Dans un avis publié le 13 juin dernier, l’Académie d’Agriculture remet en question la définition du bien-être animal proposée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) en avril dernier.
Les membres de la section productions animales de l’Académie d’Agriculture de France (1) s’inquiètent suite à la parution en avril dernier de la nouvelle définition du bien être animal proposée par l’Anses (Cf SV 11/05/18 page 12).
Une définition innovante
La nouvelle définition proposée décrit le bien-être d’un animal comme est « un état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal.» Or, selon plusieurs membres de l’Académie d’Agriculture de France, qui se considèrent comme étant « très à l'écoute des controverses autour de l’élevage » et « proches du monde agricole par (leurs) expériences professionnelles », cette définition serait préjudiciable pour les éleveurs car elle conforterait en partie les discours abolitionnistes et animalistes à l’origine de controverses dans la société actuelle autour de l’élevage.
Des inquiétudes pour l’élevage
Deux grandes notions de cette définition sont pointées du doigt. Tout d’abord, selon les membres de l’académie, « La diversité des espèces animales s’accommode mal d’une définition qui se veut de portée générale ». De plus, ils s’interrogent sur les termes utilisés: « peut-on caractériser objectivement un « état mental et physique positif » chez les espèces élevées ? Et que signifie la restriction finale du concept de bien-être à la dimension mentale ?». Ces nouvelles notions (état mental, attentes), empruntées au vocabulaire qualifiant jusqu'ici l'humain, ne seraient pas adaptées. Ils ajoutent que le bien-être des animaux d'élevage doit être perçu en considérant le mode et le type d'élevage actuels (fruit d’un long travail de domestication et de sélection) et non pas à travers une référence à un état sauvage imaginé. De plus, «Considérer l'homme et les animaux sur un même plan, notamment par un vocabulaire communément utilisé avec une signification particulière chez l’homme, construit un continuum animaux-homme dangereux pour l’exercice même du métier d’éleveur, quelle qu’en soit la forme ». Au delà de ces considérations sur la définition, les académiciens ont déploré le fait que l’avis des éleveurs n’a pas été pris en considération. Ils « seront plongés dans la perplexité en découvrant les notions « d'état mental » et « d'attentes » des animaux ».
Des attentes d’évolution
L’inquiétude est d’autant plus forte que les signataires de l’avis craignent que cette définition fasse autorité dans les futures réflexions gouvernementales annoncées sur la condition animale. Même si « Des marges de progrès existent, aussi bien dans certains élevages que dans certains abattoirs (…) rien ne pourra être fait sans respecter les savoirs et sensibilités des hommes et des femmes qui travaillent dans les élevages et les abattoirs ». Selon eux, la définition devra donc évoluer .
(1) Barbara Dufour, Jeanne Grosclaude, Gilbert Jolivet et Gérard Maisse Membres de l'Académie d'Agriculture de France
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