Face à la flambée des foyers dans le sud-ouest, ce dépeuplement sera mis en œuvre dans 226 communes des départements des Landes, des Pyrénées Atlantiques et du Gers. Il sera suivi d’un vide sanitaires généralisé de 3 semaines. Près de 1,3 millions de volailles pourraient être concernées.
Aux grands maux les grands remèdes. Face à la diffusion rapide du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans le sud-ouest de la France, les autorités sanitaires, en concertation avec les professionnels, ont décidé de mettre en œuvre un dépeuplement progressif des élevages, suivi d’un vide sanitaire généralisé d’environ 3 semaines. Cette décision a été annoncée par conférence de presse ce jeudi 20 janvier 2022.
226 communes, 1,3 millions de volaillesAu total, 226 communes des Landes, des Pyrénées Atlantiques et du Gers sont concernées par cette mesure : elles se situent dans une zone dite active, dans laquelle le virus diffuse le plus rapidement. Avec 166 foyers d’élevage dénombrés à ce jour, le département des Landes est le plus touché, et compte donc le plus grand nombre de communes concernées par cette mesure, soit 161 communes.
Près de 1,3 millions de volailles (toutes espèces) pourraient être concernées par ce dépeuplement. Le ministère espère toutefois pouvoir valoriser autant que possible une partie de la production. Cela correspond donc aux volailles qui seraient en ce moment sur la fin de leur cycle d’élevage, et qui pourraient, après abattage, partir en circuit de commercialisation. Ces 1,3 millions s’ajouteraient aux 1,2 millions de volailles déjà abattues (900 000 palmipèdes, 400 000 galliformes) dans le cadre d’un foyer ou d’un abattage préventif. Au total donc, on pourrait arriver à près de 2,5 millions de volailles abattues. L’an dernier, pour l’épizootie de 2020-2021, ce sont 1,1 millions d’animaux qui avaient été abattus dans le cadre d’un foyer et 2,2 millions dans le cadre d’un abattage préventif.
Pour y arriver, il faudra encore plus mobiliser des outils d’abattage. Pour ce faire, une 2ième plateforme d’abattage viendra s'ajouter à la première déjà présente dans les Landes, en plus des établissements d’abattage.
Avec cette mesure forte, les autorités sanitaires, comme les professionnels, espèrent pouvoir enrayer rapidement la diffusion du virus, et reprendre le plus rapidement possible par la suite, la mise en production des animaux.
Tous les modes de production sont touchésFace à cette décision, la question de savoir comment on en est arrivé là, est sur toutes les lèvres. Le ministère y répond avec les premiers éléments dont il dispose.
Il insiste bien, tout d’abord, sur le fait que cette année, la diffusion est moins rapide que l’an dernier, montrant l’efficacité des mesures préventives de mise à l’abri et de baisse de densité des animaux dans les élevages, ainsi que l’efficacité des mesures de gestion de crise. Pour l’illustrer, quelques données chiffrées sont indiquées : cette année, sont traitées environ 20 suspicions de foyers par jour, quand l’an dernier, il y en avait dans les 60. De la même manière, environ 10 foyers par jour son confirmés, quand l’an dernier, on en était aux alentours de 20 à 30.
De plus, la souche virale circulante est différente cette année, étant donné qu’elle touche toutes les espèces de volailles : il y a ainsi environ 60% de palmipèdes touchés, et 40% de galliformes, alors que l’an dernier, 90% des palmipèdes étaient touchés.
Des études sont en cours pour identifier les facteurs ayant contribué à l’introduction et la diffusion de la maladie. Il ressort à ce stade que les liens épidémiologiques entre les élevages ont favorisé la diffusion du virus, montrant bien qu’il y a encore des marges de progrès sur la biosécurité. Ce résultat sera affiné dans les semaines à mois, à venir. Mais le ministère insiste bien sur le fait que tous les types d’élevage sont touchés, et qu’on ne peut pas affirmer aujourd’hui qu’un mode de production est plus protecteur qu’un autre.
Et la suite ?Sur le long terme, les résultats de ces études permettront d’améliorer la lutte contre la maladie. Il est déjà acquis qu'un travail sera à faire pour améliorer encore la biosécurité. De plus, la maladie pourrait menacer l'Europe, et la France, sur plusieurs années : dans cette optique, une réflexion sera à mener avec les profesionnels pour réfléchir sur le maintien des réductions de densité d'animaux en élevage sur le long terme. En parallèle, le ministère rappelle aussi qu’une stratégie vaccinale pourrait s’ajouter à terme aux mesures de lutte, si toutes les conditions pour une mise en oeuvre opérationnelle sont réunies. Pour les aspects techniques, une expérimentation va être lancée pour tester deux vaccins candidats. Pour le reste, il faudra réussir à négocier avec les partenaires européens pour aboutir à un cadre légal européen sur cette question.
En attendant, le ministère a déjà débloqué les premiers fonds pour les éleveurs, avec des premiers versements d'acomptes dans le Nord et aussi le Sud-ouest. Pour le reste, les dispositifs de l'an dernier sont reconduits.