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Lait contaminé chez Lactalis: la réponse des autorités mise en cause

Clothilde Barde | 10.01.2018 à 14:17:02 |
lait infantile
© Magone - iStock

L'affaire du lait infantile de Lactalis suspecté contaminé aux salmonelles a pris une nouvelle tournure mercredi dernier. Le Canard Enchaîné a dénoncé la lenteur de la réaction des autorités (Inspecteurs vétérinaires de la Direction départementale en charge de la protection des populations de la Mayenne (DDecPP)) après la découverte de bactéries lors d’auto inspections dans l'usine en août et en novembre 2017 ainsi que des manquements supposés dans les procédures mises en place lors d'une visite de contrôle de la DDecPP en septembre dernier. Le point sur les procédures réglementaires obligatoires.

Suite au signalement le 2 décembre dernier d'un nombre inhabituel de souches de Salmonella Agona, identifiées par le Centre national de référence des salmonelles (CNR), chez des jeunes enfants âgées de moins de 6 mois, les investigations ont permis d'identifier et de confirmer le lien de ces cas avec la consommation de produits de nutrition infantile fabriqués en 2017 par une usine du groupe LNS Lactalis (site de Craon situé en Mayenne). Au vu des investigations épidémiologiques et des éléments recueillis au sein de l'entreprise par la DDecPP de la Mayenne, un premier retrait et un rappel de l'ensemble des laits de 3 références (Pepti Junior de Picot, Milumel Bio et Taranis) commercialisés entre juillet et décembre 2017 a été réalisé dès le 2 décembre au soir.
Les investigations menées sur site de l’usine de Craon par la DDecPP les 7 et 8 décembre ainsi que l'identification de nouveaux cas de salmonellose chez des enfants ont ensuite conduit le ministre de l'Économie à ordonner le 10 décembre le retrait et le rappel de 600 lots de laits fabriqués depuis le 17 février 2017 dans l’une des tours de séchage de l’usine. Dans le même temps, le Préfet de la Mayenne ordonnait la fermeture du site de fabrication des poudres de lait de Craon: «malgré la conformité de toutes nos analyses réalisées sur les produits finis entre le 1er janvier et le 1er décembre 2017, les activités du site de Craon ont été arrêtées pour effectuer un « audit drastique et complet » le 8/12/17 » indiquait l’industriel dans un communiqué le 3 janvier dernier. La réouverture de l'usine est conditionnée à la mise en œuvre d'un plan d'actions correctives suivi et contrôlé par la DDecPP de la Mayenne.
Les premiers résultats des investigations renforcées conduites par la DDcPP 53 et le professionnel ont été annoncé le 21 décembre 2017: ils ont mis en évidence une «contamination dispersée suite à des travaux réalisés courant du 1er semestre 2017 dans l’usine de Craon» indique Lactalis dans son communiqué du 21/12/17. Suite à ces données, l’industriel, en accord avec les autorités compétentes, a décidé de procéder à un nouveau rappel incluant l'ensemble des produits infantiles et nutritionnels fabriqués ou conditionnés dans l'usine de Craon depuis le 15 février 2017.

Des déclarations contradictoires…
Contacté par nos soins, le service de presse de la chef de service Alimentation du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, Laurence Delva, nous a rappelé les procédures réglementaires obligatoires de contrôle que les inspecteurs de la DDcPP et les industriels doivent réaliser dans les établissements agroalimentaires certifiés (arrêté ministériel du 8 juin 2006). Le service d’inspection vétérinaire de la DDcPP est chargé de délivrer des agréments aux établissements agroalimentaires demandeurs suivant le respect d’un ensemble de conditions. «Afin de conserver leurs agréments, des inspections régulières (dont la fréquence dépend notamment d’une analyse statistique reposant notamment sur la sensibilité microbiologique du produit fini concerné ainsi que sur le volume de production de l’entreprise) sont réalisées par les inspecteurs de la DDcPP».
Cependant, «pour les entreprises d’une certaine taille comportant plusieurs ateliers, les inspections peuvent porter sur une activité en particulier ». Par ailleurs, «des autocontrôles réguliers réalisés par le professionnel sont aussi obligatoires et le professionnel n’est tenu d’informer les autorités compétentes de la présence de résultats anormaux seulement s’ils concernent un produit fini commercialisé».
Dans cette affaire, une inspection par les services de la DDcPP de la Mayenne avait été menée au cours du mois de septembre dernier. Cependant «cette dernière n’a porté que sur un nouvel atelier de l’usine Lactalis : l’atelier de mélange de céréales à sec et non les ateliers concernés par le retrait de lots» (atelier poudres et céréales infantiles et atelier mélange d’acides aminés en poudre destinés au traitement de pathologies) selon les déclarations du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Par ailleurs, le ministère ajoute que : «les autocontrôles réalisés par Lactalis en août et en novembre derniers ont permis de détecter la présence anormale de salmonelles sur des produits finis non commercialisés: produits d’entretien et carrelage, ce qui, conformément à la réglementation en vigueur, ne doit pas conduire à une obligation de signalement aux autorités compétentes».
A ce sujet, dans son communiqué du 3/01/18, l’usine Lactalis confirme la détection de salmonelles lors d’autocontrôles dans son usine de Craon «les deux seules analyses positives (août 2017 et novembre 2017) ont été révélées uniquement dans l’environnement et non dans les produits» mais l’entreprise rétorque que, contrairement aux informations données par le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation, «Toutes ces analyses ont été transmises aux autorités compétentes dès le début» et que «L’ensemble de ces éléments a été communiqué en toute transparence aux autorités».
La DDcPP de la Mayenne contactée par nos soins pour réagir à ce communiqué n’a pas souhaité répondre à notre demande au vu de la sensibilité de l’enquête.

Affaire à suivre… (lIre la suite dans le prochain numéro de la Semaine vétérinaire du 19/01/18)

 

Clothilde Barde
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