Le contexte épidémiologique d’influenza aviaire hautement pathogène a amené les autorités sanitaires à initier un renforcement de la surveillance de la grippe aviaire chez l’humain. Ce dispositif est actuellement testé dans 4 régions.
Un nouveau dispositif de surveillance de la grippe aviaire chez l’humain, nommé SAGA pour « Surveillance active de la grippe aviaire », a été initié début décembre en France, vient d’annoncer Santé Publique France, via un communiqué de presse.
Il s’agit d’une expérimentation lancée pour une durée de 4 mois, dans 4 régions, la Bretagne, les Pays de la Loire, l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine. Le principe est de tester toutes les personnes ayant été exposées à un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène, que la personne présente ou pas des signes cliniques. Le test est une analyse RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé, en association avec un questionnaire relatif aux modalités d’exposition. Dans ce cadre, il est prévu « une priorisation des foyers à investiguer », explique Santé Publique France. « Pour les personnes non investiguées, il leur sera recommandé de surveiller leur état de santé pendant les 10 jours suivant la dernière exposition au foyer ».
A travers ce dispositif, l’objectif est de pouvoir détecter précocement les épisodes de transmission zoonotique de l’animal à l’humain. Santé Publique France signale d’ailleurs à ce sujet que d’autres pays européens l’ont déjà mis en place, notamment le Royaume-Uni, l’Espagne et la Belgique. Ce dispositif est porté par Santé Publique France, en lien avec le ministère de la santé et de la prévention, la direction générale de l’alimentation, le centre national de référence « Virus des infections respiratoires » ainsi que l’Agence national de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
A ce stade, deux foyers ont déjà été investigués, sans aucune positivité de toutes les personnes testées.
Des cas humains sporadiquesPour rappel, jusqu’à présent, la détection d’une circulation virale chez l’humain ne reposait que sur une surveillance évènementielle. Santé Publique France avait indiqué la conduite à tenir face à une suspicion de grippe aviaire (ou porcine), sur la base de l’avis du 10 décembre 2021 du Haut Conseil de la Santé Publique : « La recherche de grippe par RT-PCR suivie d’un sous-typage de tout prélèvement positif pour une grippe A est nécessaire pour toute personne présentant un tableau clinique d’infection respiratoire aiguë (IRA) ou des signes d’atteinte du système nerveux central (encéphalite ou méningoencéphalite) et rapportant une exposition à risque à des volailles, des palmipèdes ou des porcs quel que soit le statut sanitaire des animaux, ou encore à des oiseaux ou des Mammifères sauvages malades ou morts. »
Ce renforcement de la surveillance intervient dans un contexte de panzootie, avec une circulation des virus H5 du clade 2.3.4.4b, autant dans le compartiment domestique que sauvage. Cette dynamique est associée à un nombre croissant de franchissement de la barrière d’espèces vers des mammifères, dont des cas chez des humains. Néanmoins, les cas chez l’humain reste rare et sont associés généralement à une exposition à des oiseaux contaminés. Par ailleurs, à ce jour, il n’y a pas eu de confirmation de diffusion inter-mammifères. Si le risque pour la population générale reste faible, ce contexte de forte circulation virale implique de rester très vigilant et de mettre en place des dispositifs de surveillance pour caractériser les souches en circulation, détecter les évènements de franchissement de barrière d’espèces et mieux définir le risque pour la santé publique. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), depuis 2020, seulement 19 cas de grippe aviaire à H5N1 (tout clade inclus) ont été confirmés chez l’humain. Cette donnée est à mettre en regard des millions d’animaux touchés par le virus influenza aviaire de par le monde.