Deux rapports du CGAAER sur les services vétérinaires en abattoir - Le Point Vétérinaire.fr

Deux rapports du CGAAER sur les services vétérinaires en abattoir

Tanit Halfon

| 20.12.2023 à 09:36:00 |
© iStock-SlobodanMiljevic

Ils visent à identifier les points critiques de fonctionnement des services, dans un contexte de forte pénurie de personnel. L’enjeu est d’appuyer le plan attractivité des abattoirs lancé par le ministère, et de conforter l’efficacité des inspections.

Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a publié récemment deux états des lieux sur les services vétérinaires d'inspection permanente en abattoir, d’une part sur les conditions de recrutement et de rémunération des agents ; d’autre part sur les conditions de travail et leurs conséquences sur la performance de l’inspection. Ces rapports ont été demandés par le ministère au printemps 2022, dans un contexte de pénurie grave de personnel, mais pas que : aujourd’hui, des carences des services vétérinaires peuvent aussi être dénoncées par des associations de protection animale, vidéos de caméra cachée à l’appui.

Pénurie de personnel et turn-over

Si de manière globale, la situation apparaît comme satisfaisante, ces deux rapports font état d’un certain nombre de difficultés bien installées, en premier lieu pour le manque de personnel. 210 postes sont non pourvus (postes à mi temps et plus dans les services d'inspection permanente), à raison de 150 postes d’auxiliaires officiels, et 60 postes de vétérinaires officiels. « Ces difficultés créent des situations tendues dans les équipes des services vétérinaires d’inspection pour la réalisation des missions quotidiennes avec un risque que la responsabilité des agents, tout comme celle de l’Etat, soit engagée. Tout cela contribue à diminuer l’attractivité des postes en abattoir », écrivent les auteurs d’un rapport. En parallèle, est constaté un turn-over, dans certains cas « d’une telle intensité qu’il constitue un facteur de déstabilisation des directions départementales qui doivent se mobiliser pour assurer des recrutements réguliers et assurer les suppléances, souvent sur les moyens humains du siège », est-il souligné dans l'autre rapport.

D’autres difficultés s’ajoutent plus ou moins marquées dans certains sites en particulier des locaux inadaptés pour les services vétérinaires ; et une mauvaise prévention des risques notamment « le manque de disponibilité d’une médecine de prévention qui est le plus criant ».

Dans ce contexte, plusieurs recommandations sont faites pour améliorer le recrutement, les systèmes de formation à la prise de fonction des agents contractuels « qui présentent des marges de progrès potentielles », et les conditions de travail. « Les directions départementales qui comptent des SVI en abattoirs en difficulté ne peuvent plus répondre seules à cette préoccupation : l’échelon régional doit se mobiliser pour activer tous les leviers dont il dispose ». Une reconnaissance de la pénibilité du travail est aussi évoquée, ce qui pourrait permettre d’avancer l’âge de départ à la retraite.

Des rapports en appui du plan attractivité abattoirs

Pour la CGAAER, bien que la réglementation européenne ne risque pas d’évoluer de si tôt, les services du ministère ont tout intérêt à réfléchir dès à présent aux perspectives d’avenir des services vétérinaires en abattoir, dont une réflexion sur l’extension des délégations de tâches de contrôles » et sur les « chantiers technologiques futurs qui permettront de moderniser réellement l’inspection sanitaire en abattoirs. »

Ces deux rapports complètent des précédents, notamment un rapport sur l’attractivité des métiers de l’inspection en abattoir publié en 2019, de l’Observatoire des missions et métiers du ministère de l’Agriculture. C’est de ce rapport qu’avait découlé le lancement en 2019 d’un plan d’attractivité en abattoirs (voir lien, annexe 2). Plusieurs actions ont ainsi déjà été engagées, les deux rapports du CGAAER venant en appui. Citons notamment :

- le recrutement de vétérinaires officiels contractuels étrangers, ressortissants de l’Union européenne, est rendu possible par le décret du 19 octobre 2023, pour une période 5 ans.

- la revalorisation du référentiel de rémunération des auxiliaires contractuels (+17%) a été actée en septembre 2022 mais uniquement dans 15 départements identifiés comme les plus déficitaires.

- la revalorisation des salaires des vétérinaires contractuels est théoriquement prévue.

Plus d’informations dans le numéro 2016 de La Semaine Vétérinaire.

Tanit Halfon

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