Deux jours après le rejet par le Parlement britannique de l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, le Premier ministre Édouard Philippe a lancé le 17 janvier dernier, un « Plan lié à un Brexit sans accord ».
« L’hypothèse de sortie du Brexit sans accord est de moins en moins improbable » a déclaré le Premier ministre Édouard Philippe à l’issue d’une réunion avec les ministres concernés, le 17 janvier dernier. En effet, à moins de trois mois du Brexit (29 mars 2019), la Chambre des communes du Royaume-Uni vient de rejeter le projet d’accord de retrait de l’Union Européenne défendu par le gouvernement de Theresa May. Même si « la France souhaite éviter la sortie brutale du Royaume-Uni de l'Union européenne », face au risque qui se profile d’un « hard brexit » il est, selon le chef du Gouvernement, de « la responsabilité du Gouvernement (…) de penser à la préservation des intérêts de nos concitoyens ». C’est pourquoi, pour faire face à cette éventualité, il vient d’annoncer un « plan lié à un Brexit sans accord » qui « comporte des mesures législatives et des mesures juridiques qui visent à faire en sorte qu'il n'y ait pas d'interruption de droits et que les droits de nos concitoyens ou de nos entreprises soient effectivement protégés ».
Le secteur agroalimentaire en première ligne
Or, de nombreux secteurs dont la filière agroalimentaire sont concernés. Ainsi, en cas de non accord, la pêche et les industries de transformation des produits marins seraient particulièrement vulnérables car l’activité des pêcheurs du nord de la France dépend pour une bonne part de leur accès aux eaux britanniques. De même, les secteurs de l’élevage, notamment laitiers, pourraient être fortement impactés. En effet, selon l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) dans un communiqué de presse diffusé ce 17 janvier 2019, la France est le deuxième plus important fournisseur de produits agroalimentaires du Royaume-Uni. Les vins et spiritueux, les produits laitiers et les pommes font partie des productions les plus menacées car elles représentent des volumes très importants d’exportation. Ainsi, les opérateurs laitiers français ont expédié plus de 270 000 tonnes de produits laitiers l’an dernier, dont 89 000 tonnes de fromages. Si le Royaume-Uni devenait un pays tiers, cela impliquerait un retour des droits de douane, avec le risque d’inflation des produits importés dans un contexte économique défavorable pour le Royaume-Uni expliquent les représentants agricoles. Il faudrait également rétablir des contrôles sanitaires et phytosanitaires aux frontières, avec les problèmes d’organisation et de coût afférents (présence de vétérinaires sanitaires aux frontières notamment).
Vers un plan européen ?
C’est pourquoi, Claude Cochonneau, président de l’APCA, a exhorté les pouvoirs publics dans sa dernière déclaration, à « soutenir nos filières agricoles et agroalimentaires françaises, afin de préserver les échanges avec nos voisins britanniques ». Avec ce plan, le Premier ministre assure vouloir « défendre les intérêts » de tous les professionnels de l’agroalimentaire et il promet de « travailler activement avec la Commission européenne » en vue de « dispositions spécifiques » qui devraient être annoncées courant février. Dans le même temps, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation devrait solliciter ses partenaires européens et la Commission européenne.