Anthony Leclaire (N05), passionné de chant, est l’auteur d’une fable musicale où se côtoient deux générations de praticiens, en proie aux incompréhensions face à leur vision opposée du métier. Une façon cathartique et divertissante de pointer du doigt les difficultés de la profession et de dépasser les clivages.
Théo et Jean-Louis est un conte musical écrit par notre confrère Anthony Leclaire (N05), sur les musiques de SOS d’un Terrien en détresse, Soulman et L’envie. A l’origine présenté lors de la 6e soirée de la troupe des Vétérinaires Artistes (le 30 novembre à Marseille à la veille de l’ouverture du congrès de l’Afvac), Anthony Leclaire a tourné une vidéo sur You Tube pour rendre accessible à tous cette belle et drôle analyse aux vertus thérapeutiques pour la fracture entre les générations. Une performance qui a déjà touché 8500 internautes depuis sa mise en ligne.
Comment est né ce conte ?
Anthony Leclaire : Quand Laurent Jessenne et Timothée Audouin, qui organisent chaque année le spectacle des vétérinaires artistes en marge de l’Afvac, m’ont demandé de faire un set, j’ai choisi de faire des parodies de chansons, puisque finalement c’est en partie pour ça que les gens me connaissaient sur les groupes Facebook comme Soyons Plus Que Vétérinaire et ASV (SPGVA). La contrainte de temps (un quart d’heure) faisait que je devais faire 3 chansons, donc j’ai décidé de faire une histoire de vétos en 3 actes, qui parlaient d’une problématique importante de la profession, que j’avais pu observer dans mon boulot et sur les réseaux : l’incompréhension intergénérationnelle. C’est quelque chose qui revient énormément dans les débats, les vétos seniors se plaignent que les jeunes ne veulent plus bosser, les vétos juniors déplorent que les anciens ne prennent pas en compte leur besoin d’accompagnement et l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle… Et personne ne comprend le point de vue de l’autre.
La première chanson qui m’est venue à l’esprit n’est d’ailleurs pas dans le conte : c’est « Le temps ne fait rien à l’affaire » de Georges Brassens, qui a inspiré le thème : les jeunes prennent « les papas pour des cons », les vieux prennent « les petits bleus pour des cons ».
J’ai donc écrit les chansons dans l’ordre chronologique : d’abord le point de vue d’un ancien, puis le point de vue d’un nouveau, et enfin celui « d’un qui balance entre deux âges », c’est-à-dire moi-même. Et pour lier le tout, j’ai créé l’histoire de Théo et Jean-Louis, un peu sur le modèle des histoires pour enfants que je racontais en vidéo sur SPQVA pendant le confinement.
Pourquoi les deux héros sont-ils des hommes ?
En début d’écriture, j’avais imaginé cette histoire entre un confrère âgé et une jeune consœur, je trouvais ça plus représentatif. J’avais écrit la première chanson de manière non genrée, elle peut à la fois parler d’un ou d’une véto.te. Mais en écrivant la deuxième chanson, je me suis heurté à une phrase de la version originale du morceau Soulman : « Chuis pas un superman », que je ne voulais pas changer parce qu’elle exprimait vraiment ce que je voulais faire dire à mon personnage. Et je n’ai pas réussi à féminiser de manière esthétique cette phrase. Je l’ai mise de côté pour écrire la troisième chanson, et là je voulais absolument écrire « c’est pas du temps perdu, c’est du temps investi », qui rimait avec « lui », et pas avec « elle ». Donc comme j’étais appelé à jouer les 2 personnages, je me suis résolu à écrire sur deux gars plutôt qu’un gars / une fille, et j’ai imaginé l’histoire de Théo et Jean-Louis.
D’ailleurs, les prénoms n’ont pas été choisis au hasard : il fallait qu’on connaisse l’âge approximatif des personnages rien qu’à leur prénom (il y a peu de Théo de plus de 30 ans et peu de Jean-Louis de moins de 55-60 ans). Il était aussi nécessaire que ce ne soient pas des prénoms de personnes que je connaissais, pour ne vexer personne. Et puis Jean-Louis, ça rime avec « L’envie » !
Quelles générations ont-été les plus touchées par votre message ? Quelles ont été les principales réactions ?
Je ne m’attendais pas à un tel engouement. J’ai reçu beaucoup de messages de la part de consœurs et confrères de tous âges, qui m’ont remercié et m’ont dit avoir été touché.e.s par ce conte. C’est d’ailleurs étonnant comme en fonction de l’âge et du vécu, tout le monde ne l’a pas analysé de la même manière. Des vétos plus âgé.e.s m’ont dit que j’avais brossé un tableau très juste et sans concession de la nouvelle génération, tandis que des jeunes m’ont dit que ça ferait du bien aux ancien.ne.s d’entendre ça. Apparemment, c’est un message qui a résonné chez toutes les générations, et beaucoup m’ont dit avoir été ému.e.s aux larmes, que ce soit durant le spectacle ou au visionnage de la vidéo. Je reçois ça comme une récompense incroyable !
Avez-vous des projets musicaux vétos ou au-delà ?
Vétos, non, mais des projets musicaux, oui. Depuis le confinement, je poste régulièrement des projets musicaux sur Facebook et Youtube (ma chaîne youtube c’est Hypertonyk) : soit des reprises de chansons à plusieurs voix, soit des parodies de chansons, souvent engagées et militantes, sur des sujets d’actualité.
Vous avez une voix magnifique : depuis quand chantez-vous ? Est-ce une discipline, une grâce, un don ?
Merci beaucoup, cela me touche. Je ne sais pas si c’est un don, mais en tout cas, je ne le prends pas comme une discipline. Je n’ai jamais pris de cours de chant, je ne travaille pas spécialement ma voix… Mais en fait, je chante tout le temps, par plaisir, sous la douche, en voiture… D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté. Et puis j’ai joué dans 6 comédies musicales, je suis chanteur de bal depuis 20 ans (ça a d’ailleurs financé en partie mes études). La musique prend une grande place dans ma vie, le chant c’est à la fois ma récréation et ma soupape.
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