Selon les experts de l’Efsa, le risque pour la population générale reste faible. Les cas identifiés chez les carnivores domestiques et sauvages imposent toutefois une surveillance renforcée de ces populations animales. Les experts de l’OMS appellent à la vigilance.
A ce stade, il n’y a pas d’augmentation du risque d’infection humaine à virus d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), ont souligné les experts de l’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’Efsa, dans le dernier rapport de situation en date de juin 2023. « Le risque d’infection pour la population générale en Europe reste faible. Il est faible à modéré pour les personnes exposées professionnellement ou autrement à des oiseaux ou mammifères infectés sauvages ou domestique », est-il indiqué. Malgré tout, face aux nombreuses descriptions de franchissement de la barrière d’espèces, la vigilance doit être de mise, a rappelé tout récemment l’Organisation mondiale de la santé animale (OMS). « Les virus de la grippe aviaire se propagent normalement entre les oiseaux, mais le nombre croissant de cas de grippe aviaire H5N1 détectés chez les mammifères - qui sont biologiquement plus proches de l'homme que les oiseaux - fait craindre que le virus ne s'adapte pour infecter plus facilement l'homme. En outre, certains mammifères pourraient servir de récipients de mélange pour les virus de la grippe, ce qui entraînerait l'émergence de nouveaux virus qui pourraient être plus nocifs pour les animaux et les êtres humains », ont déclaré les experts de l’OMS dans un récent communiqué.
Un risque faible de transmission à l’humain via les chatsA ce stade, de très nombreuses espèces de mammifères ont montré leur capacité à être contaminée voire infectée par un virus A(H5N1) du clade 2.3.4.4b circulant dans le monde. Ils sont listés par l’OMS (voir lien).
Parmi les derniers cas en date, des infections mortelles ont été confirmées chez des chats de compagnie dans plusieurs régions de Pologne. Selon les données de l’OMS, au 11 juillet, sur 47 échantillons testés (46 chats et 1 caracal de captivité), 29 se sont révélé positifs au virus A(H5N1). 14 chats ont été euthanasiés, et 11 sont décédés des suites de la maladie. Les signes cliniques graves étaient des difficultés respiratoires, diarrhées sanglantes et signes neurologiques. L’origine de l’infection est toujours en cours d’investigation, sachant que parmi les chats touchés, il y aurait aussi des chats qui n’ont pas accès à un extérieur. Une hypothèse en cours d’investigation serait la consommation de viande crue de volailles. Aucune suspicion de transmission entre félins n’a été faite. Aucun des 70 humains en contact avec des chats positifs n’ont signalé de symptômes.
Outre ces cas polonais, 5 chiens et 1 chat ont été testés positifs pour le virus en Italie (sérologie), vivant dans une ferme touchée par la maladie. Les animaux ne présentaient pas de signes cliniques.
Pour l’OMS, « le risque d'infection humaine à la suite d'une exposition à des chats infectés au niveau national est jugé faible pour la population générale, et faible à modéré pour les propriétaires de chats et les personnes exposées professionnellement à des chats infectés par le virus H5N1 (comme les vétérinaires) sans l'utilisation d'un équipement de protection individuelle approprié. »
Renforcer la surveillancePour l’Efsa, un renforcement de la surveillance passive des carnivores sauvages et domestiques en liberté (comme les chats et les chiens) serait à prévoir, notamment dans les zones où il y a eu une forte circulation virale. « Ces efforts de surveillance devraient viser en priorité les mammifères domestiques présents dans les élevages de volailles touchés par l'IAHP ou à proximité, ainsi que ceux qui sont susceptibles d'être en contact avec des volailles, des oiseaux sauvages ou d'autres mammifères infectés. » En parallèle, il convient d’appliquer des règles de bon sens pour ses chiens et chats : qu’ils ne soient pas exposés à des cadavres d’animaux morts ou malades (oiseaux et mammifères) ; qu’ils ne soient pas nourris avec des abats et viande crue de volailles : qu’ils soient idéalement tenus en laisse ou à l’intérieur dans les zones de forte circulation virale.
Ces précautions, tant du point de vue de la surveillance que des mesures de réduction de toute exposition, sont valables aussi pour les humains. Avec un enjeu fort de pouvoir détecter une infection humaine le plus précocement possible si elle arrive. Selon les données de l’OMS, depuis décembre 2021, il n’y a eu que des détections sporadiques d’infections humaines à H5N1 du clade 2.3.4.4b, avec 8 cas rapportés depuis décembre 2021, en lien surtout avec une exposition à des oiseaux infectés et environnements contaminés. « D'après les informations disponibles jusqu'à présent, le virus ne semble pas pouvoir se transmettre facilement d'une personne à l'autre, mais il faut rester vigilant pour identifier toute évolution du virus qui pourrait changer cela », a-t-il été souligné dans le communiqué de l’OMS. « Des études sont en cours pour identifier tout changement dans le virus qui pourrait l'aider à se propager plus facilement parmi les mammifères, y compris l'homme. »