L'Anses rend son avis sur l'utilisation des médicaments vétérinaires antiparasitaires externes sous forme de bains, douches et pulvérisations en élevages de ruminants - Le Point Vétérinaire.fr

L'Anses rend son avis sur l'utilisation des médicaments vétérinaires antiparasitaires externes sous forme de bains, douches et pulvérisations en élevages de ruminants

Clothilde Barde

| 10.07.2023 à 12:30:00 |
© SolStock

Dans un avis rendu le 30 mai 2023, les experts de l'Anses ont rendu les conclusions d'un travail débuté le 21 décembre 2018 et portant sur l'évaluation des risques pour la santé humaine et pour l’environnement de l'utilisation en élevages de ruminants des médicaments vétérinaires antiparasitaires externes (APE) sous forme de bains, douches et pulvérisations (BDP).

Afin de lutter contre les nombreuses maladies parasitaires pouvant affecter les ruminants, les vétérinaires sont amenés à prescrire des antiparasitaires externes (APE), sous formede bains, douches et pulvérisations (BDP). Les substances actives de ces médicaments vétérinaires appartiennent essentiellement aux familles des organophosphorés, des pyréthrinoïdes et des inhibiteurs de croissance larvaire, avec cinq spécialités. Or, selon un avis rendu le 30 mai 2023 par l'Anses, ces traitements occasionnent une exposition aux émulsions antiparasitaires avec des risques potentiels pour les professionnels (par inhalation, éclaboussures…) et pour l’environnement (par ruissellement, épandage …). Par ailleurs, les cinq AMM (autorisation de mise sur le marché) de l’ensemble des APE BDP pour les ruminants étant anciennes, ces médicaments n’ont pas été évalués selon les recommandations actuellement en vigueur concernant le risque pour l’utilisateur et pour l’environnement. De plus, des défauts d’efficacité observés vis-à-vis de certaines myiases (par exemple Wohlfahrtia magnifica) conduisent sur le terrain à des usages éloignés de ceux préconisés dans les RCP (résumé des caractéristiques produits) (surconcentrations, mélanges de différentes molécules, applications locales…). 

Des effets sur la santé et sur l'environnement

Par conséquent, les experts de l’Anses ont étudié les données disponibles pour donner leurs recommandations quant à l’usage de ces produits. A cet égard, bien que les données disponibles tant en termes d’exposition des utilisateurs à ces produits, que de contamination environnementale, sont très limitées, il semblerait que des effets à long terme sur la santé pourraient survenir chez certains professionnels travaillant régulièrement sur les chantiers de bains pour moutons et exposés à des solutions concentrées d’organophosphorés au cours de leur vie active et qu’il pourrait y avoir des accidents de contamination de l’environnement (notamment de cours d’eau). Face à ces données, les experts recommandent donc de réduire et d’améliorer l’usage des antiparasitaires en BDP chez les ruminants, via le suivi de mesures de biosécurité, une démarche diagnostique raisonnée, la vaccination, des méthodes de lutte intégrées et enfin, par le suivi des populations de parasites. De plus, pour réduire l’exposition des professionnels il conviendrait, selon les experts, de réaliser davantage d’études sur les pratiques d’utilisation et d’améliorer les dispositifs de prévention. Enfin, il est important selon eux de limiter la diffusion dans l’environnement des eaux de traitement en utilisant ces produits correctement.

Vers un plan « Ecoantiparasito »

« Compte tenu de l’ampleur des mesures recommandées, comme l’ont indiqué les experts de l’Anses, leur mise en place effective nécessiterait un pilotage coordonné et un appui politique. D’ailleurs, certaines recommandations nécessiteraient un portage au niveau européen pour modifier les actuelles réglementations et de trouver les financements nécessaires ». Toutefois, sans attendre de telles actions, selon les experts, deux types de mesures importantes peuvent déjà être mises en place rapidement : la mise à jour des AMM des produits concernés (pour intégrer les recommandations nécessaires dans le RCP des produits) et la sensibilisation et l’information des vétérinaires sur cette thématique (séminaires et congrès professionnels ou cursus de formation). A terme, l’Anses recommande également de poursuivre au niveau européen le travail qu’elle a engagé sur la révision de lignes directrices en matière d’évaluations des risques pour l’utilisateur, de présenter et de valoriser les travaux du groupe de travail aux instances européennes (EMA) pour favoriser une réflexion sur la problématique de l’évaluation des risques environnementaux des APE et sur les usages de ces substances en médecine vétérinaire. Au niveau national, les experts conseillent également de demander aux titulaires des AMM des médicaments concernés de réviser les RCP de ces APE et ils recommandent aux vétérinaires d’élaborer un guide des bonnes pratiques d’usage des antiparasitaires externes et de mutualiser les données de pharmacovigilance des médicaments vétérinaires et des produits phytosanitaires. Un circuit de collecte des déchets et des médicaments vétérinaires non utilisés pourrait enfin être mis en place.

Clothilde Barde

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