Oniris a constitué une banque de microbiote fécal et lance un recrutement de chiens atteints d’entéropathie chronique pour étudier l’impact de ce traitement novateur.
La transplantation de microbiote fécal est une pratique très ancienne qui consiste à prélever les selles d'un individu sain et à les transplanter à un malade pour ses vertus thérapeutiques. Elle est sur le devant de la scène médicale depuis la démonstration en 2013 de l’efficacité redoutable de cette pratique dans le traitement de l’infection par Clostridium difficile chez l’humain. Le taux de succès est de l'ordre de 90% dans cette indication. Par ailleurs, les avancées scientifiques montrent clairement que le microbiote intestinal est impliqué dans l’apparition et l’entretien des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) chez l'humain et le chien. Le microbiote est altéré (dysbiose) dans l’évolution de la maladie de Crohn et de la recto-colite hémorragique chez l’humain. Il l’est également lors d’entéropathie chronique chez le chien. Les chercheurs d’Oniris et de l’Institut de National de Recherche Agronomique (INRA) suspectent qu’une amélioration clinique peut être observée en restaurant l’équilibre du microbiote via une transplantation de microbiote fécal (TMF). Ce traitement innovant pourrait permettre d’améliorer le confort de vie des chiens malades et de leur propriétaire mais aussi de s’affranchir de traitements lourds comme la corticothérapie.
L’étude clinique menée à Oniris
C’est ainsi que les chercheurs ont tout d’abord constitué une banque de microbiote fécal pour générer un transplant « idéal ». Les donneurs ont été rigoureusement sélectionnés en écartant toute maladie susceptible d’être transmise et en écartant toutes les maladies possiblement associées à une dysbiose (obésité, atopie, etc.). Les selles ont été prélevées dans des conditions strictes et ont subi un processus de sélection, d’enrichissement et de conservation rigoureux permettant d’assurer la haute qualité du transplant. Cette étape cruciale a été réalisée en partenariat avec l’INRA. La phase de recrutement est actuellement ouverte à Oniris et consiste à inclure des chiens souffrant d’entéropathie chronique n’ayant pas répondu aux changements diététiques et au traitement à base de métronidazole. Une exploration endoscopique est indiquée à ce stade. Il est alors proposé aux propriétaires d’entrer dans l’étude*. Les chiens inclus recevront au cours de l’endoscopie une TMF à partir de la banque de microbiote ou un placebo. Le choix du traitement administré est bien entendu aléatoire et en aveugle. Un suivi clinique et biologique sanguin et fécal est nécessaire à 10, 30 et 90 jours pour les animaux inclus.
Les avantages de la transplantation de microbiote fécal
Cette étude offre l'opportunité de pouvoir s'affranchir de la corticothérapie et de ses nombreux effets secondaires. Par ailleurs, la TMF est un traitement naturel sans effet secondaire connu. Enfin, cette étude est financée par l’European College of Veterinary Internal Medicine-Companion Animal. Ainsi, les frais d’endoscopie, du traitement et du suivi clinique et biologique sont pris en charge par l’étude. Les frais de consultation initiale, d’anesthésie, d’analyse histologique et d’éventuels examens d’imagerie restent à la charge du propriétaire.
*La participation à l'étude est ouverte à tout propriétaire dont le chien adulte souffre de troubles digestifs chroniques (diarrhée, douleurs abdominales, etc.). L'exploration préliminaire devra avoir écarté de nombreuses causes (parasitose, insuffisance pancréatique exocrine, entéropathie exsudative, causes alimentaires, tumorales, ...) et une maladie inflammatoire chronique intestinale devra être suspectée. A ce stade, une exploration endoscopique sera indiquée afin de réaliser des biopsies étagées de l’ensemble des intestins. Pour toute question sur le protocole, un message peut être adressé à l'adresse medecine-ac@oniris-nantes.fr. L'inclusion dans l'étude s'effectue après la visite initiale. Le rendez-vous doit être pris auprès de l'accueil téléphonique (02 40 68 76 22) avec Juan Hernandez ou Amandine Drut (médecine interne).