Au 24 mars 2022, 1006 foyers en élevages de volailles ont été confirmés. Le grand ouest est le territoire français le plus touché par l’épizootie. Dans le sud-ouest, la situation reste stable, même si des foyers ont été récemment détectés dans le Lot. Un dépeuplement préventif est attendu en Vendée.
C’est malheureusement sans surprise que la barre de 1000 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a été dépassée. Selon les données du ministère, au 24 mars 2022, 1006 foyers ont été confirmés en élevage, auxquels s’ajoutent 19 foyers en basse-cours, et 39 cas dans l’avifaune sauvage.
Et pour la première fois dans une épizootie d'IAHP en France, la 4ième depuis 2015, ce n’est pas le sud-ouest qui est la zone la plus touchée, mais le grand ouest du territoire. Ainsi, pour cette crise, 36,5% des foyers (367) en élevage concernent le sud-ouest….quand 60,6% (610) concernent le grand ouest (Pays de la Loire et Bretagne) ! La région des Pays de la Loire est la plus touchée dans le grand ouest. En premier, le département de la Vendée qui totalise 463 foyers, suivi du Maine-et-Loire (73 foyers) et de la Loire-Atlantique (71 foyers), la Mayenne ne comptant qu’un seul foyer.
Au total, ce sont 17 départements français qui sont touchés cette année par l'IAHP. Lors de la précédente épizootie, 10 départements avaient été atteints dans le compartiment volailles.
L’abattage préventif s’organise dans le grand ouestFace à l’ampleur de la crise, le ministre avait annoncé début mars un renforcement des mesures de lutte dans les Pays de la Loire avec une augmentation des capacités de dépeuplement, une suspension des expéditions des poussins et œufs à couver, un élargissement de la zone de surveillance avec interdiction des mouvements et remises en place des animaux et enfin un dépeuplement autour des sites stratégiques (couvoirs, élevages de reproducteurs) dans un rayon de 5 km.
Toutefois, en réalité, pour l’instant, il n’y a pas eu encore de dépeuplement préventif ou à la marge. Les abattages ont en très grande majorité concerné les foyers et les élevages suspects.
Mais les choses vont évoluer, puisqu’il y a 2 jours, le 22 mars, en déplacement à la préfecture de la Roche-sur-Yon en Vendée, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a indiqué qu’il n’y avait pas d’autres solutions à court terme que le dépeuplement des élevages de volailles, pour éviter la diffusion du virus. Ce dépeuplement ne sera pas un dépeuplement de tous les élevages de volailles de Vendée mais un dépeuplement ciblé autour de sites stratégiques pour les filières avicoles comme les couvoirs et élevages de reproducteurs, comme l’explique l’instruction technique de la Direction générale de l’Alimentation (DGAL) à ce sujet et datée du 23 mars. L’objectif avec ce dépeuplement préventif est de « sauvegarder la génétique de la filière avicole et la capacité à repeupler les élevages de productions après la crise ».
Le principe est le suivant :
- un abattage dans un rayon de 5 km autour de sites très sensibles
- un abattage dans un rayon de 3 km autour de sites sensibles
Le recensement des sites stratégiques est en cours et il y aurait dans les 200 sites sensibles. On ne sait pas encore combien d’élevages seraient alors concernés par l’abattage préventif, ni combien de volailles. La Vendée compte environ 1500 élevages de volailles. Jusqu’à présent, dans le département et ceux limitrophes, près de 5 millions de volailles ont été abattus.
Un début de baisse de la pressionCette politique de dépeuplement va être probablement compliquée à mettre en œuvre étant donné que les capacités d’abattage et d’équarrissage ne sont pas infinies et ont montré déjà des limites pour la gestion des foyers. En effet, selon des témoignages recueillis dans des médias grand public, d’un part, certains éleveurs ont attendu plusieurs jours (jusqu’à une dizaine) avant qu’on passe récupérer des animaux morts d’IAHP, d’autre part d’autres ont « abattu » leurs volailles en fermant la ventilation induisant une mort par asphyxie, puis ont enterré les animaux sur l’exploitation en les couvrant de chaux. On ne sait pas combien d’éleveurs sont concernés par ces différentes situations, qui ont, par ailleurs, été confirmées et dénoncées par la Confédération paysanne dans un communiqué de presse. Le ministre lui-même a confirmé cela lors de son déplacement à la Roche-sur-Yon, tout en indiquant également que depuis peu, la pression était en train de retomber avec une situation à gérer plus en phase avec les capacités logistiques disponibles. « Ce n’était pas le cas il y a 10 jours, c’est redevenu le cas aujourd’hui ».
Un point positif dans cette situation dramatique : le nombre de suspicions par jour diminue, a indiqué le ministre de l’Agriculture lors de son déplacement en Vendée : « il y a quelques jours, nous étions à 30 à 40 nouveaux élevages contaminés par jour. Ces derniers temps, nous sommes passés à une dizaine d’élevages contaminés par jour, ce qui montre que la situation s’améliore même si elle reste difficile ». Il a aussi souligné : « cela fait maintenant plusieurs jours que nous avons réussi à reprendre le dessus, c’et-à-dire à faire décroître le temps de latence entre le moment où le virus est détecté dans un élevage et le moment où on abat. Il nous reste à rattraper le retard accumulé ».
Des premiers foyers dans le LotHors grand ouest, dans le sud-ouest, si depuis plus d’un mois, la situation reste stable en particulier dans les Landes, 3 foyers ont été récemment confirmés dans le Lot. Les deux premiers foyers ont été confirmés le 17 mars 2022 dans deux élevages de canards dans les communes de Labastide-du-Haut-Mont et Saint-Bressou. Ces deux foyers sont situés à proximité du foyer qui avait été confirmé dans le Cantal le 12 mars dernier sur la commune de Quézac. Un 3ième foyer a été confirmé le 23 mars, dans la commune de Sousceyrac-en-Quercy, qui est située dans la zone de surveillance des 10kms du foyer de Labastide. Dans le Lot, une 40 aine d’élevages est concerné par une zone de surveillance.
En Bretagne, il n’y a pas de nouveaux foyers, depuis les deux premiers confirmés dans le Morbihan et en Ille-et-Vilaine.
Interrogé par des médias, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, la France pourrait perdre entre 25 et 30% de sa production de poulets, canards et pintades.