Comme en Haute-Corse, ce foyer concerne une animalerie. L’enquête est en cours afin d’identifier l’origine de la contamination, et les liens possibles entre les deux évènements sanitaires.
Après le département de la Haute-Corse, c’est au tour de celui des Yvelines d’être touché par l’influenza aviaire hautement pathogène, a-t-on appris par voie de communiqué de presse du ministère de l’agriculture.
Il s’agit du sous-type H5N8, et il est identique à celui détecté en Corse. A ce stade, nous n’avons pas plus d’informations quant aux liens possibles entre les deux animaleries.
Comme pour la Corse, tous les animaux ont été abattus.
L’enquête est en cours afin de déterminer l’origine de la contamination et les liens entre les deux évènements. Elle avance en Corse puisqu’il est annoncé que des abattages préventifs d’oiseaux de basses-cours ont été décidés, en raison de liens épidémiologiques établis avec le premier foyer identifié. De plus, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a confirmé que la souche isolée en Corse ne présentait pas de potentiel zoonotique.
Des mesures de gestion du risque
La détection du premier foyer en Haute-Corse avait amené les autorités sanitaires à élever le niveau de risque, et depuis le 17 novembre, toute la France métropolitaine (y compris en Corse donc) était passée en niveau de risque épizootique « élevé ». Auparavant, seuls 46 départements étaient concernés par ce niveau de risque (arrêté du 4 novembre), tous les autres étant considéré à risque « modéré ». Les mesures de lutte sont les suivantes :
- claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux ;
- interdiction de rassemblements d’oiseaux (exemples : concours, foires ou expositions) ;
- interdiction de faire participer des oiseaux originaires de ces départements à des rassemblements organisés ;
- interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes ;
- interdiction d’utilisation d'appelants.
Des mesures spécifiques ont été mises en place autour du foyer en Corse, ainsi que des mesures chez les fournisseurs et acheteurs liés au foyer.
Huit pays touchés
La dynamique virale concerne toute l’Europe de l’ouest, mais aussi l’Europe du nord, avec maintenant 8 pays touchés à savoir les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Irlande, la Belgique, la France et la Suède (source plateforme ESA). Ce sont les Pays-Bas qui ont déclaré le premier cas, le 21 octobre dernier, sur deux cygnes dans la zone d’Utrecht. La France, la Belgique et la Suède font partis des tout derniers pays à avoir annoncé la maladie. C’est l’Allemagne qui a, à ce jour, notifié le plus grand nombre d’évènements sanitaires, à savoir 219, suivi des Pays-Bas (46), du Danemark (17), puis du Royaume-Uni (8).
La maladie n’est pas cantonnée au compartiment sauvage. Ainsi, au 18 novembre, ce sont 17 foyers domestiques (3 en faune captive) qui ont été détectés dans ces autres pays, à raison de 9 en Allemagne, 1 au Danemark, 4 au Pays-Bas (+ 3 concernant des oiseaux captifs), 2 au Royaume-Uni, et 1 en Suède. Par ailleurs, au Royaume-Uni, en Suède, et en France, les déclarations de foyers en élevage n’ont pas été précédées de détection de cas dans l’avifaune sauvage. Mais à la différence du Royaume-Uni qui a déclaré depuis son 1er foyer en élevage, 6 cas dans le compartiment sauvage, la France et la Suède n’ont toujours pas détecté de cas en faune sauvage.
Ceci dit, la majorité des notifications eu Europe de l’ouest et du nord concerne le compartiment sauvage. Ainsi, au 18 novembre, environ 93% des notifications correspondaient à des cas en faune sauvage. Parmi le top 3 des pays qui sont touchés (Allemagne, Pays-Bas, Danemark), la large majorité des notifications concernent également la faune sauvage.
Des données cliniques
A ce jour, trois sous-types ont été rapportés : H5N1, H5N5 et H5N8. Toutefois, le sous-type H5N8 est très largement majoritaire, que ce soit en élevage ou en faune sauvage.
On dispose également de premières données sur la clinique. Tout d’abord, des signes cliniques étaient présents dans tous les foyers en faune domestique et captive (21). Ces foyers correspondent à 9 élevages de poulets (pondeuses, reproducteurs ou futurs reproducteurs), 2 élevages de dinde de chair, 1 élevage de canards de chair, et 9 élevages multi-espèces ou basses-cours (* dans cette description, il manque le dernier foyer français détecté dans les Yvelines). Il en ressort un taux moyen de 28% de mortalité par élevage (12%-68%), dans les foyers de moins de 1000 oiseaux (9) ; et un taux moyen de 7% de mortalité dans les foyers de plus de 1000 oiseaux (12).
Un lien probable avec les pays d’Europe de l’est
Selon l’Office français de biodiversité, « les cas d’influenza aviaire déclarés aux Pays-Bas et en Allemagne sont tout-à-fait cohérents avec les couloirs de migrations en lien avec les cas précédemment déclarés en Russie et au Kazakhstan », rappelant qu’il y a souvent un pic d’arrivées migratoires en novembre pour de nombreuses espèces d’anatidés. En effet, depuis cet été, le virus d’IAHP circule activement en Europe de l’est, dans ces deux pays, la très grande majorité des foyers et cas détectés se situant dans une zone correspondant à un couloir de migration, « dans lequel ont été précédemment détectés des cas d’IAHP sur de l’avifaune sauvage, qui avaient ensuite été suivis par des panzooties d’IAHP allant jusqu’en Europe et Afrique/Moyen Orient (2006, 2009, 2016…) » (source plateforme ESA). Dans ce contexte, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait alerté au début du mois d’octobre sur ce risque et appelé à un renforcement des mesures de surveillance de la faune sauvage et de biosécurité. « Lorsque l’IAHP avait été détectée dans la même région de Russie au cours des étés 2005 et 2016, des épidémies avaient suivi dans le nord et l'est de l'Europe. Si le schéma se répète cette année, on s'attend à ce que l’IAHP arrive dans les mêmes régions d'Europe en automne ou en hiver. Une dissémination ultérieure dans les pays du sud et de l'ouest de l'Europe est également possible », indiquait-elle.
A noter que les oiseaux peuvent également se déplacer plus localement, et en dehors des couloirs de migration. « Outre ces mouvements selon des trajets et à des périodes assez prévisibles, les anatidés sont aussi très mobiles durant la totalité de leur période d'hivernage, se déplaçant facilement entre régions voire entre pays en fonction des disponibilités alimentaires et des conditions météorologiques. Il est donc nécessaire de rester vigilants jusqu'à leur départ en migration prénuptiale vers le nord-est, en fin d'hiver/début du printemps », indique l’OFB.
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