.

Des questions ont aussi été posées sur la gestion du varroa. Sur les 88,4% des répondants à la question de la gestion du varroa, 2/3 ont déclaré de ne pas avoir mis en place de surveillance en dehors de la période de traitement. En regardant la catégories de détenteurs, 1/3 de ceux avec moins de 11 colonies, et 44% de ceux avec de 200 colonies, ont mis en place une surveillance en dehors de la période de traitement. « L’analyse des méthodes utilisées et des périodes d’évaluation qui est programmée permettra de mieux comprendre la surveillance mise en place », est-il indiqué dans le bilan. Par ailleurs, il apparaît dans cette population de répondants que les traitements contre Varroa sont généralisés puisque 90,8% l’ont mis en place sur les 15 mois précédent la sortie d’hivernage. Les traitements utilisés sont médicamenteux en association ou pas avec des méthodes biotechnique (retrait du couvain mâle, hyperthermie du couvain…).

« D’autres parties du questionnaire n’ont pas encore été analysées telles que les pratiques des apiculteurs avant et pendant l’hivernage et les caractéristiques de l’apiculteur. (...), ont indiqué les auteurs de ce premier bilan. Il est prévu de décrire toutes ces parties ainsi que d’étudier les éventuelles associations entre elles et avec les mortalités observées. Il convient toutefois de préciser que ces analyses ne permettront pas d’établir de liens de cause à effet mais simplement de générer des hypothèses sur les facteurs de risques potentiels de la mortalité qui pourront donner lieu à des études spécifiques, éventuellement localisées et dans des conditions mieux maîtrisées ».

Tanit Halfon

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