Depuis juin, des zones de contrôle temporaire se multiplient le long du littoral nord de la France, du fait de la multiplicité de cas d’influenza aviaire hautement pathogène en avifaune sauvage. En Bretagne, tous les départements sont désormais placés en zone de réglementée.
Le 8 juin 2022, la France était repassée à un niveau de risque épizootique influenza aviaire « Négligeable ». En cause, une amélioration de la situation sanitaire avec aucun nouveau foyer confirmé en élevage depuis le 17 mai ; en parallèle, seuls quelques cas étaient encore détectés en avifaune sauvage. Mais depuis cet abaissement du niveau de risque, la situation sanitaire s’est dégradée. D’une part, le virus a continué de circuler dans l’avifaune sauvage depuis la mi-mai le long du littoral nord de la France avec une multiplication du nombre des Hauts-de-France jusqu’en Bretagne, participant de fait au maintien d’une pression environnementale. Début août, avaient ainsi été confirmés une soixantaine de cas dans l’avifaune sauvage le long des côtes françaises. D’autre part, deux nouveaux foyers en élevage commercial ont été confirmés, le 29 juillet dans la Manche et le 31 juillet dans la Somme.
Un renforcement des mesures de lutteDans ce contexte, les autorités sanitaires ont définies, depuis juin, des zones de contrôle temporaire (ZCT), dans les territoires concernées, afin de prévenir du risque d’introduction du virus en élevage.
Plusieurs mesures y sont en vigueur en particulier : mise à l’abri des oiseaux dont les volailles de basse-cour et autre oiseau captif, à l’intérieur de bâtiments ou sous filet * ; interdiction de mouvements d’animaux vivants (y compris pour les exploitations non commerciales), sauf notamment pour un acheminement vers un abattoir ; limitations des mouvements d’animaux domestiques, de personnes et de véhicules ; interdiction des rassemblement d’oiseaux ; interdiction de la vente directe au sein de la ferme ; renforcement de la surveillance de la faune sauvage.
Dans ces zones, l’objectif est aussi de renforcer la surveillance. Les éleveurs sont ainsi incités à déclarer une suspicion de maladie, dès les premiers signes cliniques. De plus, l’objectif est de généraliser une surveillance programmée des élevages de volailles, via des autocontrôles, à la charge des éleveurs, hebdomadaires sur les animaux morts dans les élevages de plus de 250 oiseaux, et systématiques avant mouvements. L’obligation d’autocontrôles hebdomadaires est valable pour tous les élevages de palmipèdes, de volailles plein air et les élevages n’ayant pas un niveau correct de biosécurité. Les modalités précises des autocontrôles ont été définies dans une instruction technique de la Direction générale de l’alimentation en date du 5 août.
Toute la Bretagne est en zone de contrôleCes ZCT ont évolué au fil des évènements sanitaires. Loin d’être en baisse, à la mi-août, ces zones se sont désormais étendues à l’ensemble des départements de Bretagne – Côtes d’Armor (11 août), Ille-et-Vilaine (12 août), Finistère (15 août), Morbihan (15 août). « La zone de contrôle temporaire départementale pourra être levée en cas d’évolution favorable de la circulation virale dans la population d’oiseaux sauvages et en absence de foyer détecté en élevage », est-il indiqué sur les sites des préfectures des départements.
Cette année est exceptionnelle pour la France, soulignent les experts de la plateforme ESA, « de par son ampleur et la période où les détections ont cours ». La période estivale était, en effet, considérée jusqu’à présent comme une période « creuse » (intersaison) pour le risque IAHP. C’est donc la première fois que des mesures spécifiques de lutte doivent être instaurées pendant l’été. Lors de la précédente épizootie de 2020-2021, les deux derniers foyers domestiques avaient été confirmés dans des basse-cours le 29 avril 2021 dans les Ardennes, puis le 8 juillet dans le Loiret. Côté faune sauvage, le dernier cas avait été confirmé le 3 mai 2021.
Ailleurs en Europe, le virus continue également de circuler, à l’origine d’un premier foyer pour la saison 2022/2023 aux Pays-Bas, dans un élevage de plus de 100 000 volailles situé à Overijssel à l’est du pays.