La rentrée 2024 des inspecteurs de santé publique vétérinaire s'est déroulée le 26 septembre dernier autour des enjeux sociétaux de préservation de la biodiversité. Ceux-ci s’avèrent directement reliés au concept « One Health » au sein duquel s’inscrivent les missions des inspecteurs.
La rentrée officielle 2024 de l’Ecole Nationale des Services Vétérinaires - France Vétérinaire International (ENSV-FVI) s’est tenue le 26 septembre dernier à Marcy-l’Etoile. Si cette journée se veut être un moment de partage et de création de liens entre les différentes générations des inspecteurs de santé publique vétérinaire (ISPV), c’est aussi l’occasion chaque année de mettre en lumière une thématique d’intérêt pour ce corps d’inspecteurs hauts fonctionnaires de l’Etat. Cette année, le thème retenu fut celui de la biodiversité, développé au travers de deux conférences organisées pour l’occasion.
Un phénomène d'amnésie environnementaleUne première intervention présentée par Mannaïg De Kersauzon, vétérinaire praticienne en équine, écologue et co-fondatrice de OCO Green - une plateforme de financement participatif dont l’objectif est d’accompagner et soutenir les agriculteurs qui souhaitent s’orienter vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement - a permis d’aborder les enjeux associés au déclin sans précédent de la biodiversité. Au-delà des constats scientifiques internationaux, l’intervention s’est plus particulièrement attachée à aborder les notions de limites planétaires, d’amnésie environnementale et de s’intéresser aux processus comportementaux à l’oeuvre dans la reconnaissance sociétale du changement climatique.
A titre d’exemple, au sujet de l’utilisation de la voiture, une grande partie de la population s’accorde à dire qu’il est nécessaire d’en limiter l’usage sans pour autant réussir à s’en passer individuellement. L’amnésie environnementale quant à elle, est un processus que l’on peut illustrer de la manière suivante : par exemple, il est courant pour les enfants d’aujourd’hui de ne voir que quelques hirondelles sur les fils électriques. Celles-ci étaient bien plus nombreuses par le passé mais seules les générations précédentes s’en étonnent. Les générations s’acclimatent à une dégradation de leur environnement et de la biodiversité ; ce phénomène psychologique contribue à limiter l’action.
Une interdépendances entre les santésAfin d’approfondir le sujet, une seconde conférence fut présentée par Céline Coudert, ISPV au sein de l’inspection générale de l’environnement et du développement durable sections « Milieux, ressources et risques » et « Transition énergétique et climat » au sein du ministère de l'écologie. L’objectif de cette intervention fut de montrer que les ISPV peuvent intervenir sur la préservation de la biodiversité par leurs prérogatives dans la mise en oeuvre et la rédaction de politiques publiques. Ainsi, Celine Coudert a évoqué la question des médicaments vétérinaires, que ce soit leur évaluation au sein de l’agence du médicament vétérinaire ou l’application de la réglementation en vigueur. Elle s’est appuyée sur un exemple emblématique d’interaction entre les activités humaines et la faune sauvage.
Selon une étude menée en Inde et au Népal (Prakash et al. 2012), les conséquences de l'utilisation à outrance d'un anti-inflammatoire dans les élevages bovins a eu de lourdes conséquences sur la population de vautours. Consommant les cadavres des ruminants contaminés par la molécule active, les vautours ont été intoxiqués et décimés. Leur rôle régulateur n'étant plus joué, il a été noté des contaminations de cours d'eau ainsi que l’afflux de chiens errant. Ce qui a conduit à une grande augmentation du nombre de cas de rage dans les populations alentours.
L’OMS estime qu’entre 18 000 et 20 000 personnes sont mortes des conséquences de la disparition des vautours en Inde. Depuis 2006, les populations de vautour commencent à se régénérer, date de l’interdiction de l’utilisation du diclofénac dans les élevages indiens. Une tragédie qui illustre bien l’interdépendance entre les santés humaine, animale et environnementale.
La matinée s’est terminée par la remise des certificats d’études approfondies vétérinaires (CEAV) en santé publique vétérinaire obtenus par la promotion précédente (promotion Franck Fourès 2023-2024). Ce moment de reconnaissance est également l’occasion de rencontrer la nouvelle promotion entrante à l’ENSV-FVI et de nouer des liens.