![La France, médaille d’argent de la consommation d’antibiotiques](https://www.lepointveterinaire.fr/images/e82/440f905672201ee954cdb636dd8aa/site_vet3r_actu44830_photo.jpg)
Le premier rapport européen sur la consommation d’antibiotiques est trop incomplet pour être représentatif. Gare à la récupération par les lobbies…
L’Agence européenne du médicament (EMA) vient de publier le premier rapport de suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires* dans 9 pays d’Europe du Nord durant 5 ans (2005 à 2009). Premier pays d’élevage en Europe, toutes productions confondues, la France est logiquement sur la première marche du podium en termes de tonnages, avec un peu plus de 1 000 t d’antibiotiques consommés (substances actives), le double des Pays-Bas, à la deuxième place. Mais à 165 mg/kg, ces derniers devancent d’une courte tête l’Hexagone (141 mg/kg) en termes d’exposition ramenée en mg/kg de “biomasse”, c’est-à-dire en cumul des poids vifs des différentes productions animales.
Moins 50 % aux Pays-Bas, moins 25 % en France
Ces 2 pays devancent nettement les 7 autres, dont les consommations sont suivies depuis plusieurs années. Ce sont aussi les seuls à avoir fixé des objectifs chiffrés de réduction des antibiotiques : - 50 % en 3 ans pour les Pays-Bas (dont - 20 % dès l’année 2011), - 25 % en 5 ans pour la France, sur la période de 2012 à 2017. Dans les États fortement impliqués dans les productions animales, la consommation est plus importante, surtout en tétracyclines (environ la moitié du tonnage global en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni). Alors que dans les pays scandinaves, moins impliqués dans les productions animales (Finlande, Suède, Norvège), les ß-lactamines représentent plus de la moitié des tonnages toujours très faibles.
Un rapport incomplet trop marqué par les pays scandinaves
Ce rapport de l’Agence européenne du médicament n’est toutefois pas vraiment représentatif de la situation en Europe. Sur 9 pays, il inclut les 4 pays scandinaves où la consommation d’antibiotiques est la plus faible et où (coïncidence?) la distribution des médicaments est assurée par le pharmacien et non par le vétérinaire prescripteur. À l’inverse, les pays fortement consommateurs (Pays-Bas, France, Tchéquie, Suisse) sont ceux où les vétérinaires sont à la fois prescripteurs et dispensateurs. Néanmoins, il serait hasardeux de faire, sur la base de ce premier rapport incomplet, une corrélation entre la consommation d’antibiotiques et le circuit de distribution par le pharmacien ou le vétérinaire. Mais on ne pourra malheureusement pas non plus empêcher certains lobbies nationaux ou européens, proches des pharmaciens, de le récupérer à leur avantage.
Aucun des pays d’Europe du Sud (Espagne, Italie, Portugal, Grèce) n’a participé à ce premier
suivi. Et il est probable que certaines consommations d’antibiotiques en mg/kg dans ces États dépassent celles de la France ou des Pays-Bas, alors que les vétérinaires n’y délivrent pas à leurs clients les médicaments qu’ils prescrivent. D’autres grands pays d’élevages intensifs ou traditionnels sont absents, comme l’Allemagne et la Belgique, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, etc.
Éric Vandaële
Extrait de La Semaine Vétérinaire n° 1466 du 14 octobre 2011, page 26
* Rapport European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption (Esvac) disponible sur WK-Vet.fr