Dans sa saisine, l’Agence a conduit une évaluation approfondie visant, d’une part, à identifier les facteurs ayant contribué à l’amélioration de la situation sanitaire observée lors de la saison 2023-2024 et, d’autre part, à analyser les perspectives d’évolution des mesures de mise à l’abri.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire, l’Anses, vient de rendre publique une nouvelle saisine sur l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). L’objectif général visé était de réévaluer les mesures de gestion, au regard de la stratégie vaccinale actuelle. Pour ce faire, deux questions précises ont été posées à l’Agence : d’abord identifier les facteurs ayant contribué à l’amélioration de la situation épizootique ; ensuite réévaluer les mesures de mises à l’abri des oiseaux.
Plusieurs facteurs explicatifsSelon les experts, plusieurs facteurs ont contribué au nombre très limité de foyers en élevage lors de la précédente saison épizootique, 10 détecté entre le 26 novembre 2023 et le 15 janvier 2024, contre 396 pour la saison 2022-2023. Ils citent la plus faible pression virale dans l’avifaune sauvage, la diminution de la circulation des génotypes qui étaient majoritaires au cours des saisons précédentes, l’amélioration des mesures de biosécurité, la gestion rapide des foyers, la vaccination. S’il n’est pas possible de quantifier le poids relatif de ces différents facteurs, les experts soulignent que « le facteur « pression infectieuse environnementale » (incluant l’avifaune sauvage) joue un rôle très important dans le risque épizootique, et que cette pression infectieuse était particulièrement faible pendant la période observée (première campagne de vaccination). » Pour la vaccination, elle « a vraisemblablement contribué à la fois à la diminution du risque d’introduction et à celle de la diffusion virale. » A ce sujet, il est à noter qu’à un instant t, la protection vaccinale complète de la population des canards ne dépasse pas les 50% : seuls 30 à 40% des lots de canards ont une protection complète, et 30 à 40% ont une protection partielle. Ces constats ne diffèrent pas suivant les bassins de production.
Maîtriser les mises à l’abri...Malgré ces constats positifs, les experts estiment qu’il ne faut pas reconsidérer les mesures de mise à l’abri. En effet, comme ils le rappellent, « en niveau de risque élevé, quelle que soit la filière de production, le risque majeur est lié à l’avifaune sauvage infectée ». Et il se trouve que pour cette nouvelle saison épizootique, depuis mi-septembre 2024, est constatée une forte pression infectieuse dans l’avifaune sauvage, et des nouveaux génotypes. De plus, la vaccination a montré ses limites chez les canards de plus de 11 semaines d’âge, nécessitant une troisième dose pour être certain de son efficacité. Il y a aussi des questions non résolues sur la transmission de l’immunité post-vaccinale des femelles reproductrices à leur descendance. Ce raisonnement vaut donc aussi en niveau de risque modéré, excepté pour les poulets plein air en lien notamment à des interventions moins nombreuses dans ses filière, ou encore une durée de vie plus courte. Ainsi, il serait possible d’alléger les mesures de mise à l’abri pour les poulets plein air, « en permettant l’accès à un parcours réduit deux semaines plus tôt que prévu par la réglementation actuelle en ZRP (zone à risque particulier) en niveau de risque modéré, ce qui conduirait à un allongement de 15 jours de la mise à l’extérieur.
... et les densités d’élevage« Cette réponse pourrait être reconsidérée en fonction de la disponibilité de protocoles vaccinaux permettant de s’affranchir d’éventuelles interférences de l’immunité passive dans le cas de la vaccination de canetons issus de parents vaccinés et/ou conférant une protection plus longue », estiment les experts.
Par ailleurs, ils soulignent que continuer la vaccination des canards est nécessaire, en visant des protocoles « permettant de couvrir toute la période d’élevage et dont l’efficacité en présence d’une immunité d’origine maternelle soit validée ». Mais elle ne suffit pas, en particulier ils rappellent l’importance de la maîtrise des densités de canards en élevage et du nombre d’élevages de canards, ce qui permet de mettre à l’abri pendant les périodes à risque, et réduire les risques de diffusion de virus de l’IAHP. Ce rappel intervient alors que la densité en élevage est repartie à la très forte hausse pour cette saison, ce qui « contribue à augmenter le risque d’introduction et de diffusion en élevage, notamment dans l’hypothèse où cette augmentation s’accompagnerait d’un allongement de la phase d’élevage, et constitue donc un facteur à surveiller. »