Le Directeur général de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. José Graziano da Silva, a appelé, dans son discours du 30 mai dernier, à cesser l’utilisation des médicaments antimicrobiens à des fins non thérapeutiques.
Un rôle essentiel
La disponibilité de médicaments antimicrobiens dans le cadre de l’élevage d’animaux terrestres et aquatiques et de la production végétale est essentielle pour assurer leur santé et leur productivité. Actuellement, leur consommation mondiale est difficilement estimable. Ainsi, « jusqu'à présent, seuls 89 pays possèdent un système capable de collecter des données sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux de ferme » a souligné le Directeur général de la FAO, M. José Graziano da Silva, lors d'une réunion portant sur la résistance aux antimicrobiens le 30 mai dernier. Cependant, elle semble être encore forte et est en voie d’augmentation surtout en élevage (deux tiers de la hausse prévue sera due aux filières porcine et avicole) où ils sont utilisés, selon les systèmes d’élevage et les pays, à des fins thérapeutiques et non thérapeutiques (notamment pour promouvoir la croissance des animaux).
Une résistance aux antimicrobiens préoccupante
Or, l'utilisation accrue de médicaments antimicrobiens, a contribué à une hausse du nombre de micro organismes pathogènes résistants à ces traitements. Et ce phénomène a été exacerbé par l’utilisation inappropriée des antimicrobiens en élevage. Selon certaines études, toutes ces raisons font de la résistance une menace croissante qui pourrait entraîner près de 10 millions de décès chaque année et plus de 100 trillions de pertes au niveau de l'économie mondiale d'ici à 2050.
Une approche mondiale de lutte
Dans son discours, M. José Graziano da Silva a insisté sur le fait que le problème de la «résistance aux antimicrobiens ne sera pas résolu en quelques années. Cela nécessitera une attention et des conseils continus». Et il a souligné le rôle important joué par les gouvernements, mais aussi par la société civile et le secteur privé: « C'est uniquement en travaillant ensemble que la communauté internationale pourra relever les défis posés par la résistance aux antimicrobiens sur le développement durable ».
Le nouvel accord tripartite entre la FAO, l’OIE et l’OMS, qui a été conclu le 30 mai dernier, est ainsi l’une des mesures phare prise afin de lutter ensemble contre ce phénomène de résistance aux antibiotiques. Il est le fruit d’une collaboration fructueuse, déjà entérinée depuis quelques années, qui s’est matérialisée par des actions telle que l'aide fournie au gouvernement ghanéen le mois dernier, pour lancer une politique contre la résistance aux antimicrobiens et un plan d'action national
Renforcer les systèmes de surveillance et de suivi
Par ailleurs, le directeur a rappelé l’importance de renforcer les systèmes de surveillance et de suivi. Pour cela, le Plan d’action de la FAO contre la résistance aux antibiotiques, avait été mis en place en 2016 afin d’améliorer la sensibilisation du public à la résistance aux antimicrobiens ainsi qu'aux menaces qui y sont associées, de développer des capacités de surveillance et de suivi, de renforcer la gouvernance et de promouvoir de bonnes pratiques. Dans ce cadre, le Directeur de la FAO a insisté sur son soutien aux pays et les communautés rurales : «Cela est particulièrement important là où la législation et les systèmes de suivi et de surveillance réglementaires sont faibles ou inadéquats».
Enfin, notant que les antimicrobiens sont toujours utilisés comme promoteurs de croissance, en particulier dans les secteurs de l'élevage de bétail et de l'aquaculture,
il a indiqué que de telles pratiques «devraient être immédiatement interrompues » et que l'utilisation d'antimicrobiens comme biocides sur les cultures devait cesser, situation qui entraîne par ailleurs une plus grande résistance des champignons aux traitements.