IAHP : le risque pandémique est scruté par l’Efsa et l’ECDC - Le Point Vétérinaire.fr

IAHP : le risque pandémique est scruté par l’Efsa et l’ECDC

Tanit Halfon

| 06.02.2025 à 13:04:00 |
© iStock-Tempura

Afin d'appuyer les Etats membres, les deux instituts européens ont listé les mutations génétiques susceptibles d’accroitre le risque pandémique de grippe aviaire, tout comme les facteurs favorisant l’adaptation des virus influenza aviaire aux mammifères. Ils ont aussi élaboré des plans d’action que les Etats membres devraient appliquer en cas d’apparition de foyers épidémiques.

Sur demande de la Commission européenne, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) viennent de publier deux avis scientifiques pour accompagner les Etats membres à mieux anticiper le risque pandémique de grippe aviaire.

Le premier avait pour objectif d’évaluer le risque pandémique, et d’identifier des mesures pour s’y préparer. Le deuxième visait à proposer des mesures sur la manière d’enquêter et de contrôler les foyers (animaux et humains), selon une approche « une seule santé ».

Une trentaine de mutations à surveiller

Dans le premier avis, les experts ont pu établir une liste de 34 mutations génétiques susceptibles d’augmenter le risque pandémique. L’émergence de ces mutations est rendue possible par le fait qu’il y a une forte circulation des virus chez les oiseaux, amenant fatalement à une plus grande possibilité d’exposition et d’infections des mammifères. Fort heureusement, jusqu’à présent, seuls des cas sporadiques de virus avec des multiples mutations (au moins 8), associées à un nombre élevé de modifications phénotypiques (au moins 3), ont été détectés. Il s'agit principalement des sous-types A(H7N9), A(H5N6), A(H9N2), A(H3N8), mais aussi de quelques virus appartenant aux sous-types A(H5N1), A(H10N3) et A(H10N8). Selon le rapport, « les mutations adaptatives dans le domaine de liaison au récepteur de l'HA (RBD), identifiées dans les virus pandémiques précédents, restent rares » ; celles observées l’ont été en Asie et en Afrique.

D’autres mutations et caractéristiques phénotypiques, pas listées dans ce rapport, pourraient émerger, préviennent les experts. Cette liste, exhaustive à ce jour, sera ainsi continuellement mise à jour.

A noter que la forte circulation virale peut aussi faciliter l’apparition de changements génétiques via les évènements de réassortiment entre virus aviaire et autre virus influenza de mammifères dont l’humain. Ce phénomène n’est pas étudié dans le rapport, mais les experts indiquent que « d’autres mécanismes, comme le réassortiment, pourraient affecter de manière significative le potentiel zoonotique ».

Selon les experts, plusieurs mesures de prévention sont à envisager, à commencer par la surveillance des animaux malades ou morts en lien avec d’autres animaux (oiseaux ou mammifères) infectés, tout comme la surveillance génomique complète des virus chez les animaux et les humains. Il est aussi conseillé de tester les personnes exposées symptomatiques ou pas, et renforcer le typage et sous-typage des échantillons positifs pour la grippe et la collecte de données sur chaque cas.

Mener des actions avec l’approche « one health »

Les experts préconisent également une liste de recommandations à appliquer en élevage. Avec des mesures de court terme : sans surprise, la biosécurité est mise en avant, et elle doit être faite « parallèlement aux stratégies de vaccination des animaux ». Et de long terme : réduire la densité des exploitations commerciales d’espèces très sensibles « principalement mais pas uniquement » en zones à risque, réduire la densité animale pour les espèces très sensibles (comme les visons par exemple), mais aussi « la présence de systèmes d’élevage en plein air ou semi-ouverts » ; réorganiser certains systèmes de production animale (par exemple, ceux où les animaux se déplacent beaucoup). Parmi les autres recommandations, on peut citer la surveillance de la faune sauvage, ou encore la communication visant le grand public et les professionnels de santé.

A noter que selon les experts, « l'éventuelle vaccination au moyen du vaccin H5 des personnes régulièrement exposées, professionnellement ou non, à des animaux infectés doit être considérée à ce stade comme une mesure complémentaire facultative fondée sur les recommandations nationales ; à l'heure actuelle, les données sont insuffisantes pour recommander la vaccination contre la grippe zoonotique dans tous les pays de l'UE/EEE. »

Le deuxième avis, lui, s’est penché sur les actions très concrètes à mettre en place en cas de foyers d’influenza aviaire zoonotiques « à l’interface homme-animal-environnement ». Cinq scénarios ont été étudiés, avec dans chacun les acteurs à mobiliser et leurs responsabilités, et les outils à développer. Pour les experts, « dès qu'un virus zoonotique de l'influenza aviaire est suspecté ou identifié, la réponse « One Health » doit être activée », sachant qu’il faut aussi intégrer les acteurs du secteur de l’environnement.

Tanit Halfon

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