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Des tables de survie pour les chiens

Tanit Halfon

| 13.05.2022 à 14:22:00 |
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Une nouvelle étude VetCompass caractérise, sur la base d’une très large cohorte de chiens, les espérances de vie moyennes de plusieurs races canines au Royaume-Uni. Parmi les résultats, les chiens brachycéphales se distinguent par des espérances de vie assez réduites.

Jusqu’à quel âge vivra mon chien ? L’équipe de VetCompass du Royal veterinary college (RVC) fournit des éléments de réponse à cette question, dans une nouvelle étude publiée récemment dans la revue Nature. Comme toutes les études VetCompass, il s’agit d’analyser une large cohorte de données terrains, issues de cliniques vétérinaires généralistes du territoire. Pour cette étude, ont été ainsi inclus 30 563 chiens décédés entre le 1er janvier 2016 et le 31 juillet 2020. L’objectif était d’élaborer des tables de mortalité pour la population de chiens de compagnie du Royaume-Uni, suivant plusieurs caractéristiques (race, sexe, statut physiologique…). Comme l’expliquent les auteurs, « la construction d’une table de survie pourrait faciliter la compréhension de l’espérance de vie et de la santé de la population des chiens du pays, de la même manière que les tables de survie des populations humaines ». Pour ces dernières, les tables de mortalité sont, en effet, utilisées « en tant qu’indicateur indirect de la santé générale de la population », et permet d’identifier des populations plus vulnérables, aidant à l’élaboration de politiques publiques plus efficaces.

Des variations suivant la race

Il ressort une espérance de vie moyenne de 11,23 ans à la naissance pour l’ensemble des chiens, avec la probabilité de décès qui augmente avec l’âge sauf pour les 1ères années de vie (périodes 1-2 ans et 2-3 ans). Les chiennes(11.41) ont montré une espérance de vie plus longue que les mâles (11,07), de même les chiens stérilisés femelles ou mâles, présentaient une espérance de vie plus longue avec un avantage pour les femelles stérilisées. Parmi les 18 races évaluées, c’est le Jack Russel Terrier qui est ressorti avec l’espérance de vie la plus longue (12.72 ans) suivi du Yorkshire Terrier (12.54 ans), du Border Collie (12.10 ans) et de l’Epagneul Springer (11.92 ans). Les chiens brachycéphales présentaient des espérances de vie assez réduites dans l’étude : 4.53 pour le bouledogue français ; 7,39 pour le bouledogue anglais.

Les chercheurs ont aussi voulu caractériser l’âge des chiens à partir duquel l’espérance de vie devenait inférieur à 1,5 ans. Globalement, les races canines avec une espérance de vie élevée, étaient aussi plus âgées lorsqu’elles atteignaient ce seuil. Toutefois, par cette approche, ce sont les chihuahuas qui sont apparus les plus âgés (15-16 ans), alors que leur espérance de vie était de 7,91 ans, devant les Jack Russel et les Yorkshire (14-15 ans pour les 2). Pour les chiens brachycéphales, c’est le bouledogue anglais qui a atteint le premier ce seuil (9-10 ans), suivi du Boxer, bouledogue français et américain.  « Ces résultats indiquent une grande variation dans la durée de vie des animaux », indiquent les auteurs. De plus, « une espérance de vie plus faible à la naissance, suggère une augmentation de la mortalité des chiens plus jeunes ». Pour les bouledogues, il peut y avoir aussi un biais lié l’essor des adoptions de cette race de chien, faisant que la cohorte étudiée était plus jeune. « En revanche, les races dont la popularité a tendance à diminuer peuvent avoir une probabilité sous-estimée de décès à des âges plus jeunes, ce qui entraîne une surestimation de l’espérance de vie ».

Enfin, certaines races présentaient une probabilité de décès beaucoup plus élevées par rapport à d’autres, avant d’atteindre l’âge adulte (carlin, husky, bouledogues américains-anglais- français, chihuahua notamment).

Des indications pour les nouveaux détenteurs

Ces résultats sont à interpréter avec toutes les précautions d’usage, eu égard les biais d’étude, notamment pour l’aspect lié à la stérilisation, les auteurs soulignent que le sujet est très complexe appelant à la prudence. Notamment, ils rappellent que si « la stérilisation est liée à une réduction du risque de tumeurs au sein des organes reproducteurs et de diverses maladies cardiovasculaires, elle est aussi liée à une hausse du risque de troubles articulaires et de plusieurs types de tumeurs comme le lymphome et l’hémangiosarcome ». De plus, la stérilisation des animaux peut être le reflet de meilleurs soins prodigués par le propriétaire. Ceci dit, elles donnent à voir des tendances de trajectoire de vie, avec le détail des probabilités de décès suivant l’âge, ce qui peut être utile pour conseiller de futurs détenteurs de chien. Par exemple, les auteurs soulignent ainsi que « les refuges et organisations caritatives peuvent intégrer ces informations dans le processus d’adoption, en veillant à ce que les propriétaires potentiels de chiens comprennent la durée d’engagement prévu pour des chiens de races, d’âges et de statuts physiologiques différents ».

Tanit Halfon

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