Le Caire : le syndicat des vétérinaires pourrait être à l’origine de la première loi de protection des animaux - Le Point Vétérinaire.fr

Le Caire : le syndicat des vétérinaires pourrait être à l’origine de la première loi de protection des animaux

Bénédicte Iturria | 22.12.2017 à 12:03:22 |
Chien en Egypte
© lightyear105 - iStock

Le syndicat des vétérinaires égyptiens a annoncé par voie de presse début novembre dernier, la rédaction d’un texte réunissant un ensemble de dispositions relatives au bien-être animal. Ils espèrent que ce texte, qui sera soumis au Parlement égyptien d’ici juillet 2018, devienne la première loi de protection des animaux élaborée dans le pays.

En 2015, des reportages et des vidéos ont révélé le martyre d’un chien Max, attaqué et tué à coup de couteaux par un groupe d’individus. Sous la pression des internautes et des groupes de défense des droits des animaux, les délinquants ont été jugés et condamnés à trois ans d'emprisonnement. L'incident a mis en lumière l'absence de loi réglementant les droits des animaux en Égypte qui permettrait de prévenir ce type de comportement.

Dans la constitution égyptienne, il est fait une seule fois mention des animaux dans l’article 45 introduit en 2014, qui stipule que l'État s'engage à « protéger les plantes, le bétail et la pêche ; à protéger les espèces menacées ; et à prévenir la cruauté envers les animaux ». De plus, le code pénal ne contient que 3 articles sur la maltraitance animale qui ne s’appliquent pas à tous les cas, notamment aux animaux errants. 

Le docteur vétérinaire Tarik Misk, membre du conseil d’administration du syndicat et président de l’organisation Animal Rights Committee a révélé au média Al-Monitor les grandes lignes de ce projet : la future loi inclura des peines pour ceux qui commettent des crimes contre les animaux. Elle comprendra aussi des articles interdisant de tuer les animaux errants, sauf en cas de légitime défense (et seulement) à la condition que l'animal ne soit pas abattu par balles ou empoisonné. Elle fixera également les conditions permettant de transporter les animaux avec humanité et les dispositions réglementant l'exploitation des animaux en fonction de leur état de santé. Le projet détaillera aussi l'utilisation des animaux pour la recherche et les conditions de mise à mort dans les abattoirs. L’adoption d’un animal sera soumise à l’obtention d’un permis dans lequel sera spécifié le but de son acquisition. Tout abandon pour quelque raison que ce soit doit se faire dans un refuge pour animaux. 

Le syndicat est actuellement en contact avec les parlementaires qui siègent au comité de l'agriculture, de l'irrigation, de la sécurité alimentaire et de l'élevage dans l'espoir que l'un d'eux adoptera ces dispositions et parrainera ce projet de loi.

Cependant des contestations s’élèvent notamment au sein de ce comité. Tawheed Tamer, l’un de ses membres, interrogé par Al-monitor a ainsi déclaré : « l’Égypte a de nombreux problèmes aux côtés desquels les droits des animaux semblent sans importance. Il s’agit de beaucoup de bruit pour rien ». Pour notre confrère Misk, au contraire « le projet de loi n'est pas un luxe comme certains le prétendent. La réputation de l'Égypte concernant la maltraitance des animaux a causé de graves pertes économiques. Des pays ont suspendu l'exportation de bétail vers l'Égypte en raison de manipulations cruelles et brutales. L'Australie a ainsi pris cette décision en mai 2013. »

Le projet de loi désigne l'Organisation Générale des Services Vétérinaires (GOVS) comme la seule autorité responsable des animaux en Égypte. Le syndicat demande la séparation du GOVS du ministère de l’agriculture, afin qu'il puisse devenir un organisme autonome jouissant de plus de privilèges dans le domaine de l'élevage.

Pour Amina Abaza, directrice de la Société égyptienne pour la protection des droits des animaux (SPARE), l’initiative de nos confrères est attendue depuis longtemps, car l'Égypte souffre de l'absence d'une culture des droits des animaux : « Avoir le premier projet de loi sur les droits des animaux publié par le syndicat des vétérinaires est une source de fierté, d'autant plus que les facultés de médecine vétérinaire ( l'université du Caire et celle de Zagazig) font parties des lieux accusés de maltraitance animale en Égypte. SPARE et tous les militants des droits des animaux en Égypte sont prêts à se tenir aux côtés du syndicat des vétérinaires, que ce soit en rédigeant la loi ou en faisant pression sur le Parlement pour discuter de la proposition. »

Bénédicte Iturria
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