Les experts de la Fondation pour la recherche en biodiversité (FRB) viennent de publier un rapport d'analyse portant sur la Stratégie nationale biodiversité, prévue par la France à l’horizon 2030 (SNB3) pour répondre aux attentes de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes).
En 2019, l'Ipbes présentait ses conclusions sur l'état de la biodiversité dans le monde et appelait les États membres à "engager un changement transformateur, via des actions et des mesures leviers". Pour y répondre, la France prévoit de mettre en place des modes de vie plus durables par l'intégration des enjeux de biodiversité et de transition; ces mesures sont définies dans la troisième Stratégie nationale biodiversité à l’horizon 2030 (SNB3) qui doit paraitre dans les prochaines semaines. Dans ce contexte, la FRB a analysé le SNB3 et a identifié les points d’amélioration possibles.
Des mesures plus concrètesSelon les experts de la FRB, ce projet affiche une pertinence élevée dans ses objectifs et les domaines sur lesquels faire levier, à savoir les activités humaines et notamment l’agriculture, l’éducation, les activités industrielles (économiques), la finance, sont bien identifiés. Toutefois, l’évaluation conclut que le contenu des mesures nécessite d’être affiné, mieux documenté et explicité pour réussir à engager un véritable changement transformateur. "La stratégie mériterait d’exprimer un niveau d’ambition plus élevé et d’indiquer concrètement les nouvelles directions à prendre" note ainsi le rapport de la FRB.
Des ambitions à revoirD'ailleurs, "si l’adhésion volontaire à certaines mesures permet d’entrevoir l’engagement d'une grande diversité d'acteurs, cela semble aussi restreindre le spectre du pouvoir transformateur de la stratégie ou le retarder" ajoute-t-il. Enfin, selon les experts, la stratégie devrait davantage prendre en compte la dépendance systémique des humains vis-à-vis de la nature car, "à faire le choix d’une diminution des ambitions, ou d’une rédaction consensuelle, plutôt que d’identifier les « gagnants » et les « perdants » nécessitant d’être accompagnés, le succès de la stratégie risque d’achopper sur le statu quo, et de perdre en efficacité" ont-ils conclu.