Un premier rapport a été rendu sur l’expérimentation de la vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène chez le canard mulard. Les vaccins testés confèrent une bonne protection clinique et permettent de réduire l’excrétion virale.
Les essais pour évaluer la vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) avancent, avec un premier rapport qui vient d’être rendu publique. Deux vaccins ont été testés chez le canard mulard : Duck H5-SRV vaccine® de Ceva Santé Animale, un vaccin à ARN ; et Volvac B.E.S.T. AI+ND® de Boehringer Ingelheim animal health (BI), un vaccin bivalent adjuvé sous-unitaire (H5 modifiée). Le protocole vaccinal consistait en 2 injections à environ 3 à 4 semaines d’intervalle : ) 1 et 28 jours pour le vaccin Ceva ; et à J10 et J28 pour le vaccin Boehringer Ingelheim. Les essais se sont déroulés en deux étapes : dans un premier temps, les animaux étaient élevés dans des conditions d’élevage, période durant laquelle ils ont été vaccinés (ou pas, témoins). Dans un deuxième temps, certains ont été transférés au laboratoire de l’Anses pour être soumis à un challenge infectieux. Trois séries d’essai ont été menées : pour chacune, un lot de canetons mulards, avec les mêmes parentaux, était réparti entre deux sites (un site par vaccin) avec les mêmes conditions d’élevage. Les animaux étaient élevés sans accès à un parcours extérieur. A l’Anses, les animaux étaient élevés sur caillebottis.
Une réduction du niveau et de la durée d’excrétionLes résultats sont prometteurs. Tout d’abord, aucun effet secondaire à la vaccination n’a été rapporté (y compris au niveau du site vaccinal), montrant la bonne innocuité des deux vaccins. De plus, les analyses sérologiques ont confirmé une séroconversion à l’issue du protocole vaccinal, avec un pic à 8 semaines et une décroissance des titres à partir de l’âge de 10 semaines.
Pour la suite, l’efficacité de la vaccination a été analysée au travers de deux épreuves infectieuses : une à 7 semaines d’âge, et une autre à 11 semaines. Dans les deux cas, les analyses de laboratoire ont exclu toute infection par des virus influenza aviaires sauvages permettant de conclure sur les effets de la vaccination. Il en est ressorti que les deux vaccins conféraient d’une part une bonne protection clinique, aucun des animaux vaccinés et challengés n’ayant manifesté de signes cliniques, même minimes. Toutefois, il faut noter que les animaux non vaccinés n’ont pas montré, non plus, de signes cliniques sauf un qui a présenté prostration et tremblements 4 jours après l’infection expérimentale, et qui est mort au sixième jour.
D’autre part, le niveau d’excrétion virale (oro-pharyngée et cloacale) a été réduit de manière significative chez les animaux vaccinés et infectés, par rapport aux animaux non vaccinés et infectés, et ce dès 1 jour après épreuve. Le niveau de réduction était toutefois plus marqué lorsque le challenge était rapproché de la dernière injection vaccinale. De même que la période d’excrétion virale était rallongée lorsque le challenge était plus éloigné de la dernière injection vaccinale. Ainsi, lors de l’épreuve à 7 semaines, il n’y avait plus de détection d’excrétions oro-pharyngée et cloacale respectivement dès 7 et 10 jours post-inoculation pour le vaccin Ceva ; et dès 10 et 14 jours pour le vaccin de Boehringer Ingelheim. Lors de l’épreuve à 11 semaines, du génome virale était toujours détecté dans les écouvillons oro-pharyngée et cloacaux 14 jours après épreuve pour le vaccin Ceva ; même constat pour le vaccin de Boehringer Ingelheim chez plus de la moitié des animaux vaccinés.
Au niveau de la réponse immunitaire, les tests sérologiques combinés (ELISA contre les protéines NP et H5 ou l’IHA pour l’antigène vaccinal pour le vaccin de Boerhinger) ont montré leur capacité à différencier les animaux vaccinés des non vaccinés.
D’autres résultats sont attendus avant l’été et à l’automne prochain. Ils montreront la capacité des deux vaccins à limiter la transmission directe et indirecte du virus chez des animaux vaccinés.
A ce stade, le rapport ne dit rien de la faisabilité possible d’un plan de vaccination pour l’automne prochain.