Début septembre, une infection humaine à virus influenza aviaire H5N1 a été confirmée aux Etats-Unis, chez une personne n’ayant pas rapporté d’exposition avec des animaux malades. Depuis, plusieurs contacts du patient ont développé des signes cliniques pouvant s’apparenter à une infection grippale.
Des cas d’infection humaine à virus influenza aviaire continuent d’être détectées aux Etats-Unis. Dernier en date, une personne habitant le Missouri, avec la particularité de ne pas avoir été exposée, comme les autres cas déjà rapportés sur le territoire, à des animaux maladies ou infectés, a-t-on appris dans un communiqué de presse du 6 septembre des CDC. Il n’y aurait pas de lien non plus avec une consommation de produits laitiers crus.
Le patient, souffrant de douleurs thoraciques, de signes gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées) et de faiblesse, avait été hospitalisé en raison de problèmes médicaux sous-jacents (mais pas en soins intensifs). La confirmation de l’infection virale avait été faite dans le cadre du suivi saisonner de la grippe humaine. Il s’est rétabli avec l’aide notamment d’un traitement antiviral.
Quelques jours plus tard, un autre communiqué en date du 13 septembre, a révélé que la souche en cause était bien bien un virus H5N1 de clade 2.3.4.4b. Le virus est étroitement lié aux souches des vaches laitières, des séquences similaires ayant aussi été trouvées chez des oiseaux et autres animaux proches d'exploitations laitières, mais aussi dans du lait cru et chez des volailles. Néanmoins, dans le Missouri, si plusieurs foyers en élevage et basse-cour ont été rapportés, ainsi que des cas dans l’avifaune sauvage, aucun n’a été signalé dans les troupeaux de bovins laitiers.
Des cas contacts symptomatiques pas forcément testés pour la grippeMalgré le rétablissement du patient, les autorités sanitaires restent encore activement mobilisées…du fait de la découverte de plusieurs personnes ayant été en contact avec lui et ayant développé des signes cliniques pouvant s’apparenter à une infection grippale !
Première découverte : un membre de la famille qui avait développé des signes cliniques similaires le même jour, a-t-on appris dans le même communiqué du 13 septembre. Il s’était rétabli sans aucune assistance médicale. Cette personne n’avait toutefois pas été testée pour la grippe sur le moment. Dans le cadre de l'enquête, un prélèvement sanguin a été fait, afin d’effectuer des analyses sérologiques.
L'enquête a ensuite identifié un deuxième cas contact, un personnel de santé, ayant développé des symptômes légers. Cette fois-ci, un test PCR de dépistage de la grippe avait été réalisé, et était revenu négatif.
Le 20 septembre, un nouveau communiqué de presse a fait état de la découverte d'un troisième cas contact, toujours parmi le personnel de santé, qui avait développé des symptômes respiratoires légers. Toutefois, aucun test de dépistage de la grippe n’a été fait pour ce cas, la maladie ayant disparu avant le début de l’enquête. Mais un test sérologique est en cours.
Des disparités dans les équipements de protection individuelleLes deux travailleurs de santé avaient été exposés au patient « avant l’instauration des précautions contre les gouttelettes » (défini comme une exposition à risque élevé), a-t-il été précisé dans un nouveau communiqué de presse du 27 septembre. On y apprend également que depuis ces deux cas, 4 autres personnels de santé exposés ont développé des signes respiratoires légers. L'un d’entre eux faisait partie du personnel à haut risque. Par contre, les trois autres avaient été exposés au patient « après l’instauration de précautions contre les gouttelettes » (défini comme une exposition à moindre risque). Tous ces 4 nouveaux cas symptomatiques ont fait l’objet de prélèvements sanguins, en vue d’analyses sérologiques ; aucun n’avait eu de test PCR au moment de leurs signes cliniques.
A noter qu’au total, ce sont 18 travailleurs de santé qui ont été identifiés par les enquêteurs comme à haut risque, et 94 comme à moindre risque.
Pas de confirmation de la maladieA ce stade, les résultats des tests sérologiques ne sont pas encore connus. Ainsi à ce jour, il n’y a officiellement qu’un seul cas de grippe A(H5N1) dans le Missouri. Ce cas s’ajoute aux 14 autres infections humaines à H5N1 confirmées aux Etats-Unis depuis 2022, dont 10 cas ayant été exposés à des volailles touchées, et 4 cas à des bovins laitiers contaminés. Quatre Etats sont concernés : le Colorado, le Michigan, le Missouri et le Texas.
Les CDC estiment que la coïncidence des symptômes chez un contact familial ne permet pas de conclure à une transmission interhumaine, mais suggère une exposition commune.
Les recommandations des CDC restent inchangées pour la population générale, en insistant sur la prévention et l'hygiène, avec toujours le même principe de précaution concernant le lait cru :
- éviter l’exposition à des animaux malades ou morts ;
- éviter l’exposition aux excréments d’animaux, à la litière, mais aussi au lait non pasteurisé et aux matériels ayant été touchés par des animaux infectés par le H5N1 ou suspects de l’être ;
- ne pas boire du lait cru. « La pasteurisation tue les virus de la grippe aviaire A(H5N1) et le lait pasteurisé peut être bu sans danger », selon les experts ;
- disposer d’équipements de protection individuelle adaptés en cas de contact avec des animaux infectés ou potentiellement infectés. Un document détaille précisément ce point.
Pour rappel, le virus H5N1 du clade 2.3.4.4b avait été détecté pour la première fois en Amérique en novembre 2021, d'abord au Canada, avant de diffuser sur l’ensemble du continent. Aux Etats-Unis, outre les exploitations de volailles, le virus sévit aussi activement dans les troupeaux bovins laitiers, avec au 30 septembre 2024, 238 foyers qui ont été confirmés dans 14 Etats, en particulier au Colorado (64), en Californie (41), dans l’Idaho (32) et au Michigan (29).