Alors que des nouveaux foyers viennent d’être confirmés dans le sud-ouest de la France, les autorités sanitaires sont en train de fixer de nouvelles modalités de lutte pour la prochaine saison à risque. Parmi elles, la campagne de vaccination qui sera à priori lancée avec le vaccin du laboratoire Boehringer Ingelheim.
L’organisation de la lutte contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) pour la prochaine saison à risque se met progressivement en place. Nouveau pilier de la lutte, la vaccination qui sera mise en œuvre sur le terrain se dessine. En effet, il a été annoncé que c’est le vaccin du laboratoire allemand Boehringer Ingelheim, le Volvac B.E.S.T. AI+ND®, qui a été retenu pour la campagne française de vaccination, au détriment de celui développé par le laboratoire français Ceva santé animale. Les deux vaccins avaient fait l’objet d’une expérimentation en France avec des résultats positifs. Cette décision a soulevé de vives interrogations de la part des politiques en local et des professionnels, mettant notamment en avant le principe de souveraineté national pour les médicaments. Côté Ceva, un référé auprès du Tribunal administratif de Paris a été déposé pour contester cette décision, le laboratoire regrettant « que l’administration n’aie pas privilégié un scénario permettant la répartition des doses à produire entre les différents répondants à l’appel d’offres, afin de répartir les risques et éviter toute défaillance vaccinale ». Un retour du Tribunal est attendu pour fin juillet.
Définition du schéma vaccinalLe schéma vaccinal acté par les autorités sanitaires est une vaccination obligatoire de tous les élevages commerciaux de canard (Pékin, Barbarie et mulard) sur tout le territoire (hors Corse) et pendant toute l’année. Pour les élevages de canards reproducteurs, la vaccination restera volontaire. Toutefois, la vaccination sera interdite pour les canards reproducteurs dont les produits vont à l’exportation. Côté coût, le ministère a annoncé une prise en charge financière à hauteur de 85%. Côté pratique, le vaccin de Boehringer est un vaccin sous-unitaire recombinant H5 inactivé, qui assure une protection croisée dont le virus H5Nx du clade 2.3.4.4b. Deux injections à à J10 et J28 sont nécessaires, avec une administration qui se fait en sous-cutanée. Le stockage du vaccin est simple puisqu’il peut se faire directement au réfrigérateur (2-8°C). Ce vaccin est commercialisé depuis 2014. En face, le vaccin de Ceva, le Duck H5-SRV vaccine®, est un vaccin à ARNm qui se conserve à une température de -80°C. Comme pour Boehringer, 2 injections sont nécessaires, par voie intra-musculaire, mais la première injection est possible dès le couvoir à J1.
Stratégie de dé-densification dans le grand ouestAutres piliers de la lutte, les laboratoires d’analyse biologique qui sont notamment amenés à participer à la surveillance de la circulation virale en post-vaccinal. Pour y arriver, le ministère a lancé un appel à candidature afin de compléter le réseau existant de laboratoires agréés pour les analyses de type ELISA-NP.
Le ministère a également annoncé qu’il avait été acté une stratégie de réduction des densités de canards dans le grand ouest. C’est une première pour cette région, qui suit les pas du sud-ouest. En effet, l’hiver dernier 2022-2023, avait été mis en œuvre dans le sud-ouest le plan Adour consistant en une baisse drastique des densités d’animaux, tout particulièrement pour les palmipèdes, dans les zones les plus à risque (Landes, Gers, Pyrénées-Atlantiques) pendant la période la plus à risque (15 décembre – 15 janvier). Pour le grand ouest, ce sont les départements des Pays-de-la-Loire et celui des Deux-Sèvres qui sont concernés par la réduction des densités de canards. Comme expliqué par le ministère, « l’objectif est de réduire progressivement la densité de canards dans les élevages jusqu’à la mise en place de la vaccination afin de limiter le risque d’apparition d’une nouvelle vague épizootique. Cette stratégie s’effectue en deux étapes : tout d’abord l’arrêt progressif à partir du mois de juillet 2023 de la mise en place de canards non vaccinés dans 45 communes des Pays-de-la-Loire et des Deux-Sèvres, puis la mise en place uniquement de canards vaccinés à compter d’octobre 2023. La mesure s’applique également autour d’une quarantaine de sites stratégiques pour la génétique aviaire. »
Un risque toujours présent en étéCes avancées dans l’organisation de la lutte contre l’IAHP ne doivent pas occulter le fait que le risque d’introduction du virus en élevage reste toujours présent actuellement. Si le niveau de risque épizootique a été abaissé à un niveau « négligeable », le virus circule toujours dans l’avifaune sauvage. Des foyers sporadiques sont détectés. Derniers en date, dans les Landes, avec au moins un foyer confirmé le 11 juillet 2023 à Saint Yaguen. Un 2e foyer avait été suspecté à Maylis : une première analyse était revenue positive, mais une deuxième analyse avait infirmé le premier résultat. Ces toutes récentes détections sont particulièrement surveillées étant donné qu’il s’agit de zones à très forte densité d’élevages, dont des établissement « de volailles reproductrices indispensables aux filières », a souligné la préfecture des Landes dans un communiqué. Outre les mesures habituelles de lutte (abattage des animaux, zones de protection et de surveillance), les enquêtes se poursuivent pour comprendre la survenue du foyer alors que cela faisait plusieurs semaines qu’il n’y avait eu aucune déclaration.