Cette demande a été adressée au premier ministre au début du mois de décembre dernier.
Les décisions d’avenir de la formation vétérinaire doivent être associées à « une évaluation indépendante interministérielle des réformes en cours », a indiqué le président de l’Académie vétérinaire de France, dans une lettre adressée au Premier ministre (et copie à la ministre de l’Agriculture).
« Compte tenu de la situation budgétaire nationale tendue, l’Académie Vétérinaire de France (AVF) avait alerté, au travers de différents avis, sur la nécessité de s’interroger sur le coût et l’efficience de la politique publique ciblant la formation vétérinaire, focalisée notamment sur la désertification vétérinaire rurale », est-il écrit. De fait, pour l’Académie, toutes les actions entreprises sur la formation (hausse du numerus clausus, rééquilibrage des voies de concours, tutorat, loi Ddadue…) « doivent faire l’objet d’études d’impact avant de prendre le risque de multiplier ces mesures indistinctement ».
Est citée en exemple la création de nouvelles Ecoles « pouvait parfois obéir à des satisfactions politiques, à des effets d’aubaine ou à du lobbying, alors qu’elle engage d’importants financements sans que les objectifs bénéfiques pour l’État aient été suffisamment définis, notamment par une analyse précise sur les besoins d’avenir en effectifs de vétérinaires ruraux. Cette focalisation ignore de plus le grave déficit en diplômés vétérinaires qui existe aussi dans d’autres secteurs aussi sensibles que sont la santé publique, la recherche, la surveillance de zoonoses et l’équilibre des écosystèmes. »
Cet exemple fait écho au récent rapport du CGAAER sur le bénéfice d’ouvrir une nouvelle école vétérinaire nationale. Il a mis en avant le fait qu’il pourrait probablement y avoir d’ici 2030 un excédent significatif de vétérinaires praticiens.
Pour rappel, l’Académie avait déjà communiqué sur l’importance des évaluations des politiques publiques par un organisme indépendant. Dans ce cadre, les Académiciens avait fait cet exercice pour le tutorat, les questions posées étant de savoir si ce dispositif améliorait le maillage, tout comme les compétences des diplômés. Il avait été montré que « selon l’échantillon étudié, le tutorat ne crée pas de « vocation rurale » chez les étudiants mais conforte plutôt une appétence déjà existante pour cette activité et pour le mode de vie inhérent. » L’autre constat était que la majorité de ces étudiants étaient issus de la voie C, pouvant suggérer que « la principale action déterminant l’efficacité de la politique publique serait plutôt la diversification du cursus d’origine des étudiants et non le tutorat en lui-même. » En conclusion, les Académiciens appelaient à une pause dans les réformes « avant de prendre le risque d’amplifier indistinctement les actions, dont la création de nouvelles écoles. »