Faut-il avoir peur de la financiarisation des entreprises vétérinaires dans les années à venir ? Comment préserver la qualité de leurs services au sein de l’Union européenne ? Certains praticiens souhaitent détenir l’ensemble du capital pendant que d’autres ne voient pas le capital extérieur comme un danger. Témoignages et avis du président de la commission des affaires européennes de l’Unapl.
La financiarisation des entreprises, la course aux profits générant de beaux dividendes, l’ouverture du capital aux tiers… sont autant de termes qui font bondir certains praticiens libéraux qui craignent pour leur indépendance professionnelle. Détenir la majorité du capital et des droits de vote de sa structure permet en principe de garder le contrôle de son exercice et de préserver la qualité de ses services. Pour autant, l’ouverture du capital aux non-vétérinaires continue à générer de vifs débats. Faut-il ouvrir ou non son capital aux tiers ? La composition du capital va être en effet déterminante pour les associés et pour le développement de son activité. Certains considèrent qu’il y a un réel risque à dépendre d’investisseurs extérieurs, surtout s’ils se révèlent peu scrupuleux. L’exemple de la biologie médicale, devenue la proie des fonds d’investissement, inquiète à juste titre. D’autres y voient une solution à un besoin en financement et une opportunité pour développer leur structure, sans pour autant perdre le contrôle. Rappelons qu’un vétérinaire peut aujourd’hui exercer sous diverses formes juridiques de sociétés et la loi Ddadue du 16 juillet 2013 a posé un nouveau cadre juridique : « Plus de la moitié du capital social et des droits de vote doit être détenue, directement ou par l’intermédiaire des sociétés inscrites auprès de l’Ordre, par des personnes exerçant légalement la profession de vétérinaire en exercice au sein de la société » (article 16, chapitre II).
Parallèlement, la profession vétérinaire réglementée doit faire face à de nouvelles formes de concurrence, telles que l’e-commerce, la pharmacie low cost, l’e-santé, aux évolutions sociologiques (avec le salariat féminin et le sacro-saint équilibre entre vie professionnelle et vie privée), à de nouvelles contraintes réglementaires (accessibilité des établissements, loi d’avenir, registre à tenir, judiciarisation des relations clients, prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, Règlement général de la protection des données, etc.). Pour s’adapter dans ce nouveau contexte nécessitant davantage de moyens et d’outils technologiques, des structures de plus grande taille se développent et mutualisent leurs coûts. L’entreprise vétérinaire mue et les mentalités évoluent, parfois différemment. En témoignent, dans les pages suivantes, les divers points de vue de chefs d’entreprise vétérinaire sur les modèles économiques à venir. À condition de ne pas perdre son âme… et son éthique. François Blanchecotte, président de la commission des affaires européennes à l’Union nationale des professions libérales (Unapl), appelle la profession à s’unir, en Europe, sur la réglementation, afin de préserver la maîtrise de ses services, qui plus est de ses données stratégiques. •
Retrouvez l'intégralité de cet article en pages 42-47 de La Semaine Vétérinaire n° 1755.