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Gestion raisonnée des traitements antiparasitaires vétérinaires: une étude vient de paraitre

Clothilde Barde

| 04.10.2022 à 14:30:00 |
© huafires

Face à l’écotoxicité des traitements antiparasitaires vétérinaires et à l’apparition, depuis plusieurs années, de résistances vis-à-vis de plusieurs familles de molécules antiparasitaires, une étude de gestion raisonnée du risque parasitaire a été menée chez des éleveurs du sud-est de la France (Gard et Hérault).

Comprendre comment les éleveurs intégrent la gestion raisonnée du risque parasitaire dans leur stratégie est l'un des objectifs de l'étude présentée par Ilyes Bouasla, Aurélie Binot et Philippe Jacquiet (respectivement Université Constantine (Algérie), CIRAD et INRAE et Ecole nationale vétérinaire de Toulouse) dans la Revue d'élevage et de médecine vétériniare des pays tropicaux publiée en 2022. Ainsi, lors de la construction de la nouvelle ligne ferroviaire Nîmes-Montpellier dans le sud de la France, l’entreprise Ocvia Maintenance a du financer des mesures environnementales compensatoires pour la protection d’espèces animales protégées (notamment le lézard ocellé, Timon lepidus). Parmi celles-ci, la gestion agroenvironnementale de plusieurs parcelles a été confiée à des éleveurs, sous réserve du respect d'un cahier des charges environnemental. Comme l'indiquent les auteurs de l'étude, 19 éleveurs du Gard et de l'Hérault (ovins, caprins, équins, bovins camarguais et bovins d’engraissement) ont ainsi signé en 2016 et 2017 le cahier des charges intitulé «Gestion raisonnée du risque parasitaire ». Ce dernier comprenait quatre rubriques: le diagnostic initial où est appréhendée la contamination parasitaire du troupeau par les endoparasites; le choix des molécules de traitement en privilégiant des traitements non écotoxiques comme les benzimidazoles et en réduisant l’utilisation des lactones macrocycliques dans la mesure du possible; les modalités d’administration en conciliant efficacité et préservation de l’environnement; et enfin, la gestion du troupeau en évitant la recontamination des pâturages et des animaux. 

Mieux comprendre les pratiques

Dans l'étude présentée ici, coencadrée par le groupement de défense sanitaire du Gard, la chambre d’agriculture du Gard et le Conservatoire d’espaces naturels du Languedoc-Roussillon, l'objectif était d’accompagner ces éleveurs vers la gestion raisonnée des traitements antiparasitaires. A cet égard, des entretiens ont été réalisés entre février et mars 2019 avec plus d’une trentaine de questions (ouvertes ou fermées) posées aux éleveurs pour qu'ils décrivent leurs pratiques (type d’élevage et équipements, méthodes de détection des parasitoses et traitements effectués, compréhension et respect du cahier des charges). De plus, des coprologies ont été réalisée pour déterminer l’importance de l’infestation des troupeaux par les endoparasites et pour pouvoir préconiser des traitements ciblés. Enfin, des audits parasitaires, visant à expliquer les diagnostics à réaliser en amont des traitements ainsi qu'à  donner des explications sur l’écotoxicité des molécules utilisées, ont été réalisés avec trois vétérinaires, un chercheur vétérinaire et deux écologues, spécialisés sur la thématique étudiée. Ces derniers ont permis d’identifier des éléments clés pour la mise en œuvre d’une gestion raisonnée du parasitisme mais aussi de comprendre les principales difficultés rencontrées par les acteurs de terrain, et les perspectives de recherche et d’action.

Un accompagnement à renforcer

Les résultats obtenus ont permis de constater que "80 % des éleveurs se sont orientés vers une stratégie raisonnée sans forcément en avoir conscience puisqu’ils traitaient rarement leurs animaux et étaient dans l’ensemble soucieux d’appliquer les bonnes modalités de traitement". Néanmoins, selon les chercheurs, les éleveurs semblaient avoir besoin d’un accompagnement rapproché pour le diagnostic, le choix du moment du traitement et les molécules à utiliser, ainsi que pour la gestion des mouvements des animaux entre les parcelles. "Le rôle des vétérinaires praticiens dans ce type d’approche est donc essentiel" ont-ils conclu, "même si un travail de sensibilisation et de formation doit être organisé afin de favoriser leur implication". C’est la raison pour laquelle, selon eux, le groupement de défense sanitaire, la chambre d’agriculture et le Conservatoire des espaces naturels du Languedoc-Roussillon auraient intérêt à créer un partenariat avec les vétérinaires locaux afin que les différents intervenants puissent réfléchir ensemble à un accompagnement durable.

Clothilde Barde

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