Durant deux journées, les adhérents d’Ergone se sont retrouvés pour leur forum annuel. Un temps pour se retrouver, échanger, et se confronter aux regards d’intervenants extérieurs à la profession.
Les 10 et 11 octobre 2024, les adhérents d’Ergone se sont donnés rendez-vous au Musée des Confluence de Lyon pour leur traditionnel forum. Le 15e a souligné la présidente Céline Porret Condamin, en ouverture de la rencontre annuelle, louant à la fois la fidélité de ceux qui étaient déjà là il y a quinze ans et le sang neuf apporté par les nouveaux venus. Pour débuter les échanges, placés cette année sous le signe de la frugalité, les organisateurs avaient choisi de faire partager à leurs hôtes, la vision de marc Halevy, physicien, mais aussi philosophe, spécialiste de l’histoire des religions.
Moins mais mieux
Une entrée en matière résumée en une injonction : moins mais mieux, un défi général et incontournable. Et le philosophe n’y est pas allé par quatre chemins. « Nous vivons une période de gros bordel ». Entre sourire et inquiétude, les participants ont été très attentifs aux explications de cette conjoncture. Et la première a rassuré. « Tous les 150 ans, nous vivons un changement de paradigme » assure Marc Halévy. Rien d’étonnant donc si depuis quelques années chacun cherche sa voie, son envie, sa motivation et autre parfois, puisque nous sommes précisément dans un moment où le paradigme naissant en pleine croissance croise l’ancien en passe de disparaitre. « C’est la période chaotique », dit le philosophe. Inutile de résister, mieux vaut, selon lui accueillir les changements qui passeront par une série de ruptures. La première sera écologique puisque les ressources de la planète diminuent alors que leurs consommateurs sont toujours plus nombreux. Pour celui qui a notamment travailler avec Ilya Prigogine, Nobel 1977, cela obligera à passer d’une logique d’abondance à une logique de pénurie. « Le mot clé sera la frugalité, c’est-à-dire consommer juste ce qu’il faut pour l’indispensable et éliminer le superflu », implore-t-il. La deuxième aura trait aux technologies avec le passage des technologies mécaniques aux technologies numériques. De quoi probablement libérer l’être humain de tâches rébarbatives pour qu’il puisse se concentrer sur celles ou « il excelle » veut croire Marc Halévy. Dans la liste qu’il dresse vient ensuite une révolution organique avec la fin d’une société hiérarchique. « Il faut travailler en réseau, on est beaucoup plus forts et c’est ce que vous faites avec Ergone », assure-t-il. Et il est peu probable que la rupture économique ne s’invite pas dans cette nouvelle donne. Là « il faudra choisir entre augmenter la qualité et donc le prix ou l’inverse, car nous entrons dans une économie de la valeur où il faudra développer la virtuosité et faire son métier de mieux en mieux », dit Marc Halévy. Reste enfin, la rupture qu’il qualifie d’éthologique, autrement dit celle du sens que chacun entend donner à sa vie personnelle comme professionnelle. L’avenir étant posé, il reste à l’affronter. Pour cela, il estime que nous avons encore environ cinq ans de « transition et de zone chaotique » avant l’avènement du nouveau paradigme qu’il situe aux alentours de 2030.
En marge des travaux du forum organisés sous forme de plusieurs ateliers, les « ergoniens » ont clôturer leur première journée avec la remise du prix de thèse Michel Meunier. Cette année, c’est Angéline Kirschten qui a eu cet honneur avec son travail sur la résilience au service de la performance en médecine vétérinaire.