Les vaches laitières contaminées par le H5N1 aux Etats-Unis excrètent le virus dans le lait. A ce stade, les premières analyses montrent que la pasteurisation est efficace pour inactiver le virus. Mais des questions se posent sur le rôle du lait cru et du colostrum dans la contamination de chats.
Tandis que les détections de troupeaux de bovins laitiers contaminés par le virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 se poursuivent aux Etats-Unis, plusieurs questions émergent. L’une d’entre elles concerne le potentiel rôle du lait dans la transmission virale. En effet, du virus est excrété dans le lait des bovins malades (détection par PCR), en association pour la plupart des vaches touchées, à une modification de la consistance du lait : aspect épaissi, une couleur jaune crème, semblable au colostrum. Une réduction de la production de lait est aussi observée.
Des traces de virus inactif dans du lait pasteuriséDans ce contexte, les autorités sanitaires ont procédé à des analyses d’échantillons de lait commercial. Les premières analyses sont rassurantes. Si des traces de virus sont effectivement détectés dans du lait pasteurisé (RT-PCR), « les résultats préliminaires des tests d’inoculation d’œufs montrent que la pasteurisation est efficace dans l’inactivation du virus », indique la FDA (pour Food and Drug administration). En clair, il n’y a pas de virus vivant permettant de dire que « l’approvisionnement en lait commercial est sûr ». Des tests ont aussi été réalisés sur plusieurs échantillons de lait en poudre pour nourrissons pour nourrissons et jeunes enfants. « Tous les résultats des tests PCR ont été négatifs, ce qui indique qu’aucun fragment viral ou virus n’a été détecté dans les préparations en poudre ».
Si les analyses se poursuivent, tout porte à penser que le risque de contamination via du lait ou produits laitiers pasteurisés est nul. D’autant plus, comme le précise la FDA, que « les signaux épidémiologiques envoyés par nos partenaires du CDC continuent de montrer qu'il n'y a pas de recrudescence des cas de grippe chez l'homme et qu'il n'y a pas de cas de H5N1, en particulier, en dehors du seul cas connu lié à un contact direct avec du bétail infecté. »
A noter qu’aux Etats-Unis, la quasi-totalité du lait commercial produit dans les exploitations laitières est pasteurisé. De plus, le lait des troupeaux détectés positifs au virus est détourné des circuits de commercialisation.
Des manifestations cliniques et des lésions tissulaires chez les chatsCes détections de contamination de vaches ont été associées à plusieurs cas d’infections félines, de chats vivant dans les fermes touchées. Dans ce contexte, une équipe de chercheurs de l’Université de l’Etat de l’Iowa s’est penché sur le rôle du lait dans la transmission du virus aux chats. Les résultats de leurs recherches viennent d’être dévoilés dans un article de la revue Emerging infectious disease des CDC. Comme il est expliqué, les chercheurs ont procédé à des analyses sur des échantillons de laits, sérums et de tissus mammaires de vaches positives (vaches euthanasiées et mortes naturellement) de fermes du Texas et du Kansas, tout comme à des autopsies. Des examens nécropsiques de deux chats ont également été réalisés, en association avec des examens microbiologiques. Ces deux félins faisaient partie d’un groupe d’une vingtaine de chats domestiques d’une ferme du Texas, qui avaient été nourris avec du colostrum et du lait de vache malades. Plus de la moitié d'entre eux sont tombés malades ou sont morts. La clinique était caractérisée par « un état mental dépressif, des mouvements corporels raides, de l'ataxie, de la cécité, des cercles et un écoulement oculonasal abondant. Les examens neurologiques des chats affectés ont révélé l'absence de réflexes de menace et de réponses pupillaires à la lumière avec une faible réponse au clignement des yeux. »
Il en est ressorti pour les chats des lésions compatibles avec les troubles neurologique, de type méningo-encéphalite nécrosante et lymphocytaire subaiguë multifocale avec vascularite et nécrose neuronale. Des lésions ont aussi été observées au niveau des poumons, du myocarde mais aussi des yeux avec une choriorétinite. L’atteinte visuelle, caractérisée par l’apparente cécité au niveau clinique, et les lésions de choriorétinite, n’était à priori pas connue pour l’infection influenza chez le chat. Un examen immunohistochimique est revenu positif au niveau du cerveau, des poumons, du cœur et de la rétine.
Côté vaches, des lésions mammaires ont été identifiées associées également à un marquage à l’immunohistochimie. Le virus a été fortement détecté par RT-PCR dans les échantillons de lait et de glandes mammaires des vaches ; le séquençage a confirmé le sous-type H5N1 du clade 2.3.4.4b. Du virus a aussi été détecté dans des échantillons de cerveaux et de poumons de chats (autres tissus non testés). L’analyse phylogénétique a révélé un degré très élevé de similitude entre les séquences virales des vaches et des chats.
Une suspicion de transmission féline via du lait cruPour les chercheurs, « bien que l'exposition à des oiseaux sauvages morts et leur consommation ne puissent être totalement exclues pour les chats, la consommation connue de lait non pasteurisé et de colostrum de vaches infectées et la grande quantité d'acide nucléique du virus dans le lait font de la consommation de lait et de colostrum une voie d'exposition probable. » Ainsi, « nos résultats suggèrent une transmission inter-espèces de mammifère à mammifère du virus de l'IAHP H5N1 et soulèvent de nouvelles préoccupations concernant le potentiel de propagation du virus au sein des populations de mammifères. » Pour eux, « les futures études expérimentales sur le virus IAHP H5N1 chez les bovins laitiers devraient chercher à confirmer la transmission inter-espèces aux chats et potentiellement à d'autres mammifères. »
Comme l’indiquent les chercheurs, « l'infection par le virus de l'IAHP doit être envisagée chez les vaches laitières en cas de chute brutale, inattendue et inexpliquée de la consommation d'aliments et de la production de lait, et chez les chats en cas d'apparition rapide de signes neurologiques et de cécité ».
A ce stade, aucune autre information relatif à cette hypothèse n’a été apportée par les autorités sanitaires américaines. Toutefois, une ordonnance fédérale a été prise depuis le 29 avril rendant désormais obligatoire pour l’ensemble du pays, la réalisation de tests de dépistage avant tout déplacement entre Etats. Jusqu’à présent, il n’y avait rien d’obligatoire, mais plusieurs Etats avaient toutefois déjà mis en place des restrictions de mouvements. Les autorités se veulent toutefois rassurantes : « bien que nous prenions cette mesure aujourd'hui, il est important de rappeler que, jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé de modifications du virus qui le rendraient plus transmissible à l'homme et entre les hommes. Bien que des cas soient possibles chez les humains en contact direct avec des animaux infectés, nos partenaires des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) estiment que le risque actuel pour le public reste faible. En outre, nous continuons de constater que les vaches touchées se rétablissent après avoir reçu des soins, avec peu ou pas de mortalité associée. Nous continuons également à travailler avec nos partenaires des États et de l'industrie pour souligner l'importance cruciale de la biosécurité dans la limitation de la propagation des maladies pour l'ensemble du bétail et de la volaille. »
A noter qu’une campagne de test sur des échantillons de viande vient d’être lancée.
Au 30 avril 2024, 36 troupeaux laitiers ont été détectés positifs, dans 9 Etats américains.
Et on a pu être informé de ce qui se passe en USA et cela représente une base de donné assez importante et bénéfique autant que Dr v de profession.
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