Une épidémie de PIF sévit depuis début 2023 à Chypre. Le séquençage du génôme du virus en cause montre qu’il s’agit d’un recombinant entre les coronavirus félin et canin. Ce nouveau virus est contagieux.
Le séquençage du génome du coronavirus félin responsable à Chypre d’une épidémie de péritonite infectieuse féline (PIF) a révélé l’émergence d’un nouveau virus, FCoV-23, hautement pathogène pour les chats. Il s’agit d’un recombinant entre le coronavirus félin (FCoV) et le coronavirus canin (CCoV) qui présente 97% d’homologie avec le CCoV pantropique. Le travail d’identification du génome de ce nouveau virus est le fruit de la collaboration entre les praticiens et les autorités chypriotes, les chercheurs de l’équipe du Pr. Danièlle Gunn-Moore (Royal (Dick) School of Veterinary studies, Edimbourg, Écosse), le Royal Veterinary College (Londres, Royaume-Uni) et des laboratoires d’analyses allemand et chypriote. Une publication est sous presse.
Expression neurologique, avec une forme sècheJusqu’à ce jour, le FCoV n’était pas contagieux, chaque chat développant la PIF à la suite d’une mutation du FCoV qui lui était propre. Or, depuis le début de 2023, nos confrères chypriotes ont vu une augmentation considérable des cas de PIF (multipliée par 40, entre janvier et août, sur la base des cas où une PCR avait été réalisée, soit 165 au total). Cependant, il y aurait plus de 8000 chats morts de la PIF, selon les estimations des praticiens, le FCoV-23 n'ayant épargné aucune catégorie de chats : de race, de maison, errants. Depuis le 3 août, les autorités chypriotes ont autorisé les praticiens vétérinaires, sous réserve de fournir la confirmation d’une PCR positive, à prescrire du molnupiravir, stocké pour le traitement des humains atteints par le Covid. La forme clinique dénommée FeCoV-23 sévissant à Chypre est majoritairement à expression neurologique, avec une forme sèche. C’est la première fois qu’une contagion est attestée, y compris en l’absence de contacts entre chats, donc aussi de façon indirecte.
Vigilance de miseMalgré les avertissements à la prudence lancés cet été, incitant les touristes et résidants britanniques à ne pas emmener leurs chats en vacances à Chypre, ni à en ramener, une chatte de 9 mois a été importée fin août. Elle a développé de la fièvre avec de l'ascite. Dès la confirmation de l’identification du FCoV-23, son traitement médical, avec de hautes doses de GS-441524, a été mis en place sous la responsabilité de l’équipe de médecine féline de la Royal (Dick) School of Veterinary studies (Edimbourg), avec interdiction de sorties pour cette chatte. L’équipe contrôle très régulièrement l’excrétion virale dans ses fèces.
Un appel à la vigilance a été lancé à l’ensemble des praticiens britanniques pour toute suspicion de PIF sur un chat venant de Chypre. Le FCoV-23 pourrait être originaire du bassin méditérranéen, notamment de Turquie ou du Liban. Des recherches sont en cours.