La campylobactériose et la salmonellose ont été les deux zoonoses les plus fréquemment rapportées en 2022 en Europe. Mais le résultat le plus marquant reste la hausse spectaculaire du nombre de cas d’infection humaine par le virus du Nil occidental.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), associée au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), vient de publier le rapport annuel de suivi et de surveillance des zoonoses pour l’année 2022. Ce rapport analyse les données des 27 Etats membres, mais aussi pour certaines zoonoses de l’Irlande du nord et de 11 autres Etats non membres*.
Premier enseignement : ce sont les zoonoses alimentaires qui sont les zoonoses les plus déclarées en Europe, ce qui est dans la continuité des résultats des années précédentes. Avec 137 107 cas déclarés, la première zoonose européenne est la campylobactériose, ce qui est le cas depuis le début de la surveillance européenne (2007). Cette infection correspond à 61,3% des cas rapportés et confirmés en 2022. La source la plus fréquente est la viande de poulet, et C. jejuni et C. coli sont les espèces les plus rapportées. La salmonellose est la deuxième zoonose la plus rapportée avec 65 208 cas. La source la plus fréquente est les oeufs et produits à base d'oeufs. Depuis 2014, S. Enteritidis, S. Typhimurium et sa variante monophasique, représentent plus de 70% des cas humains acquis dans l’Union européenne ; en 2022, ils représentent 84,7% des cas. Pour le reste, suivent la yersiniose (7919 cas), les infections à Escherichia coli producteurs de shigatoxine (7117) et la listériose (2738).
Que ce soit pour la campylobactériose ou pour la salmonelle, les taux de cas confirmés pour 100 000 habitants reste similaire à l’année 2021, soit respectivement 43,1 et 15,3. Le nombre de cas est inférieur à celui d’avant la pandémie de Covid-19.
Une hausse de plus de 600 % des infections au virus West NileBien que les plus fréquentes, ces deux zoonoses alimentaires ne sont pas les plus sévères : elles ont été associées respectivement à 23,5% et 38,9 % d’hospitalisations (10 551 et 11 287 humains hospitalisés), et à un taux de létalité de 0,04% (34 décès) et 0,22% (81 décès) (attention : les données d’hospitalisation et de décès n’étaient pas disponibles pour 100% des cas). Les deux zoonoses les plus sévères étaient la listériose, avec un taux de létalité de 18,1% (286 décès), suivie de l’infection par le virus du Nil occidental (West Nile) avec un taux de 8,3% (92 décès).
Le cas de l’infection West Nile est probablement le résultat le plus marquant de ce rapport. En effet, au-delà de la gravité de la maladie, l’année 2022 aura été associée à une hausse des notifications de maladies de 632% par rapport à 2021, soit 1133 cas. Pour autant, c’est en-dessous du record de 2018 où 1612 cas avaient été répertoriés. Pour les experts, des conditions climatiques plus favorables à l’activité des moustiques vecteurs (Culex) pourrait expliquer cette augmentation d’infection humaine. Côté animale, en 2022, 431 oiseaux et 166 chevaux ont été confirmés positifs au virus, soit le double de l’année 2021. A aussi été notée une extension géographique avec une arrivée du vecteur dans des régions jusqu’à présent indemnes (sud-ouest de la France, nord de l’Allemagne et sud de l’Italie).
Une hausse des toxi-infections alimentairesDernier enseignement : a été notée une hausse nette des foyers de toxi-infection alimentaire, de 43,9% par rapport à 2021, correspondant à 5763 foyers, 48 605 cas, 2783 hospitalisations, 64 décès (dans l’Union des 27 et l’Irlande du nord), et un taux de notification de 1,3 pour 100 000 habitants. Cette hausse est allée de pair avec une augmentation des hospitalisations (+11,5%) et des décès (+106,5%). Ce nombre de décès est l’un des plus élevés de ces 10 dernières années, sauf pour l’année 2011 qui a totalisé 84 décès. 4 pays représentaient 70% des décès, à savoir la Finlande, la France, l’Allemagne et l’Italie. Ces décès ont été en majorité liés à des infections à Listeria monocytogenes (28 décès). Mais il ne s’agissait pas de l’agent le plus sévère, qui a été Streptococcus equi subsp. zooepidemicus, en lien avec une contamination de fromage à base de lait non pasteurisé. La salmonellose était aussi incriminée dans les foyers de toxi-infections alimentaires : elle a représenté 17,6% des foyers, et elle était associée au plus grand nombre d’hospitalisation (50,5%) ; il s’agissait aussi de la deuxième cause de décès (12,5% des décès). Elle a été responsable de l’épisode très marquant des produits contaminés à base de chocolat. C’est le norovirus qui est apparu comme l’agent associé au plus grand nombre de cas humain (7305 cas). Au global, cette année 2021 aura été marqué par une hausse nette des foyers de toxi-infection liée à des « aliments mélangés ».
* 4 pays de l’Association européenne de libre-échange (Islande, Norvège, Suisse et Liechtenstein), et 7 autres pays européens : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du nord, Montenegro et Serbie.