A l’occasion de la semaine d’intégration des étudiants vétérinaires du post-bac organisée à Limoges, le président de la Nouvelle-Aquitaine a réaffirmé sa volonté de créer une 5ième école vétérinaire publique à Limoges. A ce stade, les discussions avec le ministère semblent plus engagées vers la mise en place d’une année d’approfondissement « Animaux de rente ».
L’année 2021 est celle où les écoles nationales vétérinaires françaises ont accueilli pour la première fois les étudiants issus de la nouvelle voie de concours post-bac, à raison de 40 étudiants par ENV. Après un temps d’accueil au sein de leur école respective, les 160 étudiants du post-bac se sont tous retrouvés le lundi 6 septembre à Limoges, pour une semaine d’intégration, en réponse à l’invitation de la région Nouvelle-Aquitaine. Cette invitation a été lancée pour une raison : Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, milite pour la création d’une 5ième école vétérinaire publique à Limoges. Pour lui, il s’agit notamment de pouvoir pallier aux déserts vétérinaires, et la désaffection pour l’exercice rural : « on ne pourra pas faire la transition écologique sans les vétérinaires », a-t-il dit.
Cette semaine d’intégration est une première étape pour arriver à son objectif. A cette occasion, une conférence de presse a été organisée. Etaient présents Alain Rousset, Isabelle Klock-Fontanille, présidente de l'Université de Limoges, et Valérie Baduel, directrice Générale de l'Enseignement Supérieur du ministère en charge de l'Agriculture.
Pas de 5ième école publique pour l'instant
Sans surprise, il n’y a pas eu d’annonce de projet d’une 5ième école publique de la part du ministère de l’agriculture, malgré l’argumentaire déployé par les intervenants sur les atouts de Limoges, et l’engagement fort d’Alain Rousset. A écouter Valérie Baduel, cette idée ne semble pas du tout à l’ordre du jour pour le ministère. En effet, elle a rappelé que le ministère s’était emparé de la question du maillage vétérinaire. Les leviers à mobiliser sont multiples. La formation en fait partie, mais « il ne suffit pas de former beaucoup, il faut aussi des conditions d’exercice attractives en milieu rural ». Elle a ainsi souligné le travail du ministère avec la loi Ddadue, qui autorise les collectivités territoriales (une fois que les décrets d’application seront parus) à soutenir financièrement l’installation de praticiens ainsi que les étudiants vétérinaires pendant leur étude. Elle a aussi rappelé les autres axes de travail du ministère à propos de la formation initiale, tant sur le plan qualitatif que quantitatif : la hausse du nombre de places offertes au concours vétérinaire, +35%, notamment pour la voie C (BTS agricole) ; la mise en place des stages tutorés (presque tous les étudiants qui y sont passés sont installés en rural), la nouvelle voie post-bac pour recruter notamment des jeunes plus en phase avec les réalités du métier de vétérinaire (praticien). Tout ceci dit, elle a posé la question : est-ce suffisant ?
Une réflexion sur une dernière année d’études vétérinaires
Un autre souhait d’Alain Rousset semble, lui, plus en phase avec le ministère : la création d’une année d’approfondissement « Animaux de rente ». Valérie Baduel a, en effet, indiqué qu’une réflexion serait engagée à ce sujet, tout en rappelant que la formation initiale était de la responsabilité de chaque ENV. Elle a bien précisé que tout restait à construire. A voir donc à quoi aboutiront les discussions. Et surtout de quelle manière une dernière année de formation vétérinaire initiale pourrait s’organiser à Limoges, sachant qu’il existe déjà des liens entre cette région et les écoles, avec l’organisation de cliniques ambulantes pour les étudiants de l’Envt et l’Enva, qui sont hébergés au lycée agricole des Vaseix à Limoges. Les liens seraient-ils renforcés pour envisager des modules de formation délocalisés ? L’enjeu, derrière, est bien-entendu l’installation de vétérinaires praticiens dans ce territoire, tout comme la dynamisation de la zone de Limoges.
A noter qu’au cours de la discussion, Valérie Baduel a évoqué le cas des écoles vétérinaires privées. Pour l’instant, le projet sur la table (UniLaSalle à Rouen) ne remplit pas toutes les conditions. De plus, elle a indiqué que le ministère sera attentif à ce que le nombre d’étudiants formés soit contrôlé, afin de ne pas se retrouver dans la même situation que certains de nos voisins européens.
A suivre donc. Une chose est certaine, Alain Rousset a fait de ce projet de 5ième école vétérinaire publique son cheval de bataille. Il a ainsi affirmé à l’auditoire que son objectif était d’avoir une 5ième école d’ici 5 ans. « Je peux vous dire que cette école existera. Le problème n’est pas de savoir si, mais comment. C’est étonnant que la première région d’élevage n’ait pas d’école vétérinaire », a-t-il martelé, tout en précision que l’Ordre des vétérinaires, ainsi que le syndicat étaient emballés par l’idée.