Plus de 500 000 chiens y sont élevés à des fins de consommation alimentaire humaine. Une situation qui devrait prendre fin en 2027.
Le parlement sud-coréen a voté à une écrasante majorité l’interdiction de l’industrie de la viande de chien le 9 janvier 2024. Cette nouvelle mesure rend illégale à partir de 2027 l’élevage, la vente et l’abattage de chiens et la viande de chien destinés à la consommation humaine. La législation prévoit une peine allant jusqu'à deux ans d'emprisonnement ou une amende pouvant atteindre 20 millions de wons (environ 13 800 euros) pour l'élevage et la vente de chiens destinés à la consommation, et jusqu'à trois ans d'emprisonnement ou une amende pouvant aller jusqu'à 30 millions de wons (environ 20 700 euros) pour l'abattage de chiens. Toutefois, les clients qui consomment de la viande de chien ou des produits dérivés ne seront pas soumis à des sanctions. Le projet de loi est maintenant soumis au président Yoon Suk Yeol pour approbation finale.
Plus de 1000 élevages de chiens recensésEn février 2023, il existait 1156 élevages de chiens en activité à des fins alimentaires en Corée du Sud et 34 abattoirs selon le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales. En 2022, la chaîne nationale sud-coréenne KBS a rapporté que plus d’un demi-million de chiens étaient élevés pour l’alimentation à travers le pays et que 1600 restaurants vendaient de la viande de chien. Les propriétaires de fermes, les restaurants de viande canine et les autres acteurs de ce commerce disposeront d'un délai de trois ans pour fermer ou modifier leur entreprise. Ils pourront demander une indemnisation et, après examen, un soutien gouvernemental sera offert pour faciliter la transition, à l'instar du programme Models for Change géré par l’association de protection animale Humane Society International (HSI). La HSI Korea, qui œuvre sur le terrain depuis 2015 avec des associations coréennes, a permis avec ce programme le sauvetage de plus de 2500 chiens et la fermeture de 18 fermes. Pour cela, elle a établi un contrat juridiquement contraignant avec chaque agriculteur pour fermer définitivement chaque exploitation et faire évoluer l'éleveur de viande de chien vers un modèle commercial plus rentable et plus « humain », comme la culture d'herbes médicinales, de piments, de persil ou de myrtilles. Suite à l’annonce de cette nouvelle législation, la HSI exhorte le gouvernement à profiter de la période de suppression progressive de trois ans pour travailler avec des associations de protection animale, afin de sauver autant de chiens que possible dans le cadre d'un effort coordonné et parrainé par l'État.
Le chien comme animal de compagnieSelon la HSI, cette interdiction est le résultat d’un élan public et politique considérable. Avec plus de six millions de chiens de compagnie vivant désormais dans les foyers coréens, la demande de viande de chien est à son plus bas niveau. Le nombre de Sud-Coréens mangeant de la viande de chien a diminué de façon spectaculaire à mesure que la possession d'animaux de compagnie est devenue plus courante. Les consommateurs de viande de chien sont désormais plus âgés, tandis que les Sud-Coréens plus jeunes et plus urbains ont tendance à se détourner de cette pratique, reflétant des tendances similaires dans d'autres régions d'Asie. Entre 2005 et 2014, le nombre de restaurants servant du chien dans la capitale Séoul a chuté de 40% en raison de la baisse de la demande, selon les statistiques officielles. Un sondage d’opinion Nielsen Korea réalisé en septembre 2023 par HSI a montré que 86% des Sud-Coréens ne mangeraient à l’avenir plus de viande de chien et 57% soutenaient une interdiction. Lee Sang-kyung, directeur de campagne pour l'interdiction de la viande de chien chez HSI Korea avait commenté les résultats du sondage ainsi : « notre perception de la consommation de viande de chien et des animaux en général a changé au cours des dernières décennies… Alors que les politiciens de tous les partis manifestent leur soutien à l'interdiction de l'industrie de la viande de chien, notre enquête montre clairement qu'ils ont le soutien du peuple coréen, la grande majorité des Coréens qui ne mange pas de viande de chien. La cruauté de l'industrie de la viande canine est la principale raison invoquée pour soutenir une interdiction, les conditions insalubres étant le deuxième facteur de motivation le plus important ».
La profession vétérinaire salue cette décisionL’Association mondiale des vétérinaires pour petits animaux (WSAVA) a salué la décision de la Corée du Sud d'interdire le commerce de la viande de chien. La WSAVA, tout en étant sensible aux différences culturelles, décourage fortement la consommation de viande de chien et de chat. Elle le fait à la fois dans une perspective de bien-être animal, car ce commerce se déroule généralement de manière inhumaine et dangereuse, mais également en raison des preuves du risque qu'il pose pour la santé humaine. Cela inclut de perpétuer la transmission de maladies, telles que la rage et le choléra, et compromettre les programmes de vaccination des chiens. Ellen van Nierop, présidente de la WSAVA, a déclaré : « En tant qu'association axée sur la garantie de la santé et du bien-être des animaux de compagnie et sur la mise en valeur des avantages de leur lien avec les humains, nous sommes ravis que la Corée du Sud ait rejoint une liste croissante de pays qui interdisent le commerce de la viande de chien. Nous félicitons tous ceux qui ont fait campagne pour l’introduction d’une interdiction.»
La Corée du Sud rejoint désormais une liste grandissante de pays et territoires d'Asie qui ont interdit le commerce de la viande de chien (avec divers degrés d'application), notamment Hong Kong, Taiwan, les Philippines, l'Inde, la Thaïlande et Singapour, ainsi que les villes de Shenzhen. et Zhuhai en Chine continentale, la province de Siem Reap au Cambodge et 45 villes, régences et provinces d'Indonésie.