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Intégrer la qualité nutritionnelle des protéines animale dans leur évaluation environnementale

Clothilde Barde

| 03.04.2023 à 13:30:00 |
© MEDITERRANEAN

Alors que de nombreuses Analyses de Cycle de Vie (ACV) concluent que les produits animaux devraient être limités voire supprimés de l’alimentation humaine du fait de leurs impacts environnementaux, dans une étude récemment publiée les auteurs indiquent qu'il conviendrait plutôt d'analyser la qualité nutritionnelle des protéines animales et des produits animaux. 

L’analyse de cycle de vie (ACV) dite « nutritionnelle » est aujourd’hui largement utilisée pour évaluer l’empreinte environnementale d'un aliment par rapport  au service nutritionnel rendu. Pour cela, c’est généralement la quantité de protéines apportées par l’aliment qui est considérée comme unité de référence. Or, un article publié dans The International Journal of Life Cycle Assessment en décembre 2022, cette stratégie est remise en cause car, selon les chercheurs, le choix du référentiel de comparaison influence les conclusions d’une ACV et les empreintes environnementales des différents produits.

Importance de la qualité des protéines

Ainsi, dans les études récentes ayant réalisé des ACV, les conclusions indiquent que les aliments d’origine animale (en particulier ceux issus des ruminants) devraient être limités – voire évités – dans l’alimentation humaine en raison de leur impact relativement élevé sur l’environnement par rapport aux aliments végétaux riches en protéines. Or, dans la plupart de ces études les protéines sont utilisées comme unité fonctionnelle de référence, sans prendre en compte d’autres dimensions nutritionnelles essentielles, telles que la biodisponibilité et la digestibilité des acides aminés, la teneur en acides aminés indispensables ou encore la présence de micronutriments d’intérêt dans les aliments sources de protéines. C'est pourquoi, dans l'étude présentée ici, les chercheurs indiquent que ces dimensions devraient être considérées avant de formuler de telles recommandations de limitation ou d’éviction de produits animaux à destination de la population mondiale ; d’autant que ces produits contribuent à couvrir les besoins nutritionnels des populations des pays du Sud et de certaines populations à risque dans les pays à haut revenu (enfants, femmes en âge de procréer, personnes âgées). 

Le DIAAS, un score qui rend compte de la qualité globale d’une protéine

En outre, comme l'ont indiqué les chercheurs, le fait de consommer une quantité suffisante de protéines ne suffit pas nécessairement à couvrir ses besoins nutritionnels car la qualité des protéines a également son importance. En effet, les protéines sont composées de différents acides aminés dont certains ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme (acides aminés dits essentiels ou indispensables). Or, la présence de ces acides aminés indispensables varie selon les sources de protéines alimentaires. A cet égard, le DIAAS (pour Digestible Indispensable Amino Acid Score), proposé par la FAO en 2013, rend compte de la qualité globale de la protéine en considérant à la fois sa composition en chacun des acides aminés indispensables et leur digestibilité individuelle au niveau de l’intestin grêle. Un score supérieur à 100 % signifie que la protéine permet de couvrir les besoins pour tous les acides aminés indispensables. Les produits animaux ont des scores DIASS supérieurs aux produits végétaux, et généralement supérieurs à 100 %.

Inclure d'autres dimensions dans l'ACV

Comme le conclue l'étude, "au-delà des protéines, la densité nutritionnelle plus globale des aliments pourrait être considérée, par exemple en utilisant des scores tel que le Nutrient Rich Food (NRF 9.3) qui classe les aliments selon leurs teneurs en nutriments à privilégier et à limiter. De même, si seules deux dimensions de l’empreinte environnementale sont ici prises en compte, de nombreux autres indicateurs d’impact (eutrophisation, acidification…) mériteraient d’être davantage mis en  avant". Enfin, pour les chercheurs, les ACV devraient aussi à l'avenir intégrer la durabilité de l’alimentation au sens large, c’est à-dire en y incluant aussi des dimensions mesurant les impacts économiques et sociaux.

Clothilde Barde

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