Foyers de rhinopneumonie équine : état des lieux - Le Point Vétérinaire.fr

Foyers de rhinopneumonie équine : état des lieux

Marion Boidot | 12.03.2021 à 00:00:00 |
© JackieNix-Istock

Plusieurs foyers de rhinopneumonie équine à forme nerveuse (virus EHV-1) se sont déclarés en France au cours des dernières semaines, en lien avec le foyer déclaré mi-février à Valence (Espagne). Le 9 mars 2021, l’AVEF organisait une table ronde ouverte à tous pour faire le point sur la situation sanitaire.

Le foyer initial

Le foyer initial s’est déclaré le 14 février 2021 sur le site du CSI de Valence, en Espagne, où plus de 800 chevaux étaient stationnés dans des conditions qui, selon Anne Couroucé-Malblanc (Oniris), étaient idéales pour une flambée épidémique, quelle que soit la maladie : l’ensemble des chevaux étaient ainsi logés sous une tente unique, avec une ventilation médiocre et très peu d’espaces extérieurs, obligeant les chevaux et les personnes à des contacts rapprochés constants.
Selon toute probabilité, le premier cas s’est déclaré dès la première semaine de compétition, sans que le comité d’organisation ne prenne de mesure sanitaire particulière. L’alerte a ensuite été donnée le 14/02 par des cavaliers français suite à 2 chevaux ayant présenté un épisode fébrile en quelques jours. Malheureusement, une cinquantaine de cas se sont ensuite déclarés avant que la FEI et le comité d’organisation ne décident conjointement de mettre des mesures sanitaires et hygiéniques en place. 
Les autorités sanitaires espagnoles ont finalement bloqué le site, au sein duquel 180 chevaux étaient encore stationnés, la majorité des animaux étant donc déjà repartis vers leurs écuries et pays d’origine.
Tardivement, elles ont décidé de la création de 2 zones : une zone “verte” pour les chevaux asymptomatiques, une zone “contaminée” pour les chevaux présentant des symptômes.
Malheureusement, aucun test n’a été réalisé sur les chevaux asymptomatiques avant leur passage en zone “verte”, et les mesures sanitaires entre les zones (désinfection du matériel, pédiluves, utilisation de blouses ou de gants…) sont inexistantes. La circulation du virus se poursuit donc dans les deux zones, des cas continuant à se déclarer. Un protocole de sortie de quarantaine a été mis en place sur la base de la répétition de tests PCR négatifs, mais à ce jour, aucune mesure de quarantaine n’est effective sur le site.

Quid des chevaux français?

La proactivité de la FFE et les contacts rapprochés entre les ministères de l’agriculture français et espagnols ont permis de conclure un accord pour le rapatriement des chevaux français asymptomatiques dans la nuit du 10 au 11 mars,  avec une halte dans le sud de la France dans une écurie spécialement montée pour ces chevaux, puis un isolement sur le site de Lamotte-Beuvron permettant la séparation des chevaux ayant un test positif de ceux ayant un test négatif. Ces mesures concernent une dizaine de chevaux.

Deux nouveaux foyers espagnols

Deux autres foyers se sont déclarés en Espagne depuis le début de cette crise sanitaire : l’un sur le concours d’Oliva, le second sur le concours de Vejer de la Frontera, concernant 2000 chevaux environ.

La situation en France

Selon Christel Marcillaud-Pitel, directrice du RESPE, il n’y a pas, à ce jour, pas d’épizootie de rhinopneumonie équine en France. En effet, la majorité des chevaux présents à Valence et rentrés en France ont été isolés et testés, et font pour la plupart l’objet d’un suivi vétérinaire rapproché. A ce jour, la vingtaine de foyers directement en lien avec le concours de Valence est maîtrisée, et aucun échappement de la maladie n’a été constaté.

La situation actuelle en France, avec l’apparition de cas sporadiques répartis sur l’ensemble du territoire, est donc normale pour la saison, et l’ensemble des mesures sanitaires mises en place - la suspension des compétitions et des rassemblements d’équidés, notamment - vise à maintenir ce taux saisonnier à un niveau habituel.

Toutefois, il existe une inquiétude légitime liée au retour des chevaux depuis les deux autres foyers espagnols : les autorités sanitaires espagnoles ayant décidé, dans ces cas-là, d’autoriser le retour de l’ensemble des animaux sans mesures sanitaires préalables, il n’y a à ce jour aucune donnée disponible quant aux statuts des chevaux revenant en France, et sans possibilité de traçage du parcours de ces chevaux.
Le 9 mars 2021, un foyer avait pour l’heure été confirmé en lien avec le concours de Vejer de la Frontera.

Une forme particulièrement virulente de rhinopneumonie?

L’ampleur de la crise sanitaire a généré des interrogations sur la souche virale responsable de l’épidémie, notamment sur sa virulence et sur sa contagiosité.
D’un point de vue clinique, la maladie observée est caractérisée par une phase fébrile de 2 à 6 jours, puis, selon les cas : guérison du cheval, développement de symptômes neurologiques modérés (queue flasque, rétention urinaire), développement de symptômes sévères nécessitant l’hospitalisation (ataxie, décubitus).

A ce jour, 11 chevaux sont morts suite à l’évolution des signes neurologiques, et, bien que ce nombre soit impressionnant dans une période si restreinte, il s’agit du taux de mortalité usuel de la rhinopneumonie à forme nerveuse liée à EHV-1. Pour l’instant, rien ne permet donc de conclure à une forme particulièrement virulente et agressive du virus EHV-1.

Les recommandations du RESPE et de la DGAL

Le RESPE appelle l’ensemble de la filière et des vétérinaires à la plus grande vigilance, afin de détecter l’ensemble des foyers et d’établir le lien éventuel avec les foyers espagnols. L’ensemble des compétitions équestres nationales et internationales sont suspendues jusqu’au 28 mars 2021, mais ces mesures ne s’appliquent pour l’instant pas aux courses (Trot, Galop), du fait de la séparation des deux filières et de l’obligation vaccinale en courses depuis 2018.
A l’heure actuelle, les rassemblements équestres (foires, chasses à courre, concours non officiels…) ne sont pas interdits. La DGAl a toutefois émis des recommandations aux préfectures et aux DDPP afin de suspendre l’organisation de tels évènements. Cependant, la rhinopneumonie équine n’étant pas une maladie réglementée, l’intervention des préfectures dépasse les prérogatives des autorités sanitaires, les modalités de maintien ou de suspension de ces rassemblements dépendent donc de l’arrêté préfectoral pris localement.
Les mesures sanitaires recommandées reposent sur plusieurs axes : isoler, dépister, vacciner.

Marion Boidot
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