La FVE et la Fecava effectuent une piqûre de rappel sur la PIF - Le Point Vétérinaire.fr

La FVE et la Fecava effectuent une piqûre de rappel sur la PIF

Anne-Claire Gagnon

| 13.02.2024 à 18:45:00 |
© SIBAS_minich-istock

Les fédérations de vétérinaires exhortent les législateurs à autoriser le recours au remdesivir ou au GS-441524, efficaces contre la PIF, pour les vétérinaires européens.

2024 sera-t-elle enfin l’année de l’autorisation d’utiliser la GS-441524 pour sauver les chats de la mort certaine à laquelle la PIF les conduit ? C’est clairement pour le permettre que la Federation of Veterinarians of Europe (FVE) avait organisé le 4 juillet 2023 un webinaire international, dont les actes, le replay et les recommandations sont en ligne depuis le 10 février. L’organisation avait convié universitaires, praticiens, ONG engagées comme FIP Warriors (que certains Etats condamnent) à faire le point sur cette affection dont l’agent viral a été isolé en 1961 par notre consoeur Jean Holzworth. Elle vient de publier un état des lieux, conjointement avec la Federation of European Companion Animal Veterinary Associations (Fecava). Mortelle jusqu’en 2018, la PIF bénéficie désormais de traitements efficaces, disponibles légalement uniquement au Royaume-Uni et en Australie grâce à Bova. Le prix de ces traitements, malgré les efforts de tous, reste élevé. L’ONG FIP Warriors indique dans sa prise de position avoir contribué à sauver plus de 100.000 chats dans le monde ; elle met en ligne, sous l’égide de la FVE, l’ensemble des données cliniques, diagnostiques et thérapeutiques pour la PIF, avec les protocoles.

« Des contraintes juridiques, mais pas de dilemmes éthiques »

Dans l’attente d’un vaccin efficace (dont il est question depuis plus de 20 ans, sans que la recherche sur le Covid n’ait permis des avancées pour les autres espèces), Marieke Knies, de l'université d'Utrecht et Ann Criels (secrétaire honoraire de la Fecava) recommandent une démarche diagnostique rigoureuse pour éviter des surdiagnostics. Elles insistent sur les protocoles fondés sur des preuves et des options de traitement légales plutôt que des protocoles empiriques et des médicaments illégaux.

Niels Pedersen, professeur à l’université de Davis (Californie), pionnier de la recherche et du traitement de la PIF, a déclaré : « Je pense que notre profession ne s'est pas distinguée sur cette question. La question n'est pas de savoir comment nous réagissons à la réalité de ce qui s'est passé, mais de savoir pourquoi ces grandes sociétés pharmaceutiques n'ont pas respecté leur engagement à l'égard d’"Une seule santé". Il ne fait aucun doute que nos compétences de vétérinaires nous permettent d'aider les propriétaires de chats à diagnostiquer et à traiter correctement la PIF, quelle que soit la manière dont les médicaments efficaces sont obtenus. Oui, il existe actuellement des contraintes juridiques, mais pas de dilemmes éthiques. » Niels Pedersen appelle la FVE et la FECAVA à faire pression sur les grandes entreprises pharmaceutiques humaines telles que Gilead, Merck et Pfizer et à respecter leurs engagements envers l'humain et l'animal.

Une inertie qui joue contre la santé féline

La directrice de l'Agence nationale française des médicaments vétérinaires (ANMV-Anses), Paule Carnat-Gautier, s’est déclarée en accord avec le professeur Pedersen, reconnaissant la nécessité d'un moyen légal de traiter les chats, avec la cascade d'utilisation de médicaments humains pour les animaux. En France, où les importations de GS-441524 depuis le Royaume-Uni sont interdites, le remdesivir est donc – théoriquement - légalement autorisé à être utilisé pour traiter les chats atteints de la PIF. Encore faut-il avoir accès à la réserve hospitalière. Et la nième déclaration depuis 2021 de Paule Carnat-Gautier sur une étude clinique lancée avec les écoles vétérinaires dont on ignore quand elle démarrera interroge sur l’absence de parangonnage avec l’expérience clinique et thérapeutique de nos confrères. Pourquoi vouloir re-démontrer ce qui est acquis ? 

Anne-Claire Gagnon

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